La n°8 va-t-elle permettre à DS Automobiles de devenir une marque qui compte sur le marché du premium ?
ESSAI – Nouvelle nomenclature, concept inédit pour la marque, première DS uniquement électrique… la n°8 marque un tournant pour la jeune marque premium française qui peine à s’imposer face à des rivales allemandes très établies. En jouant, plus que jamais, la carte de la différenciation, peut-elle devenir l’auto qui permettra au constructeur de délaisser le rôle d’outsider ? Essai de la version deux roues motrices grande autonomie.

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Note
de la rédaction
13,9/20
L’histoire avait pourtant bien commencé. Lorsque les lettres DS font leur réapparition, en 2009, il s’agit alors de frapper un dérivé chic de la C3. Avec son look original, ses très nombreuses possibilités de personnalisation, et malgré seulement 3 portes et de nombreuses pièces communes (face avant, planche de bord…) avec le modèle "roturier" qui lui sert de base, la DS3, puisqu’il s’agit de son nom initial, remporte immédiatement le succès. En presque une décennie de carrière, ce sont ainsi plus d’un demi-million de voitures qui seront écoulées.
Entre-temps, l’offre Citroën DS s’est développée. D’abord avec la DS4 en 2010, puis avec la DS5 dès l’année suivante. Bien que les ventes de ses deux dernières, dont les concepts, très originaux, peinent visiblement à séduire massivement le public, restent très inférieures à celles de leur petite sœur, le groupe PSA décide d’accélérer la cadence et fait, à compter du 1er juin 2014, de DS Automobiles, une marque à part entière. Showroom luxueux et équipes dédiées, et spécialement formées, doivent ainsi permettre à la clientèle premium de retrouver les prestations dont elle a l’habitude, notamment chez Audi, BMW ou Mercedes.

Dix ans plus tard, cette stratégie n’a pas encore porté ses fruits puisque, l’an dernier, à peine plus de 30 000 véhicules ont été vendus à travers le monde. Pire, alors que la marque faisait de la Chine l’une de ses priorités, elle a aujourd’hui quasiment déserté le premier marché mondial. Tous les voyants sont donc au rouge et il est plus qu’urgent de renverser la vapeur si ce label ne veut tout simplement pas disparaître.
La première étape de ce sursaut porte un nom qui aurait pu être celui d’une fragrance proposée par la plus célèbre des maisons françaises de haute couture. En effet, si DS Automobiles conserve une nomenclature claire qui permet de comprendre la place de chaque modèle dans la gamme, l’auto dont nous vous parlons aujourd’hui se nomme bien DS n°8, et non pas DS 8.

Ce crossover, qui traduit en série les lignes générales du concept Aero Sport Lounge de 2020, est tout, sauf banal. Basé sur la plateforme STLA Medium, déjà utilisée par le Peugeot 3008, il s’agit d’un SUV coupé du segment D, concurrent, donc, de l’Audi Q6 e-tron Sportback. Mais les designers ont tellement étiré ses lignes arrière, que l’on pourrait également penser qu’il s’agit, à l’instar de sa cousine 408 de chez Peugeot, d’une berline surélevée. Quel que soit le segment où on le rattache, la n°8 se distingue par des lignes uniques, très acérées et mises en lumière par des optiques tout aussi angulaires qui, à l’avant comme à l’arrière, prennent la forme de T majuscules. Dans un cas comme dans l’autre, ces optiques, naturellement 100 % LED, offrent une structure intérieure très travaillée. À l’avant, c’est visiblement le monde de la maroquinerie qui a servi d’inspiration avec des points de lumière imitant des clous à riveter tandis que les feux arrière vous transportent dans l’univers de la joaillerie avec leurs "rubis" taillés. Quant à l’imposante calandre, elle est, selon les versions, illuminée.
Traduction d’une volonté

