LA DERNIERE PARADE

Si la GT 40 conserve encore toutes ses chances dans les épreuves d'endurance, elle est loin d'être souveraine dans les courses courtes disputées à un rythme soutenu et encore moins sur des tracés exigeant légèreté et agilité comme le Nürburgring. L'amour que voue John Wyer à la GT 40 ne l'a pas rendu aveugle et encore moins fait perdre son instinct de la course. Dès le printemps 1968, il a lancé l'étude d'un prototype à moteur 3 litres, baptisée Mirage M2. Construite sous la direction de Len Terry, elle voit son développement retardé par la campagne 1968 et surtout par le refus de Ford Angleterre de fournir des moteur Cosworth. Dotée finalement d'un moteur BRM V12 aussi poussif que fragile, elle est encore loin d'être au point à l'aube de la saison 1969 et ce qui est pire, elle est déjà démodée avant même d'avoir débuté.

En effet, la CSI qui aime les surprises, décide de libérer les Prototypes de leur carcans (hauteur de pare-brise notamment) ouvrant ainsi la porte aux spiders dotés de carrosseries minimalistes. Le coupé Mirage lourd et pataud apparaît à Daytona en janvier pour des tests comparatifs avec la GT 40 et se montre nettement moins performant que celle-ci. Dépassée par les Porsche 908 en vitesse pure et même par certaines bonnes Lola T 70, la GT 40 se voit pourtant contrainte à reprendre du service. Dans les épreuves de longues haleine, elle se montre encore vaillante et signe une victoire inespérée à Sebring .Wyer est bien trop lucide pour croire que ce succès pourrait dissimuler les rides d'une voiture qui bien que profondément modifiée et impeccablement préparée, est tout de même née en 1964.

Surclassée par la nouvelle génération de Prototypes 3 litres, la GT 40 est toujours et de loin la plus éprouvée des voitures de Sport et Wyer décide de la "préserver" pour les 24 Heures du Mans.

Les événements vont lui donner raison. En attendant, il voit la prestation de ses Mirage tourner à la débâcle à Brands Hatch, Spa et même au Nürburgring où pourtant un moteur Cosworth vient d'être livré par Ford, enfin reconnaissant du titre mondial de 1968...

Convaincue qu'elle ne tirera rien de bon de ce fichu coupé, l'équipe Gulf a décidé de tout miser sur les 24 Heures du Mans. Pendant que les Porsche 917 impriment une cadence infernale à l'épreuve, les Ford de Ickx-Oliver et de Hobbs-Hailwood produisent une course d'une savante régularité. A trois heures de l'arrivée, une seconde course commence lorsque la dernière 917 renonce. Ickx prend le commandement et finit par triompher, au terme d'un sprint échevelé, de la 908 de Herrmann-Larrousse, unique rescapée de l'imposante armada Porsche. John Wyer ne pouvait rêver plus belle fin de carrière pour ses "bonnes vieilles GT 40" autorisées enfin à prendre une retraite bien méritée. Le plus beau chapitre de l'histoire sportive de Ford s'achevait là, au Mans où il avait commencé six ans plus tôt..

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