Les perles du Mans Classic 2025 : Peugeot 504
Comment une berline aussi bien vendue peut-elle être considérée comme une perle ? c’est simple : les belles Peugeot 504 ont déserté les routes, aussi était-ce une sacrée surprise que d’en débusquer une en super état dans le parking manceau.

Autant la 404 demeurait techniquement proche de la 403, autant la 504 a effectué un sacré bond en avant technologique. Lancée à la rentrée 1968, la nouvelle familiale de Peugeot se signale d’abord par sa ligne moderne. Due en grande partie à Pininfarina, cette carrosserie étonne par sa poupe bossue et surtout son museau (dessiné en interne) dont le regard va influer sur les productions sochaliennes pendant des décennies !
Si la 504 récupère le bloc de la 404 en en portant la cylindrée à 1,8 l, elle s’en distingue totalement par son train arrière. En effet, celui-ci se pare de roues indépendantes et soigneusement guidées par deux gros bras obliques. Pas du tout un essieu brisé à la Mercedes, plutôt un raffinement façon BMW. En découle pour la française une excellente tenue de route doublée d’un confort moelleux sur tous les revêtements. La 504 se dote aussi de quatre freins à disques, une particularité pas si courante à l’époque. Face à la 404, l’habitabilité progresse, tout comme la finition, en clair, la 504 monte d’une gamme. Elle est par ailleurs élue Voiture de l'année 1969.

Vendue à un prix correctement placé, celle-ci, proposée en carbu (87 ch SAE) et Injection (103 ch SAE) remporte rapidement un grand succès et entame une carrière invraisemblable. Elle n’a pas de rivale directe dans la production française, la R16 étant un cran en-dessous sur le marché, tout comme la Simca 1500, alors que la Citroën DS, perçue comme trop complexe, rebute la clientèle assez traditionnaliste de Peugeot. Dès 1970, la 504 passe à 2,0 l (93 ch et 104 ch DIN), puis gagne le fameux diesel Indenor en 2,1 l (65 ch) et se décline en break/familiale. La Peugeot, désormais réputée fiable, renforce sa réussite commerciale (passant les 300 000 unités annuelles), en France, en Europe et en Afrique. Elle se débrouillera bien aux USA également.

Les évolutions seront constantes : citons notamment l’apparition des aérations sur les montants arrière en 1972, les appellations GL et TI en 1973 (le levier de vitesses migre alors au plancher), en 1975, les poignées de porte s’encastrent et les clignos virent au blanc, alors que la puissance des GL et TI grimpe respectivement à 96 ch et 106 ch. Au fait de sa gloire, la 504 poursuit ses nombreuses petites retouches (vitres électriques sur TI en 1976, alors que la GLD passe à 2,3 l et 70 ch), mais 1979 marque un tournant. En effet, Peugeot lance la 505, censée remplacer la 504 dont elle reste proche mécaniquement.

Cette dernière simplifie son offre, en ne retenant que le petit 1,8 l allié à un essieu arrière rigide sur les berlines (nommées GR et SR), le break conservant le 2,0 l. D’ailleurs, seules les variantes utiles voire utilitaires resteront en vente après 1983, le pick-up demeurant au programme jusqu’en 1996… en France ! Car à l’étranger, notamment au Kenya et en Argentine, la 504 durera jusqu’en 2001. Plus de 3,7 millions d’unités seront produites, record battu tardivement par la 205. Déclinée en coupé et cabriolet dès 1969 (le premier inaugurera le PRV en 1974), la 504 a aussi servi de base à la 604. Pourquoi n’en voit-on plus ?

Si fiable ait-elle été, la Peugeot souffrait d’une grande sensibilité à la rouille, et celles qui n’y ont pas succombé ont été usées jusqu’à la corde, accumulant les centaines de milliers de kilomètres. Les taxis lui doivent une fière chandelle, mais moins que Peugeot, dont elle a renforcé la prospérité aussi bien que l’image. Promis, un jour, on vous offrira un dossier détaillé sur la mythique 504, qui demande 8 000 € minimum en bon état.
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