2. Une offre VUL en développement

Grâce à la pile à combustible (PAC), l’hydrogène pourra vraisemblablement se développer parmi l’industrie automobile. À l’inverse des électrolyseurs, les PAC transforment l’hydrogène en électricité par réaction avec l’oxygène de l’air. Il en résulte une autonomie nettement supérieure et donc un attrait plus élevé. D’ailleurs quelques véhicules particuliers comme les Toyota Mirai, Hyundai Nexo ou encore Honda Clarity sont aujourd’hui commercialisés. À l’inverse, l’offre de modèles VUL reste encore faible aux côtés du Renault Kangoo H2. Néanmoins, les constructeurs dévoilent, depuis quelques mois, plusieurs projets qui pourraient être proposés à la vente à court terme.

                                                                     Renault Kangoo ZE H2

En collaboration avec la société Symbio, Renault figure parmi les premiers constructeurs à commercialiser un VUL fonctionnant à l’hydrogène. L’entreprise Engie ou encore différents conseils départementaux comme la Manche utilisent ce véhicule. Sous l’appellation H2, ce modèle repose sur la base du Kangoo ZE électrique. Ses caractéristiques techniques sont une pile à combustible (PAC) de 5 kW et un réservoir de 76 1 d’hydrogène qui autorisent notamment une meilleure autonomie (environ 300 km). En pratique, le moteur électrique Renault de 44 kW/60 ch est toujours alimenté par la batterie lithium-ion de série d’une capacité de 22 kWh. La PAC ne sert en fait qu’à recharger cette dernière. Au chapitre tarif, Symbio facture la transformation 27 000 €. Mais attention à ce prix, il ne faut pas oublier d’ajouter le prix du Kangoo ZE commercialisé à partir de 21 350 € HT. Le Renault Kangoo ZE H2 est garanti 2 ans/kilométrage illimité et l’entretien assuré par le réseau de concessionnaires de la marque au losange.

                                                              Volkswagen HyMotion

Après la présentation d’un e-Crafter électrique, Volkswagen a dévoilé un prototype baptisé HyMotion fonctionnant à l’hydrogène. Néanmoins, le constructeur a précisé que la technologie était prête et que son fourgon serait commercialisé dès la mise en place de l’infrastructure de stations de distribution. Grâce à ses deux véhicules zéro émission, Volkswagen prévoit ainsi de séduire deux catégories de professionnels. L’e-Crafter a ainsi été conçu pour les entreprises n’ayant besoin de véhicules que pour de trajets courts en milieu urbain. Pour rappel, l’autonomie se limite à 173 km (cycle WLTP). L’HyMotion s’adressera, quant à lui, à des utilisateurs parcourant de plus longue distance sans émissions de CO2 notamment. Des distances supérieures à 500 km sont en effet annoncées. En outre, le temps pour « faire le plein » ne dépassera pas quatre minutes… soit un délai similaire à celui réclamé par les VUL thermiques.

Technologiquement, les ingénieurs ont repris le moteur électrique de 100 kW et la boîte de vitesses de l’e-Crafter. En revanche, l’HyMotion utilise une batterie lithium-ion plus petite d'une capacité de 13,1 kWh. En parallèle, la pile à combustible, délivrant une puissance de 30 kW, sert de prolongateur d’autonomie. Les réservoirs disposent d’une capacité de 7,5 kg d’hydrogène. La consommation du fourgon s’élève à 1,4 kg d’hydrogène pour 100 km. La commercialisation ne devrait pas intervenir avant 2025.

                                                                 Mercedes Sprinter F-Cell

Tout comme Volkswagen, Mercedes a présenté en parallèle de son eSprinter électrique, un projet de fourgon fonctionnant avec une pile à combustible. Exposé sous la forme d’un camping-car, ce prototype repose sur la plate-forme du dernier Sprinter et pourrait donc très bien être présenté sous la forme d’un fourgon. Avec ces deux technologies, la marque à l’étoile entend ainsi être présente sur les marchés des professionnels parcourant des trajets courts ou longs mais surtout en zéro émission. Une donnée technique qui devrait de plus en plus être recherchée car les interdictions de circulation en centre-ville pour les VUL diesel risquent de se multiplier dans les prochaines années.

Le concept Sprinter F-Cell est mû par une batterie électrique et une pile à combustible qui délivre une puissance électrique d'environ 147 kW (200 ch) et un couple de 350 Nm. Les trois réservoirs peuvent stocker un total de 4,5 kg d'hydrogène. Grâce à ces derniers, l’autonomie est annoncée pour atteindre d'environ 300 km. Un réservoir supplémentaire peut, suivant les besoins, être installé afin de parcourir 500 km. Enfin, Mercedes précise que son Sprinter possède aussi la possibilité d’être rechargé en électricité, ce qui augmente encore l'autonomie de 30 km. L’éventuelle commercialisation n’est pas envisagée avant au moins cinq ans.

                                                                    Hyundai poids lourd

Les véhicules utilitaires légers ne sont pas les seuls modèles à se pencher sur la technologie hydrogène. Hyundai a en effet annoncé la conception d’un camion propulsé par de l’hydrogène. Les premières livraisons devraient même débuter en 2019, notamment en Suisse. Le constructeur coréen a en effet lié un partenariat avec l’entreprise suisse H2 Energy spécialisée dans les stations de production de dihydrogène par électrolyse. Pour le moment, les seules caractéristiques techniques indiquent que le poids lourd disposera de huit réservoirs d’hydrogène distincts pour une autonomie de 400 km et développera une puissance de 190 kW, soit environ 255 chevaux.

                                                                   Les équipementiers aussi

Les ingénieurs des constructeurs ne sont pas les seuls à travailler sur le sujet de l’hydrogène. Les équipementiers planchent aussi car beaucoup croient en cette énergie pour l’avenir. Ainsi, Faurecia, Plastic Omnium, Continental, Bosch, etc ont déjà annoncé des projets concernant les piles à combustible et les réservoirs. Faurecia a, par exemple, récemment communiqué sur la signature d’un plan avec un constructeur international pour co-développer un système de stockage d'hydrogène à haute pression destiné à une large flotte de véhicules utilitaires légers. Le projet devrait aboutir début 2021. Pour information enfin, plusieurs spécialistes envisagent qu'au moins 2 millions de nouveaux véhicules et plus de 350 000 camions soient équipés de la technologie pile à combustible d’ici 2030.