Peugeot 206 S16 vs Peugeot 207 THP 150, la plus récente est-elle le meilleur choix ?
Succédant à la 206 S16, la 207 THP gagne énormément en modernité mais se révèle aussi 200 kg plus lourde, ce qui déplaît aux amateurs. Ceux-ci ont-ils raison de préférer la 206 ? Pas si sûr...
Les forces en présence
Peugeot 206 S16 (1999 – 2005), berline 3 portes, 4-cylindres en ligne atmo, 2,0 l, 138 ch, 1 080 kg, à partir de 3 500 €.
Peugeot 207 THP 150 (2006 – 2010), berline 3 portes, 4-cylindres en ligne turbo, 1,6 l, 150 ch, 1 300 kg, à partir de 3 000 €.
C’est un important saut en avant sécuritaire qu’effectuent les autos durant les années 2000, par obligation légale. Elles doivent, en outre, satisfaire à des normes antipollution sévérisées. Un sacré défi que Peugeot a relevé avec une 207 beaucoup plus technologique que la 206 qu’elle remplace.
Seulement, elle est également plus encombrante et lourde, ce qui déplaît à nombre de passionnés, alors que les avancées sont importantes, à commencer par le nouveau moteur à injection directe. Aujourd’hui, les 206 S16 et 207 THP se dénichent à des tarifs relativement proches, alors, objectivement, avec le recul, laquelle doit-on recommander ?
Présentation : héritière vs entrepreneuse
Enorme succès, la populaire 205 a certainement sauvé Peugeot de la faillite en 1983. Corollaire, celui-ci ne sait trop comment la remplacer, au début de la décennie 90. Jacques Calvet, alors patron PSA, décide de contourner le problème : la 106 succèdera au sacré numéro en de bas de gamme, la 306 en de haut de gamme. Commercialement, ça n’est pas satisfaisant, et la 205 doit continuer sa carrière ! Le problème de sa succession ne sera résolu qu’à la fin des années 90.
Comment ? Avec une citadine qui calque sur la formule de la 205, jusqu’au trains roulants (essieu arrière à bras tirés) : la 206. Celle-ci sort en mai 1998 et, d’emblée, son design moderne et dynamique, dû aux équipes de Gérard Welter, rallie tous les suffrages. Les prix étants compétitifs, la 206 remporte un vif succès et pourtant, elle se passe de la version qui a tant fait pour la 205 : la GTI. Peugeot estime que cette appellation appartient au passé, mais offre tout de même une variante sportive à 206 en 1999, la S16. Extérieurement, elle demeure discrète malgré ses jantes de 15 pouces « Foudre », ses ailes avant élargies d’un centimètre, son petit béquet arrière ou encore ses rétroviseurs laqués.
Sous le capot, la S16 bénéficie d’un 2,0 l de 137 ch, largement dimensionné vu le poids de 1 080 kg. Les performances sont donc intéressantes : 208 km/h au maxi, pour un 0 à 100 km/h exécuté en 8,3 se. Par ailleurs, voulue plus polyvalente que radicale, cette 206 profite d’un équipement complet : clim, sono, ABS, sellerie mixte cuir-tissu, rétros électriques. Le tout, sans coûter trop cher : 106 900 F, soit 24 400 € actuels selon l’Insee.
Conséquence, la S16 se vend très convenablement, sans toutefois devenir un mythe comme la 205 GTI. Fin 2000, la S16 modifie son injection pour satisfaire à la norme antipollution Euro III entrant en application en 2001, ce qui porte la puissance à 138 ch, puis à l’automne, se pare d’un faisceau électrique multiplexé. En 2002, pour gagner en stabilité, elle adopte un nouveau réglage de train arrière et une répartition du freinage un peu plus prépondérante sur l’avant. Pour leur part, les jantes passent de 15 à 16 pouces.
Dans l’habitacle, les compteurs gagnent un fond blanc, et, joueur, Peugeot propose la S16 en break SW ! En 2003, un léger restylage intervient, et l'ESP livré de série. La production de la S16 s’arrête en 2005, avant le lancement de la 207, son moteur ne satisfaisant pas à la nouvelle norme Euro IV, entrant en vigueur en 2006.
Contre toute attente, il est tout aussi difficile de succéder à la 206 qu’à la 205. Car la 206 est devenue la Peugeot la plus vendue de l’Histoire ! Cette tâche incombe à la 207, qui, techniquement, ne doit rien à sa devancière puisqu’elle récupère la plateforme 2 du groupe PSA, inaugurée par la Citroën C3 en 2002. Esthétiquement, la filiation demeure évidente, l’équipe de designers dirigée par Gérard Welter produisant un dessin inspiré de celui de la 206 mais totalement revu et intégrant des gimmicks aperçus sur plusieurs concepts Peugeot.
