Antoine vous informe de la gestation de la Formula Le Mans depuis l'annonce de sa création.
Cette discipline de "promotion" tente de répondre à la tendance low-cost qui croit en ce moment dans le secteur de la compétition automobile. Développée et couvée par le maître es mise au point Stéphane Ortelli, cette barquette au look de mini-LMP1 est propulsée par un V8 LS3 au son caractéristique. Non, ce n'est pas une Corvette C6R qui déboule en bout de ligne droite, c'est bien une Formula Le Mans.
Les performances se situent entre le LMGT1 et le LMP2. L'auto se veut facile et développe environ 430 ch. Toutefois, les testeurs du jour n'ont pas vraiment été impressionnés par cette caractéristique. Un réglage 'safe' pour la journée peut être.
Alain Marguet, le responsable du projet chez Oreca rappelle que l'auto est construite pour offrir une fiabilité à long terme. Les roulages antérieurs et ceux entamés cette semaine ont pour l'instant confirmé la robustesse de la machine. Ainsi, l'ensemble des éléments mécaniques feront la saison et seuls les "consommables" seront à budgéter.
Une auto coûte 250.000 euros et la saison 120.000 euros. La totalité des primes sur la saison sera de 220.000€. Alain Marguet me rappelle que pour le prix d'une saison en GP2, on peut acheter 6 voitures ! En fait, Oreca fait le constat suivant : le GP2 envoie en moyenne 1 seul pilote en F1 chaque année. L'investissement est donc extrêmement risqué pour un pilote.
Ensuite, Oreca constate que les seuls pilotes devenus professionnels ces dernières années l'ont été en Endurance. Le but est donc d'attirer tout ceux qui dès la Formule 3 n'ont plus les moyens financiers de poursuivre en monoplace. En leur permettant de s'exprimer en lever de rideau des épreuves des LeMans Séries et des 24h du Mans, ils pourront être au plus près des "employeurs". C'est le GP2 de l'Endurance à coût nettement moindre.
Toutefois, le programme Formula Le Mans n'est pas encore un succès. À ce jour, les engagés fermes se compteraient sur les doigts d'une seule main. Alain Marguet ne dément pas mais précise que toutes les disciplines sont dans la même situation. En me montrant la liste de 25 pilotes venus tester l'auto aujourd'hui, il me prouve que l'intérêt est tout de même réel.
Par contre, en tournant un peu dans le paddock, on apprend que les teams effectivement intéressés par la formule se sont réunis pour faire pression sur Oreca et tenter de faire baisser les tarifs jugés encore trop hauts. Le manque de visibilité (la discipline existera-t-elle encore dans 3 ans ? comment rentabiliser l'achat d'une voiture ?) rapporté à l'exposition somme toute minime pour les sponsors et la crise sévère du moment font que les clients potentiels restent frileux et en position de force pour tenter de faire baisser les prix.
Pilotes français, pilote sans le sou
Tout ceci ne vaut que pour des pilotes étrangers car le sport auto français est en situation de crise majeure. Dans la liste des pilotes appelés à tester l'engin, un certain Dino Lunardi, anciennement vainqueur des championnat de promotion Peugeot (RC Cup 2006 et 207 Spider Cup 2007). Après avoir testé la Peugeot 908, le pilote du Gard s'est gentiment fait remercier par Peugeot Sport qui n'a jamais respecté les engagements pris lors de la mise sur pied de leurs soi-disant formules de promotion qui au final ne promeuvent pas grand chose.
Il paraitrait même que le sort de Peugeot Sport qui ne s'est pas engagé à l'année en LMS et qui n'a toujours pas annoncé son programme exact, ni ses pilotes, fut un moment sur la table. L'avenir du pilote officiel payant s'annonce radieux ...
Le profil de Dino Lunardi est intéressant pour bon nombre de teams mais les budgets demandés en LMP1 (apparemment 1 million d'euro pour un volant Pesca par exemple) et même en LMP2 sont hors d'atteinte pour des pilotes français qui ne sont pas en mesure d'amener le budget ou qui ne dispose pas de la structure nécessaire pour offrir un retour sur investissement garanti à l'employeur.
Pour Lunardi, même un budget Formula Le Mans (250.000euros) est impossible à réunir. Il confirme d'ailleurs qu'aujourd'hui, les recherches de budget ne servent plus à rien. On a atteint le stade de mort clinique pour le sponsoring en France.
Si l'idée de cette Formula Le Mans semble pertinente, si la voiture semble réussie, la conjoncture n'aide pourtant pas à remplir la grille. Malgré les coûts réduits et les primes promises, Formula Le Mans n'est pas encore un pari réussi. Loin s'en faut. Le projet a pourtant beaucoup de qualités.
Pour l'instant, 11 des 20 voitures sont construites (le planning est respecté) et la saison commence début avril à Barcelone.
Le calendrier
3/5 avril : Barcelonne (Espagne)
8/10 mai : Spa-Francorchamps (Belgique)
13/14 juin : Le Mans (France)
31 juillet/2 août : Algarve (Portugal)
28/30 août : Nürburging (Allemagne)
11/13 septembre : Silverstone (Angleterre)
3/4 octobre : Endurance 3 ou 4 heures sur le HTTT Paul Ricard avec le GT FFSA
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