Si, esthétiquement, la n°8 rompt profondément avec les précédentes créations du constructeur, c’est également le cas sur le plan mécanique. En effet, dès 2021, la direction de la marque annonçait que plus aucun modèle thermique ou hybride, même rechargeable, ne serait commercialisé au-delà de 2024. Si cette promesse a légèrement été trahie par la récente n°4, qui est, en fait, un restylage de la DS 4 et non pas une nouvelle voiture, la n°8 ne s’en remet, effectivement, qu’à la fée électricité.
Afin de signifier la montée en gamme, ce ne sont pas les couples moteur/batterie déjà vus à bord des E-3008 et E-5008 qui ont été repris, mais bien de nouveaux éléments qui font leur apparition. La gamme débute ainsi avec une version de 230 ch dont la batterie embarque déjà 73,7 kWh d’énergie. DS Automobiles promettant une consommation moyenne de 15,7 kWh/100 km, le cycle mixte WLTP se solde ainsi avec une autonomie annoncée de 573 km. Une très bonne donnée pour une "entrée de gamme".
À l’opposé, la variante de 350 ch est, elle, une 4 roues motrices. En effet, elle reçoit un second moteur sur le train arrière. Surtout, son accumulateur est encore plus important puisqu’il est ici annoncé pour 97,2 kWh. Le poids supplémentaire fait toutefois grimper la consommation moyenne (16,6 kWh/100 km) et l’autonomie ne progresse pas autant qu’espéré puisque la marque annonce un cycle mixte à 688 km.
La version sur laquelle DS Automobiles fonde les plus gros espoirs est celle qui prend place entre ces deux extrêmes. De la première, elle reprend la mécanique, légèrement retravaillée pour atteindre 245 ch et reste donc une simple traction. De la seconde, elle hérite la grosse batterie. Ce mariage donne naissant à une n°8 homologuée en cycle mixte, avec les jantes de parmi 19" livrées en série sur la finition Pallas, à 750 km ! Un chiffre qui place, sur le papier, le n°8 parmi les modèles électriques les plus polyvalents du marché. Avec leur architecture électrique 400V, toutes les versions de ce DS voient toutefois leur puissance de charge maximale limitée à 160 kW.
Pour ce premier essai approfondi, nous avons voulu vérifier la pertinence de la promesse de DS Automobiles en matière d’autonomie. Notre choix s’est donc porté sur la variante de 245 ch.
French cocon
Si le dessin extérieur de la n°8 surprend, il est en de même lorsque l’on s’installe derrière le volant. Tout d’abord parce que celui-ci dispose de 4 branches disposées comme des points cardinaux. À notre connaissance, c’est une première sur une voiture de série et cela se révèle peu pratique en conduite. La présence de deux blocs massifs sur ce même volant, servant à commander le régulateur de vitesse et une partie des fonctions audio, n’est pas non plus des plus heureuses, leur disposition obligeant à parfois lâcher le volant pour les utiliser. Le soin porté à sa fabrication étonne également, mais positivement cette fois-ci. Non seulement il est habillé d’un cuir ou d’un matériau l’imitant de très bonne facture mais ses branches sont dotées d’un insert dont le plastique imite excellemment le guillochage du métal.

Très horizontale, la planche de bord a, elle aussi, droit à des matériaux de très bonne facture. Selon les finitions et les harmonies intérieures, elle peut être habillée de TEP, de cuir ou d’Alcantara. Sur la partie supérieure, une immense lame, en aluminium dans la plupart des cas, s’étend sur toute la largeur et se poursuit jusque dans les contre-portes. Ici, outre une fonction décorative, elle fait ici office de poignée de porte, de source d’éclairage et intègre même des haut-parleurs dont le son est émis au travers de micro-trous percés au laser. Du travail digne des meilleurs artisans que l’on ne retrouve même pas chez la plupart des concurrents.

La console centrale flottante est, en partie, recouverte de faux cuir pouvant faire illusion tandis que la partie la plus avant sert de support aux commandes de boîte de vitesses, de modes de conduite, du son du système audio et du chargeur de smartphone à induction. Les partis pris intérieurs de DS Automobiles ne feront pas l’unanimité, mais force est de reconnaître que la qualité de fabrication tutoie les sommets. Seule ombre à ce tableau, le plastique dont est fait le volet de la boîte à gants donne l’impression d’être identique à celui que l’on trouve sur une Peugeot 208. À ce niveau de gamme, c’est choquant. On retrouve un tel mauvais choix au niveau du seuil de coffre, qui aurait mérité d’être recouvert d’aluminium, vrai ou faux, garant d’une meilleure qualité perçue et moins fragile.
En dehors de ce faux pas, la malle se révèle volumineuse (620 l avec la petite batterie et 580 l avec la grosse) et ses formes régulières sont gages d’un chargement aisé… une fois que l’on aura franchi le seuil de coffre, plutôt élevé.
Si l’habitacle joue clairement la carte du raffinement, il n’en oublie pas pour autant d’embarquer des technologies parmi les plus récentes. Ainsi, l’instrumentation repose sur une dalle haute définition personnalisable qui est complétée, mais pas accolée, à un autre écran de 16" qui permet de piloter l’ensemble des fonctions d’infotainment. Si ce dernier, baptisé DS Iris System, se révèle plus ergonomique que ce que l’on trouvait encore récemment chez DS, sa définition d’image et ses fonctions ne sont pas du tout dernier cri. En revanche, c’est la première fois qu’une voiture qui ne soit pas découvrable est équipée d’un chauffage de nuque.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,82 m
- Largeur : 1,90 m
- Hauteur : 1,58 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 580 l / 1 873 l
- Boite de vitesse : NC
- Carburant : Electrique
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Date de commercialisation du modèle : Février 2025
* A titre d'exemple pour la version FWD LONG RANGE 245 ETOILE 97.2 KWH.
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