Caradisiac : La sécurité routière est une grande cause nationale des gouvernements depuis 2002, le restera-t-elle si François Hollande* est élu le 6 mai prochain ?
François Hollande : De mon point de vue*, la politique de sécurité routière menée sous la présidence de Jacques Chirac et celle menée depuis 2007 ont très peu en commun. Alors que Jacques Chirac avait fait de la sécurité routière une des grandes priorités de son second mandat et était ainsi parvenu à passer de 7654 à 4620 morts par an, le bilan du candidat sortant n’est pas de la même envergure. Bien qu’il ait affirmé en 2007 faire de la sécurité routière une priorité, les mots n’ont pas été suivis d’effets. Son objectif de passer sous la barre des 3000 victimes de la route est aujourd’hui bien loin d’être atteint. Comme toujours, la communication propagande à certains moments de l’année a servi d’alibi à une volonté politique défaillante.
En conséquence, les mesures en matière de sécurité routière sont de plus en plus perçues par la plupart des citoyens comme des sanctions ou des prétextes à la taxation. Pourtant, la sécurité routière devrait être l’affaire de tous, car elle touche ou peut toucher chacun d’entre nous, notamment si l’on tient compte aussi du nombre de blessés. Pour notre part, nous considérons que les décisions en matière de sécurité routière nécessitent une mobilisation forte et une acceptation des Français. Elles ne peuvent pas être unilatérales. La sécurité routière sera bien une priorité. Mais nous engagerons une réflexion avec l’ensemble des acteurs de la route et passerons un contrat de responsabilité avec les Français qui doivent se reconnaître dans la politique de sécurité routière et en devenir eux-mêmes les acteurs principaux.
Caradisiac : Quelle direction souhaiteriez-vous lui donner ? Quelles seraient les pistes, non explorées ou pas assez exploitées selon vous, pour améliorer la sécurité routière ? Pour les jeunes, des actions ciblées ? Pour les plus âgés ? Pour les conducteurs de deux-roues ?
François Hollande : Les volets préventif et éducatif ont été les grands oubliés des multiples « plans » déployés par ce gouvernement. Pourtant, il nous faut éduquer, former et sensibiliser l’ensemble des conducteurs et futurs conducteurs, à commencer par nos jeunes qui aspirent ou débutent la conduite – et qui demeurent parmi les principales victimes de la route.
Deux critiques principales sont aujourd’hui faites au permis de conduire : son coût, trop cher, et sa formation fondée avant tout sur la bachotage pour avoir le permis le plus rapidement possible. François Hollande propose alors que les volontaires en service civique bénéficient d’une aide de l’État pour financer leur permis de conduire. Chaque jeune qui décidera de donner de son temps – 6 mois – et de son énergie à la collectivité, pourra être aidé financièrement pour passer pendant cette période son permis de conduire – un principe de « donnant- donnant » et un temps un peu plus long dédié à l’apprentissage de la conduite.
En outre, nous considérons que toute la formation ne doit pas se concentrer au seul moment du passage du permis de conduire. Elle doit se faire tout au long de la scolarité. Il ne faut pas oublier non plus l’importance des formations post-permis à tous les âges de la vie. Leur prise en charge dans le cadre des plans de prévention des risques routiers des entreprises constitue une des manières de les promouvoir. C’est important car le risque routier est un des premiers risques professionnels.
Quant aux personnes âgées, elles ne sont pas plus accidentogènes que la moyenne des conducteurs mais des faiblesses récurrentes ont été identifiées à partir d'un certain âge. Il faut donc prévenir les risques qui y sont liés par une bonne information. Les médecins référents ont un rôle à jouer pour limiter la conduite des personnes concernées et/ou alerter les proches. Réduire le risque routier et préserver au maximum l'autonomie possible de la personne âgée sont pour nous deux objectifs à concilier.
Concernant enfin les deux-roues motorisés, il me semble pertinent d'inciter les usagers de deux-roues motorisés à s’équiper pour se protéger et diminuer les conséquences d’accidents éventuels. De même, plutôt que de créer un contrôle technique, contraignant et couteux pour les usagers, je serai plus favorable à la mise en place d'un suivi d’entretien et de conformité des véhicules s’appuyant sur les réseaux des concessionnaires et des professionnels effectuant l’entretien des cyclomoteurs. Ces questions méritent d’être étudiées.
En résumé, si la politique en matière de sécurité routière doit comprendre inévitablement un volet « répression », parce que la sanction est indispensable pour faire respecter la règle, elle doit à notre sens comprendre également deux autres volets, ceux de la prévention et de l’éducation routière.
Caradisiac : Le contrôle automatisé des infractions routières constitue l’une des voies répressives développées ces dernières années. Est-ce un système que vous souhaitez d’une part voir perdurer, d’autre part continuer à renforcer ?
François Hollande : Mis en place sous la présidence de M. Jacques Chirac, les radars ont joué un rôle primordial avec le permis à points dans la baisse de la mortalité routière – le nombre de morts est passé, entre 2002 et 2007, de plus de 7654 à 4620 morts par an.
La politique menée depuis a été beaucoup plus erratique. Les radars doivent donc être, de mon point de vue, localisés de façon pertinente, c’est-à-dire là où il y a un risque d’accident identifié. Pour ce qui concerne les radars-feux rouges développés plus récemment, je crois nécessaire aujourd’hui d’évaluer leur pertinence.
Caradisiac : Point de retour envisagé pour une loi d’amnistie concernant les petites infractions routières ?
François Hollande : Il n’y aura pas de loi d’amnistie. François Hollande l’a répété à plusieurs reprises.
*Nous rappelons que c'est Roland Ries, chef du Pôle Transport pour la campagne de François Hollande, qui a été chargé de nous répondre. Mais nos questions étaient bien dirigées à l'attention de Monsieur Hollande. Caradisiac considère donc que les réponses apportées sont en adéquation avec la politique que le candidat PS envisage de mener en cas d'élection le 6 mai prochain.
Sur la Sécurité routière, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
Sur l'augmentation des prix des péages autoroutiers, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
François Hollande* (PS)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
Sur l'envolée des prix des carburants, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
François Hollande* (PS)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
Sur l'industrie automobile, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
François Hollande* (PS)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
Sur le développement durable, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
François Hollande* (PS)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
Sur ce que pensent personnellement les candidats de la voiture, les réponses complètes de :
François Bayrou (MoDem)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
François Hollande* (PS)
Jean-Luc Mélenchon** (Front de gauche)
Philippe Poutou (NPA)
Nicolas Sarkozy (UMP)
**Du côté de Jean-Luc Mélenchon, c'est Pascale Le Néouannic, animatrice du Front de Gauche chargée des transports qui a été missionnée pour nous répondre. Mais nos questions étaient également bien dirigées à l'adresse de Monsieur Mélenchon. Caradisiac considère donc que les réponses apportées sont en adéquation avec la politique que le candidat à la Présidentielle envisage de mener en cas d'élection le 6 mai prochain.
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