Muller, pressé par le temps
La journée de lundi ayant été annulée pour cause de météo pas très favorable à l'activité du sport automobile en voiture ouverte, c'est mardi que Yvan Muller s'est glissé dans le baquet de la LC70E pour redécouvrir des sensations oubliées. Mais, obligé de s'éclipser à midi pétantes, l'alsacien n'a pas vraiment eu le temps de s'acclimater.
La piste particulièrement humide et froide a obligé Yvan à garder les pneus intermédiaires et être extrêmement prudent sur une bonne portion du circuit. Sachant en plus que le circuit était dans sa configuration Le Mans, à savoir avec la ligne droite du Mistral ouverte, l'arrivée dans la courbes de Signes à plus de 270 km/h devenait un challenge extrêmement difficile. Du coup, la panne de transpondeur tombait à point nommé et jetait un voile pudique sur des performances chronométriques qui resteront mystérieuses jusqu'en fin de journée. Visiblement, personne ne souhaitait divulguer les chronos et Hugues de Chaunac préférait insister sur le fait que Yvan Muller roulerait à nouveau jeudi.
Interrogé, le boss d'Oreca ne cache pas que l'objectif est de monter un équipage médiatique pour les 24h du Mans. D'autres personnes du team m'ont expliqué que le choix du boss n'était pas de privilégier les pilotes payants mais bien les pilotes médiatiques capable de générer de l'intérêt donc du sponsor ! Choix risqué mais éminemment louable en ces temps de disette pécuniaire !
Pour l'instant, Muller et le proto sont dans une phase de découverte mutuelle et il ne faut pas tirer de conclusion de cette journée. Toutefois, le bruit court que Yvan Muller ne serait pas plus que ça intéressé par l'idée de disputer les 24h du Mans. En tout cas, l'attitude de l'alsacien a contrasté sérieusement avec celle de son homologue du jour, norvégien de naissance mais diablement chaleureux au quotidien, j'ai nommé le champion du monde des rallyes 2003 Petter Solberg.
Solberg, profession: pilote et heureux
À pied suite à la défection de Subaru, Petter Solberg vient de monter un team de rallye après s'être porté acquéreur d'une antique Citroën Xsara. Engagé en Norvège, l'enthousiaste norvégien espère tout de même bien figurer même s'il semble être le seul à en être convaincu.
Mais ses préoccupations du jour étaient tout autre. Lors de la remise des prix de la FIA à Monaco, Petter Solberg et Hugues de Chaunac ont fait connaissance. Séduit par la curiosité et l'enthousiasme du pilote, De Chaunac l'invitait à tester sa LMP1.
Solberg n'a jamais piloté sur circuit. Il avait donc à découvrir aujourd'hui, le circuit, le team, la voiture, le pilotage d'une barquette de 650 ch et 900 kg à l'aéro sans commune mesure avec celle d'une WRC et le résultat est stupéfiant à bien des égards.
Premier constat. Solberg est enthousiaste et enthousiasmant. Son attitude a enchanté tout d'abord le team (De Chaunac a même lâché un "si tous les pilotes étaient comma ça" plutôt explicite), puis ensuite les médias présents avant d'estomaquer les pilotes et les ingénieurs d'Oreca.
Attentif, rieur, concentré, impliqué, simple, joueur, Solberg cumule les qualités humaines. Cherchant le contact en permanence, le pilote norvégien a conquis l'assemblée par son bonheur communicatif. A sa sortie de voiture dès la fin de son premier run, le voir étreindre Hugues de Chaunac joue contre joue avec une expression de gratitude sur le visage et des mots de remerciement était particulièrement touchant.
Hugues de Chaunac qui a accompagné longtemps Alain Prost n'a pas du souvent connaître ce genre de situation. Lui aussi était visiblement conquis et les promesses nées de ses 8 premiers tours ont poussé le patron à réclamer qu'on l'appelle dès la fin d'après-midi pour lui communiquer les chronos réalisés pendant son absence.
Et le coup de téléphone a du lui donner le sourire. En effet, Petter Solberg a découvert les subtilités du pilotage circuit sur la trentaine de tours effectués dans l'après-midi. Les débriefings avec Stephane Ortelli, véritable pédagogue du pilotage, étaient absolument passionnants à écouter. Comment "laisser rouler l'auto", ne pas la brusquer, conserver la vitesse acquise sans la déséquilibrer, générer du grip en agressant les pneus en entrée de courbes, trouver la ligne idéale sans perdre la 'downforce', ressentir le seuil de perte d'efficacité aéro pour pouvoir faire pivoter l'auto ou pas, freiner plus violemment et plus tard parfois, plus tôt d'autres fois... tout ça a permis à Petter Solberg de constamment s'améliorer au cours de la journée.
Au final, Petter Solberg a fait montre d'une adaptation incroyable et d'une vraie sensibilité de pistard, terminant la session avec un chrono de 1'44''7 à comparer directement avec celui réalisé par Olivier Panis lorsqu'il a établi un temps de référence à fin de comparaison avec la nouvelle auto, soit 1'43''3.
1 seconde et demie d'écart qui n'a rien de diplomatique après seulement une demie journée de roulage, c'est exceptionnel ! Oublions la forme et disons que tout le monde est resté sur le cul !! Olivier Panis y compris.
Petter Solberg roule à nouveau aujourd'hui pour parfaire sa connaissance de l'auto et du circuit mais également pour renforcer les muscles d'un cou fatalement douloureux vers 17h hier soir. Interrogé sur son avenir, il dit être ouvert à tout et s'est même laissé aller à imaginer un nouveau type de confrontation avec Sébastien Loeb, loin des forêts galloises ou scandinaves et du bitume glacé ou poussiéreux d'Irlande ou d'Espagne, sur le goudron cliniquement propre du circuit des 24h du Mans par exemple...
Pour Oreca, l'idée a pris un tour nettement plus sérieux hier soir. Pour l'instant, seuls Lapierre et Panis, certainement rejoints par Ortelli sont prévus pour les 24h du Mans. Reste une voiture et 3 pilotes potentiels à trouver.
Prenez Solberg.
Photos : Patrick Garcia (la galerie HD est à voir ICI)
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération