Nouveau SUV, électrification, intégration au groupe Stellantis : ou va Maserati ?
Après plusieurs années de chute des ventes, la marque de Modène veut se ressaisir. Au menu : une bonne dose d'électricité, un zest d'investissements, une place à part dans le groupe Stellantis et un nouveau SUV compact, petit frère du grand Levante.
La marque de Modène est peut-être en train de vivre le moment le plus compliqué de toute son histoire. Comment gérer à la fois une refonte de la gamme, un besoin de vendre plus de voitures, une marche en avant vers l'électrique et l'intégration dans le groupe Stellantis, dont Maserati est la seule marque de luxe ? Sans oublier la crise sanitaire, dont on ne saurait parler au passé. Bernard Loire, le directeur commercial monde du constructeur, recruté juste avant le confinement, début 2020, en a d'ailleurs fait les frais "Je n'ai même pas encore pu me rendre en Chine, notre premier marché".
Des clients mûrs pour l'électrification
Si Maserati réalise ses meilleures ventes dans l'Empire du milieu depuis plusieurs années, la marque est pourtant la plus européenne, et surtout la plus italienne qui soit, avec une image forte d'autos latines, conçues, et pour la plupart assemblées à Modène. Mais une image forte ne fait pas forcément de fortes ventes en Asie comme ailleurs. Les objectifs fixés par Sergio Marchionne, feu le PDG du groupe FCA à la fin des années 2000 semblent très loin. Le patron avait prévu de vendre 90 000 autos par an, en introduisant, notamment, le diesel dans le temple du V8 essence. On en est loin aujourd'hui, même si, depuis, grâce à la Ghibli, notamment, et au SUV Levante, il s'est écoulé 51 000 Maserati en 2017. Sauf que depuis quatre ans, le soufflé est retombé. Le nombre d'autos écoulées a été divisé par deux en 2019, pour baisser encore, l'an passé, Covid oblige.
Alors à Modène, on a réagi. Juste avant l'intégration de la marque au groupe Stellantis, on a convoqué la fée électricité, quelque peu absente sous les capots du Trident jusque-là. Et, contrairement à d'autres marques de la galaxie franco-italo-américaine, la feuille de route est tracée. Au programme : 2,5 milliards d'investissement "et dès 2025, 50 % des modèles électrifiés" précise Bernard Loire. Un programme qui a son petit nom : Folgore (éclair). Certes, pour le moment, seule l'hybridation légère est au programme. Sur la Ghibli, comme sur le nouveau SUV Grecale (lire encadré) qui débarque sur les routes au printemps prochain.
50 % de modèles électrifiés en 2025
Mais dès l'année prochaine, l'affaire s'emballe. Dès le premier trimestre, deux avions de chasse made in Modène vont se chauffer aux watts. La Supercar MC 20, actuellement équipée d'un V6 bi turbo de 630ch aura droit à sa version 100 % électrique, tout comme la nouvelle version du coupé Granturismo. "En 2023, le Grecale aussi sera disponible en tout électrique". Pour autant, après 2025, le Trident basculera-t-il entièrement dans la batterie ? Personne au sein de la marque ne lit l'avenir dans le vinaigre de Modene. Toujours est-il que la clientèle semble prête à succomber. Du moins est-elle attirée par l'électricité partielle.
Pour convaincre les sceptiques, le directeur commercial se plonge dans ses chiffres. "Aujourd'hui, 50 % des ventes de Ghibli de par le monde se font en hybride. Un chiffre qui grimpe à 90 % pour la Chine". En sera-t-il de même avec le Grecale, la MC20 ou le Granturismo en 100 % électrique ? "En tout cas, on s'est aperçu que notre clientèle hybride, toujours en Chine, avait 35 ans en moyenne". Un âge ou, en principe on serait plus facilement enclin à basculer vers les voitures à batterie ? L'avenir le dira, mais en attendant, le directeur commercial de la marque entend bien doubler ses volumes de vente grâce au Grecale et flirter à nouveau avec les 50 000 voitures vendues chaque année.
Maserati Grecale : merci Giorgio
Nous avons pu effectuer quelques tours de circuit avec le tout nouveau SUV Maserati, en version camouflée, sur le circuit de Balocco, la base d'essai du groupe Stellantis situé entre Milan et Turin. Un essai qui, sur le papier, démarrait plutôt mal. L'auto, équipée du moteur légèrement hybridé de la Ghibli, un quatre cylindres de 2 l et 300ch, nous avait laissé un sentiment mitigé sur la berline. Logiquement, en le glissant sous le capot d'un SUV de plus de 1 800 kg, on ne pouvait que s'attendre au pire. Surprise : le bloc est transfiguré et l'engin est d'une maniabilité de ballerine. Merci qui ? Merci Giorgio, la plateforme de ce Grecale, qui tire son nom d'un vent italien, une tradition maison. Ce châssis est en fait un pur produit de la maison Alfa Romeo ou il équipe la Giulia et le Stelvio. Mais la marque milanaise ayant décidé de l'abandonner, Maserati a sauté sur l'occasion, et bien lui en a pris.
La longueur du Grecale (4,84 m) serait excessive pour une auto sportive ? Giorgio s'en charge et danse entre les virages. Un SUV plus petit que le Levante est forcément moins habitable ? L'empattement de 2,90 m du "petit" fait la part belle aux passagers arrière et à leurs affaires casés dans les 535 l du coffre. Car si le Levante mesure 15 cm de plus, il a surtout un capot plus long, ce dont L'habitabilité se moque bien. Résultat : elle est approximativement identique entre les deux modèles. En plus, le Grecale a un petit plus que nous ne pouvons dévoiler dès à présent : une planche de bord high-tech flambant neuve en rupture totale avec celles à laquelle la marque de Modène nous a habitués. Pour autant, cette nouvelle planche dispose de quelques ingrédients à même de rallier les puristes du Trident. Pour la découvrir, et découvrir l'auto définitive, rendez-vous au printemps.
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