Tentée à deux reprises (Daytona et Sebring) l'expérience ne sera pas renouvelée par la suite. Après six mois d'essais intensifs, les Mk II ont sérieusement progressé dans tous les domaines (freinage, tenue de route, refroidissement), mais leur capacité à "tenir" sur de longues distances, reste inconnue. Un triplé aux 24 heures de Daytona, puis un doublé aux 12 heures de Sebring des Mark II, il est vrai alignées en nombre, lève un bon nombre d'inquiétudes, mais ne rassure pas pleinement les hommes de Ford. A Daytona, en l'absence de Ferrari, les Ford n'avaient pas de rivales réellement menaçantes, tandis qu'à Sebring, l'unique Ferrari P3 engagée se montra menaçante alors qu'elle effectuait sa première sortie en course. Faisant l'impasse sur les épreuves européennes (à l'exception de Spa, où une Mk II est battue par une P3), Ford décide de concentrer toutes ses forces sur Le Mans. Aux essais d'avril, les Mk II se montrent les plus rapides, mais la séance est endeuillée par l'accident mortel dont est victime Walt Hansgen. Même si les circonstances de l'accident ne sont pas clairement établies, il n'en demeure pas moins que la tenue de route des voitures américaines est encore perfectible et que la puissante "machine de guerre" peut se gripper.
Un constat aggravé par les débuts jugés décevants de la nouvelle Ford "J" doté d'un châssis inédit en matériaux composites empruntés aux techniques aérospatiales. A l'évidence, la "J" n'est pas prête et Ford décide de reporter tous ses efforts sur la Mk II. En juin, pour la course Ford fait l'étalage de toute sa puissance en alignant pas moins de huit Mark II, dont quatre entièrement neuves, alors que Ferrari ne peut présenter que trois P3. Dès le départ donné par Henry Ford II en personne, les Mk II commencent leur travail de sape et peu avant 2 heures du matin, tout est joué ! La dernière Ferrari P3 vient d'abandonner et la seule incertitude consiste désormais à connaître laquelle des Ford va triompher. Partis en pointe et tournant régulièrement à plus 210 km/h, Gurney-Grant, possèdent une confortable avance, mais doivent renoncer en début de matinée. Miles-Hulme héritent alors du commandement devant l'autre Mk II de McLaren-Amon et dès lors, on voit mal qui pourrait venir leur contester la victoire. Dans ce contexte, Ford qui souhaite donner un aspect spectaculaire à son succès annoncé, voudrait voir ses deux voitures terminer ex-aequo sur la ligne. D'abord favorables, les organisateurs se récusent alors que les consignes sont déjà passées aux équipages. A contre-coeur, Ken Miles laisse remonter à sa hauteur Bruce McLaren et lorsque ce dernier prend une longueur d'avance pour franchir la ligne d'arrivée à 16 heures, il ne bronche pas, se croyant encore assuré du "dead heat". Quelques minutes plus tard, Miles enfonce son bonnet de laine "fétiche" sur ses cheveux gris et tente de masquer sa peine. Pour huit mètres et un obscur point de règlement, il vient de perdre les 24 Heures et ne pourra réaliser le fabuleux triplé Daytona/Sebring/Le Mans... Henry Ford, lui n'éprouve pas d'états d'âme, les hommes doivent s'effacer devant les intérêts de la compagnie... Pourtant, emporté par l'euphorie du moment et envoûté par l'ambiance, il décide de remettre son titre en jeu.
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