Quelle Ford choisir ?

La naissance d’un empire automobile

La marque à l’ovale est dans ses premières années de vie l’œuvre d’un homme, Henri Ford. Henri Ford nait dans le Michigan à Dearborn en 1863. Il est l’aîné d’une famille de six enfants et fréquentera l’école jusqu’à l’âge de ses quinze ans. Les études ne lui plaisent guère, tout comme le travail dans la ferme paternelle. Sa passion, c’est la mécanique. Les montres tout d’abord, qu’il démonte, remonte, répare. Puis ce sera au tour des machines à vapeur de l’intéresser. En 1888, il fonde une famille en se mariant à Clara Bryant qui lui donnera un enfant, Edsel Ford né en 1893. C’est à cette époque qu’Henri Ford employé chez Edison Illuminating Company, construit un moteur rudimentaire à combustion interne, trois ans plus tard il construit un quadricycle expérimental.

En 1899, Henri Ford devient ingénieur en chef de la toute jeune Detroit Automobile Company fondée par le maire de Detroit (William C. Mayburi) et l’homme le plus riche de la région William H. Murphy. Henry Ford qui reçoit quelques titres de la société va fabriquer quelques automobiles (une vingtaine tout au plus). Le succès n'étant pas au rendez-vous et face aux problèmes rencontrés, les associés préfèrent se séparer. Plus tard, les deux associés d'Henry Ford se rapprocheront d'Henri Martyn Leland (pour reprendre les installations de la Detroit Automobile Company et fonder Cadillac. Malgré les embûches, déjà Henry Ford songe à rendre l’auto populaire et se heurte au scepticisme de ses partenaires qui pensent que l’automobile n'est qu’un jouet pour grands enfants. Ils n’ont pas forcément tort, car à cette époque la voiture "sans chevaux" est réservée à une élite capable de débourser une très forte somme pour obtenir le droit d’en posséder une. Elle est synonyme de luxe.

Resté seul, Henry Ford continue ses recherches sur un moteur quatre cylindres, il se met à construire des voitures de compétition. L’une équipée d’un moteur deux cylindres va lui permettre de se faire connaître en remportant une compétition à Grosse Pointe le 10 octobre 1901 sur la piste ovale du Detroit Driving Club. Il va y battre le favori Alexander Winton (constructeur lui aussi) tombé en panne lors de la dernière course de la journée. Mais sa passion pour le pilotage sera de courte durée (Henry Ford déclara après la course qu’il était mort de peur et qu’il ne ferait jamais plus cela), celle de a construction d’automobiles de course va continuer avec la production de deux bolides. L’un appelé 999 (du nom d’une locomotive qui a battu des records de vitesse entre New York et Chicago) et l’autre Arrow. Équipés d’un moteur quatre cylindres de 16 806 cm3 de 72 ch, ces bolides vont être confiés à Barney Osfield (ancien coureur cycliste) qui va remporter plusieurs victoires avec eux.

Désormais, le nom de Ford est connu et le constructeur va fonder le 16 juin 1903  la Ford Motor Company. Pour cela, il s'associe avec le banquier John S. Gray (premier président de la compagnie) et le marchand de charbon Alexander Malcomson.  L’entreprise veut et va produire des voitures en grande série. Les premières autos sont des modèles à moteur bicylindre (A, C et F). Pour Ford qui a toujours la même idée en tête, il faut créer des voitures populaires et bon marché. L’un des actionnaires (Malcomson) de la compagnie ne l’entend pas de cette oreille et veut des voitures plus luxueuses dans la gamme comme la K à moteur six cylindres en 1906 qui va se vendre très mal. Henri Ford comprend que s’il veut être le maître à bord et  diriger l’entreprise il doit être majoritaire ! Il profite du départ d’Alexander Malcomson pour prendre 58,5 % des actions de la société (son fils Edsel rachètera les 41,5 % restant en 1919) et remplacer au poste de président John S. Gray qui vient de mourir. L’histoire est en marche et Henri Ford est bien décidé à prouver que ses idées sont les bonnes et qu'il convient de produire des voitures bon marché pour le plus grand nombre. Déjà, il exporte sa première automobile (la Model N de 1906) en Angleterre (600 voitures par an), en France, en Espagne, en Autriche… viendront ensuite la R et S, des dérivés plus haut de gamme. Mais le meilleur est à venir.

Le 1er octobre 1908, la Ford Model  T (appelée également Ford T,  Tin Lizzie) est dévoilée. Henri Ford propose aux Américains et bientôt au monde entier, une auto simple à utiliser, légère et robuste (elle utilise de l’acier au vanadium peu répandu à l’époque), facile à conduire (attention, accélérateur à gauche, passage des vitesses au pied droit, frein au centre) , capable de rouler sous tous les climats dans n’importe quelles conditions. Elle est de plus, fabriquée en grande série pour être proposée à un prix attractif…

Un seul modèle, mais plusieurs carrosseries, plusieurs coloris également, les Ford T ne furent pas toutes, noires. Cependant, entre 1914 et 1925, ce fut la couleur dominante). La voiture va connaître une longévité exceptionnelle. Dix-neuf années pendant lesquelles cette voiture "universelle" sera produite à plus de 16 millions d’exemplaires... Pourtant, après d’âpres discussions avec son père, Edsel Ford (devenu président de Ford Motor Company en 1919) réussit à lui faire admettre qu’il était temps de changer et la nouvelle Ford Model A peut prendre son envol (lancement le 2 décembre 1927). En deux et quatre portes, cette auto va permettre à Ford pendant quatre ans de battre de nouveaux records de production, de concurrencer Chevrolet... En 1932, Ford propose un moteur V8 sur le modèle 40 et prouve ainsi qu'il est entré définitivement dans l’ère de l'automobile moderne.

Le 7 avril 1947, Henry Ford meurt, victime d’une hémorragie cérébrale. Homme brillant capable du meilleur comme du pire, il a créé une entreprise de taille mondiale qui va lui survivre. Il a également - à une époque où l’industrie automobile était encore balbutiante- décidé de produire en masse de manière à proposer des autos à un tarif abordable pour le plus grand nombre. Il a aussi amélioré les méthodes de production, pour construire mieux et plus vite tout en diminuant les coûts de revient de chaque automobile. Il va standardiser  le plus possible les pièces mécaniques de ses autos. Il va mettre en avant le marketing et la publicité pour vendre et va créer un vaste réseau de distribution, seul moyen d’aller au-devant du client où qu’il se trouve. Chez nous, André Citroën s’en est inspiré, au point de vouloir devenir un “Henry Ford européen“…