Prise en main
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Comme beaucoup d'autres machines, la CBR 954RR mérite qu'on y accorde davantage d'attention qu'un petit essai de présentation. Elle m'avait tapé dans l'œil lors de notre première rencontre. De belles lignes, une prise en main facile, un moteur bouillonnant… difficile de ne pas tomber sous le charme. Du coup, j'en avais quitté ma petite SV contre l'athlétique CBR. Mais est-ce toujours l'amour fou au bout de 10 000 km passés à son guidon ? La routine n'a-t-elle pas eu raison de la passion hystérique qui accompagne la nouveauté d'une relation ? Baptisée "Fireblade" pour les intimes, on pouvait supposer que la flamme resterait intacte. Après un an de vie commune, c'est l'heure du bilan.
Au commencement, il y a avait la transition. Le passage relativement délicat d'un petit roadster fun à une hypersport affûtée. Le deuil lié à la perte de son ancienne partenaire de jeu, avec qui on a partagé tant de bons moments, est vite consolé dès les premières virées avec le nouveau bolide. Facile et précise, beaucoup plus rigide que le SV 650, plus puissant, plus coupleux, avec une meilleure protection, bref, tout est réuni pour être grisé, couché derrière la bulle avec la poignée en coin. Mais c'est là qu'il faut faire attention ! Achtung !
Eh oui, parce qu'une telle machine a tendance à mettre son pilote rapidement en confiance. La maîtrise n'étant pas encore acquise, le moindre imprévu vous rappellera que vous ne disposez pas des bons réflexes : grosse frayeur assurée. Quand la montée d'adrénaline fera battre votre cœur à grands coups contre la poitrine, vous jugerez judicieux de rendre un peu la main. Il n'y a pas de secret, c'est en forgeant qu'on devient moins tête brûlée. La meilleure recette, c'est d'y aller petit à petit, d'être attentif au comportement de la moto, d'analyser ses réactions, de comprendre le mode d'emploi. Pour tout ça, le mieux, c'est de faire un stage sur piste. Un peu comme le premier voyage en couple, c'est là qu'on découvre vraiment l'autre, avec ses qualités et ses défauts, qu'on met à jour son vrai visage...
Une fois qu'on a franchi ce premier cap dans la relation, que l'on se connaît un peu mieux, qu'une réelle complicité est née, il est sage de lui "rendre sa conformation d'origine", mettre un terme à la mutilation et lui offrir une preuve de votre engagement : la faire redevenir telle qu'elle a été conçue suite aux fantasmes des ingénieurs Honda (comprendra qui voudra). Au diable l'avarice, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, on met la main à la poche et on joue le gentleman jusqu'au bout. Quand on aime, on ne compte pas, on prend Akra !
C'était déjà pas triste avant, mais alors là, c'est vraiment rock n' roll. Ca part toujours aussi fort en bas mais la différence se fait en haut, où ça hurle non stop jusqu'au rupteur. Une gourmande insatiable qui semble dénuée de toute pudeur. Là où elle jouait les timides effarouchées avant, elle est devenue provocatrice et insolente. Wouuuuuuhouuuh !!! Ames sensibles s'abstenir, on n'est pas là pour tricoter mais pour flinguer du chrono !
Et c'est d'ailleurs une des grandes qualités de la machine : ce gain de sportivité juché haut dans les tours ne grève en rien le pilotage. Un surplus de sensations à l'essorage qui n'est pas accompagné d'une poussée de cheveux blancs à chaque sortie de courbe. Un caractère qui accompagne parfaitement la selle accueillante et le coffre appréciable sous la selle passager. Bien entendu, on n'est pas sur une GoldWing. Mais pour une hypersport, elle apporte un compromis d'efficacité et de confort qui est tout simplement rarissime sur le marché.
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