Les trois quarts des grandes entreprises hors la loi
D'après l'ONG Transport et Environnement, 75 % des grandes entreprisse ne respectent pas leurs obligations légales d’électrification de leurs parcs automobiles. Soit 15 % de plus qu’en 2023. Explications.
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Pour la troisième année consécutive, l’ONG Transport & Environment publie un rapport sur le respect des objectifs d'électrification des flottes des grandes entreprises inscrits dans la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM).
Fort est de constater que « la tendance des années précédentes se confirme. D'un côté, une minorité d'entreprises déjà fait sa transition électrique. De l'autre, un large bloc n’est pas au rendez-vous » souligne l'auteur du rapport, Léo Larivière, Responsable transition automobile T&E France.
Un manque d'implication
D’après T&E, 75 % des 3 700 entreprises de 100 véhicules ou plus assujetties à la LOM, ne respectent pas leur engagement légal. Soit, 15 % de plus que l’année précédente. La modification des quotas de véhicules à faibles émissions à intégrer dans le renouvellement des flottes (20 % en 2024 vs 10 % en 2023) peut, en partie, expliquer cette hausse. L’ONG préfère pointer « les retardataires » attentistes. Près de la moitié des sociétés concernées (45 %) « ancrées dans un modèle tout thermique, n’ont immatriculé aucun véhicule électrique en 2024 » soupire Léo Larivière.
À l’opposé les 25 % de « leaders », comme les appelle T&E, montrent que l’électrification est avant tout « une question d’engagement et non un problème d’obstacle ou de contrainte technique » selon Léo Larivière. L’ONG en veut pour preuve l’exemple d’entreprises d’un même secteur d’activité, « confrontées aux mêmes défis opérationnel » mais aux « performances diamétralement opposées ».
Un frein plus psychologique que technique
Dans les télécoms, Orange affiche un taux d’électrification de 41 %, alors qu’Altice ne dispose selon le rapport d'aucun véhicule électrifié en parc. Dans le secteur du leasing, le Crédit Agricole est à 36 % de véhicules électriques, quand le groupe BPCE plafonne à 8 %. Du côté des loueurs autos de courte durée, le groupe corse Filpar dispose de 17 % de véhicules à faibles émissions en parc, là où les géants du secteur, comme Enterprise, Europcar, Sixt et Hertz, en comptent 1 % à 4 %. Le constat vaut aussi pour les groupes publics. La Poste dispose de 72 % de véhicules électrifiés quand la SNCF, n’en a que 6 %.
Réformer la loi
T&E constate qu’en 2024, la part de marché de l’électrique plafonne à 12 % des véhicules neufs pour les grandes flottes « réelles » visées par la LOM et même à 3 % pour les groupes de location de courte durée. Les groupes détenant une ou plusieurs sociétés de leasing s’en sortent mieux, grâce également aux clients particuliers, avec une électrification moyenne à 18 %. Le rythme d’électrification des groupes visés par la LOM est donc largement inférieur à celui des ménages (20 %) et des administrations (26 %), qui continuent de porter la transition du marché des véhicules neufs, d'après le rapport de l'ONG..
Afin d'accélerer le verdissement des flottes, Transport & Environment milite pour une réforme de la LOM. T&E soutient le projet de loi déposé par les députés Gérard Leseul et Jean-Marie Fiévet, mais alerte contre la tentation d’introduire trop d’exemptions au cours de la discussion parlementaire, en particulier l'exclusion des sociétés de location longue et courte durée du champ d’action de loi. « Cela reviendrait à réduire fortement son périmètre d’application», justifie Léo Larivière.
Les grandes flottes visées par la LOM « mettent en circulation les deux tiers (66 %) des voitures et utilitaires neufs » remarque T&E. De quoi alimenter le marché de l’occasion et permettre la démocratisation de l’électrification du parc national.
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