Le résultat est dynamique mais particulier, donc ne fait pas l’unanimité. En revanche, le bloc 1,6 l THP conçu avec BMW qui se glisse sous le capot suscite l’admiration par sa grande modernité. Tout en alliage, il bénéficie en effet d’une admission variable en continu, d’une injection directe et d’un turbo à double entrée. Ce qui lui permet de développer 150 ch, pour un couple de 240 Nm disponible dès 1 400 tr/mn. Cette dernière valeur est très intéressante vu le poids pachydermique de la 207 : 1 300 kg ! Pourtant, elle passe les 100 km/h en 8,1 s et pointe à 210 km/h. Evidemment, la suspension (essieu de torsion à l'arrière) est adaptée à ces performances.
D’abord proposée uniquement en finition ultra-équipée Griffe (clim auto bizone, régulateur de vitesse, jantes alu de 17, toit panoramique, sellerie mi-cuir), la 207 THP 150 revient à 19 950 €, soit 26 300 € actuels selon l’Insee. Elle se décline ensuite en Sport Pack puis Féline, en 3 et 5 portes. Cette dernière, apparue en 2009, remplace la Griffe à l’occasion d’un léger restylage. En 2010, le THP passe à 156 ch (et s’attèle à une boîte 6) en s’adaptant à la norme Euro V, puis cette version de la 207 disparaît en 2012 quand sort la 208.
Fiabilité / entretien : mamy est plus robuste !
Mécaniquement, la 206 S16 c’est du très, très solide. L’ensemble moteur/transmission passe aisément les 250 000 km sans ennui majeur, avec juste un entretien courant. En revanche, les éléments électriques pourront défaillir, sondes, capteurs, bobines... Le vrai souci de cette 206, c’est le train arrière. Les roulements des bras tirés prennent l’eau, se grippent, ce qui modifie le carrossage des roues, devenant négatif. À l’avant, les triangles prennent du jeu, ce qui est normal.
Dans l’habitacle, la sellerie vieillit assez mal, les bourrelets en cuir des sièges se déchirant. Les pépins électriques ne sont pas rares, mais le plus souvent sans gravité. Cela dit, si le pulseur d’air tombe en panne, il faut démonter la moitié du tableau de bord pour le changer… Enfin, vu l’âge de la voiture, la corrosion commence à faire des dégâts.
Pour sa part, la 207 pâtit d’un bloc THP, mal né : chaîne de distribution détendue ou décalée, pompe haute pression HS, turbo en carafe, capteurs défectueux, boîtier de gestion du 4-cylindres à reprogrammer. Jusqu’en août 2008, il y a aussi eu des cas irrémédiables de surconsommation d’huile. Ces avaries, pouvant entraîner la casse du moteur, ont normalement été résolues (Peugeot a pris en charge les réparations dans une limite de 60 mois et 100 000 km), comme le prouvent certains exemplaires au kilométrage impressionnant. Mais il est plus que jamais impératif d'opter pour une auto rigoureusement entretenue.
Par ailleurs, l’électronique est source d’ennuis, souvent plus agaçants qu’autre chose, des bruits parasites se manifestent assez rapidement et les trains roulants doivent être réglés au poil, ce qui n’était pas toujours le cas en usine. En revanche, la 207 ignore la corrosion.
Avantage : 206. Avec sa mécanique virtuellement incassable, la 206 prend le pas sur 207, même si cette dernière a résolu la plupart de ses soucis si elle a été suivie.
Vie à bord : les bienfaits de la modernité
A bord de la 206, on doit constater que la planche de bord a vieilli, par ses matériaux, son assemblage et son look. Néanmoins, la sellerie se révèle agréable au toucher et plutôt confortable, alors que l’habitabilité demeure très acceptable. On profite aussi d’un équipement convenable, la sono et la clim étant de série. Certains exemplaires disposent même d’un grand toit ouvrant.
Dans la 207, le design est nettement plus moderne, et la finition apparaît autrement soignée grâce à des plastiques rembourrés. L’équipement, plus riche (clim bizone, toit panoramique et bonne sono de série) ravit les passagers, les sièges procurent un peu plus de confort, alors que la largeur habitable se révèle plus intéressante (pas la longueur en revanche). A 270 l, son coffre surpasse de 25 l celui de la 206.
Avantage : 207. Mieux finie, plus équipée et dotée d’une sellerie plus agréable, la 207 gagne ici, même si sa longueur habitable ne progresse pas.
Sur la route : deux tempéraments opposés !
Dans la 206, la position de conduite demande un peu d’accoutumance, le volant ne se réglant pas en profondeur. De plus, par forte luminosité, le tableau de bord se reflète dans le pare-brise : gênant. Souple et docile, le moteur autorise des reprises très consistantes à mi-régime, un plus en usage courant. Cela dit, il n’apprécie guère la zone rouge (intervenant dès 6 500 tr/min), ce qui n’empêche pas de très bonnes performances. La boîte correctement étagée permet de bien exploiter ce bloc pauvre en caractère, même si sa commande, plutôt plaisante, gagnerait à avoir des débattements plus courts.
Le châssis convainc nettement plus. Direction précise, consistante et informative, train avant rigoureux, bonne adhérence : la 206 S16 régale par sa vivacité et son efficacité. L’arrière peut décrocher facilement si on le provoque : fun si on sait s’en servir, mais surprenant pour les néophytes, même si le phénomène n’a rien de brutal. L’ESP des dernières versions corrige cette particularité. Côté confort, la suspension réalise un bon compromis d’amortissement. Le principal défaut sera le niveau sonore, important.
Dans la 207, grâce au volant réglable en profondeur, on obtient une excellente position de conduite. Seulement, l’ergonomie déconcerte, avec cette console d’un fouillis invraisemblable. Autre défaut idiot : le jonc alu entourant le bloc écran central-aérateurs se reflète dans le pare-brise quand on roule de nuit lorsque l’éclairage public est allumé.
Heureusement, le moteur manifeste une souplesse remarquable, puis un punch surprenant à mi-régime. Il passe les 6 500 tr/min, même si on sent qu’à 5 500, sa poussée se tarit. La 207 n’accélère pas plus fort que la 206, mais offre de meilleures reprises. Dynamiquement, la 207, grâce à un grip abondant, est rivée au sol sans oublier de se montrer précise et rigoureuse. Seulement, contrairement à la 206, elle ne joue pas de la poupe, et son volant communique nettement moins bien. La sécurité gagne ce que le plaisir perd. Notons tout de même que la 207 ne freine pas mieux que sa devancière, qui offrait déjà des distances d’arrêt très courtes.
La suspension ? Elle semble plus fermement amortie que celle de la 206, donc ne procure pas un meilleur confort. Cela dit, la 207 compense par une insonorisation autrement soignée.
Avantage : égalité. La 206 est plus amusante et communicative, mais la 207 se rattrape par une sécurité et des reprises de meilleur niveau. Vraiment une affaire de préférence personnelle.
Budget : très abordables
En bon état, la 206 S16 se déniche dès 3 500 €, mais en affichant 200 000 km bien tassés. A 4 500 €, on peut trouver un joli exemplaire avoisinant les 150 000 km, mais ensuite les prix montent vite : comptez 7 500 € pour une très belle auto de moins de 100 000 km. La consommation se cale raisonnablement à 8,5 l/100 km en moyenne.
Pour sa part, la 207 THP 150 débute à 3 000 € en bon état, a 200 000 km environ. A 4 000 €, on trouve des exemplaires bien suivis restant sous les 150 000 km, et à 5 000 €, le kilométrage peut tomber sous les 100 000 km. Côté consommation, tablez sur 8 l/100 km en moyenne.
Avantage : 207. A la fois moins chère et plus frugale que sa devancière, la 207 remporte ici une victoire logique.
Verdict : la 207 aux points, la 206 au cœur
Objectivement, la 207 THP 150 remporte ce match grâce à sa plus grande modernité. Elle est synonyme de performances un peu supérieures, de consommation inférieure, de comportement plus sûr, d’habitacle plus accueillant et richement équipé, de sécurité passive nettement meilleure… Elle coûte également moins cher.
Mais voilà, la 206 S16 réplique par une bien meilleure fiabilité mécanique, un comportement plus joueur, un tempérament plus communicatif, bref une conduite plus fun. De surcroît, sa cote en hausse en fait un meilleur placement si on l’achète bien. Un coup de cœur raisonnable !
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | 206 |
Vie à bord | 207 |
Sur la route | Egalité |
Budget | 207 |
Verdict | 207 |
> Pour trouver ces modèles en occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale : Peugeot 206 S16, Peugeot 207 THP.
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