Le Can Am Canyon est un trois roues pour mille et un chemins ?
Avec le Canyon, Can-Am s’attaque à un segment encore vierge : l’aventure tout-terrain à trois
roues. Des prestations premium mais aussi atypiques et clivants, ce trike baroudeur bouscule les
codes. Essai entre bitume et caillasse.

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Note
de la rédaction
13,5/20
Si un Can-Am Spyder RT avait pu se reproduire avec une BMW 1250 GS, alors il y a fort à
parier que le fruit de cette union aurait donné naissance au Can-Am Canyon. À travers le
Canyon, le constructeur canadien entend séduire une clientèle qui ne se reconnaît plus ni dans la moto routière classique, ni dans les trails toujours plus lourds et sophistiqués. Ici, le pari est clair : offrir l’esprit de l’aventure — grands espaces, bagagerie, ergonomie GT — dans un format plus stable, plus sécurisant, mais aussi plus atypique. Le Canyon vise autant les anciens motards que les curieux venus de l’automobile. Car oui, ce dernier ne fait pas exception à la règle : tout comme ses confrères de la gamme 3-roues, ce nouveau tricycle baroudeur pourra être conduit avec le permis B (à condition d’avoir 21 ans et d’avoir effectué la formation 3-roues de 7h).
Can-Am reprend les ingrédients qui ont fait le succès de ses Spyder et Ryker : assise
confortable, moteur Rotax, stabilité et assistances pour vous faciliter la vie (ou pas), mais les
transpose dans une machine pensée pour explorer. Si l’idée est séduisante, reste à voir ce que
ça donne sur la route… et en dehors.
Look et finition : une influence germanique indéniable
Quand au début de cet essai nous avons fait référence à une BMW GS, c’est justement parce
que visuellement, Can-Am ne s’en cache pas : le but était pour eux de s’inspirer du look
baroudeur des allemandes. Et effectivement, l’habillage de type alu brossé de chaque côté
du véhicule pourrait par exemple faire penser au réservoir cubique de la nouvelle 1300 GSA.
D’ailleurs, comme on sait que cette dernière ne fait pas l'unanimité esthétiquement, on
comprend donc que le Canyon ne cherche pas à séduire tout le monde, mais à affirmer un
usage. Garde au sol plus élevée que ses congénères, pneus mixtes, valises en alu (sur XT et
Redrock), pare-brise réglable : tout respire le véhicule trail haut de gamme.
Côté finition, on est plus proche d’une routière premium que d’un quad de randonnée. Même
certaines pièces comme les protège-mains ou les commodos ne manquent pas de raffinement,
et les ajustements apparaissent plutôt sans défaut. La machine semble donc prête à encaisser
les kilomètres et les mauvais traitements.
Ergonomie : plaisir solitaire, à voir en duo
En solo, la position de conduite est excellente. Le guidon est haut, les jambes sont bien
posées sur des repose-pieds larges de type piège à loup, et la possibilité de rouler debout
est réelle, un aspect bien surprenant sur un trike ! Cette position est d’ailleurs rendue agréable
grâce à l’adoption de rehausses pour le guidon (+143 mm). Cela permet d’avoir les bras à 90
degrés en position assise mais lorsqu’on se lève, ceux-ci ne sont pas trop tendus non plus. La
selle, même si elle est ferme, reste accueillante.

En duo, cela semble plus discutable : en s’asseyant sur la place passager à l'arrêt, on a pu
noter que les jambes sont un peu repliées et l’espace entre les deux occupants est assez
compté. Pour de très longues étapes à deux, ça risque de coincer. En revanche, les versions
XT et Redrock offrent un vrai dosseret passager .
Moteur : souple mais trop sage
Le Canyon est mué par le 3-cylindres Rotax de 1330 cm³ qu’on connaît déjà sur les Spyder.
Quand on le démarre, la bande-son de ce moteur libère une mélodie rauque typique d’un 3
cylindres comme on en connaît déjà plein dans la production. De plus, lorsqu'on lit la fiche
technique de ce dernier, on se dit qu’il va s’agir d’un moulin pétillant. En effet, il développe 115
chevaux à 7 250 tr/min et 130 Nm de couple à 5 000 tr/min, donc largement de quoi procurer
des petites sensations d’accélération. Pourtant en pratique il manque un peu de caractère. Les
relances sont honnêtes, le couple arrive tôt, mais l’ensemble reste très linéaire et très
prévisible.Ce n’est pas un défaut en soi : l’usage ciblé par le Canyon n’est pas sportif. Mais on
aurait aimé un peu plus de fun.

La boîte semi-automatique est agréable car elle vous facilite bien la vie. Vous n’aurez
finalement qu’à vous occuper de passer les rapports en appuyant sur la gâchette “+” car cette
transmission intelligente rétrogradera toute seule quand elle détectera des descentes en
régime trop importantes. Vous aurez bien entendu la possibilité de rétrograder quand vous le
voudrez mais on a remarqué que la boite mettait un court instant à verrouiller la vitesse
inférieure vous laissant donc en roue libre l’espace d’une seconde. Les 6 vitesses tirent
toutes globalement long mais sur les 3 premières, il ne faudra pas hésiter à passer sur la
vitesse supérieure avant les 5 000 tours. Autrement, le moteur va commencer à émettre des
vibrations pas forcément agréables.

Confort et suspensions : merci le Redrock
Avec 260 mm à l’avant et 235 mm à l’arrière, le Canyon possède le plus grand débattement
par rapport aux autres 3-roues du catalogue Can-Am. Les suspensions Sachs sur la version de
base et la XT sont équipées d’un système de précharge automatique aussi appelé
“self-leveling”. Ce dernier permet au trike québécois d’être maintenu à une hauteur
constante. La version Redrock va encore plus loin avec ses KYB Smart-Shox semi-actives.
Celles-ci sont indexées par des modes d’amortissements qu’on peut directement paramétrer
depuis le menu des modes conduites. Il en existe 3 (Confort, Sport et Rally).

En pratique, c’est surtout le Redrock qui se démarque : les différents modes d’amortissements
apportent une petite dose de confort qui n’est pas négligeable en fonction de la conduite et du
revêtement de la route que vous arpenterez. La version de base, elle, tape un peu à l’arrière sur
les gros chocs et souffre d’une calibration moins aboutie.
Freinage : tapez du pied
En cas d'imprévu, vous pourrez compter sur un freinage couplé puissant signé Brembo. Il
faudra simplement s’accoutumer au fait que la seule et unique commande de frein se trouve au
niveau du pied droit. Pas forcément simple au début de doser le mordant des deux étriers 4
pistons qui peuvent vite devenir agressifs si vous appuyez trop fort sur la pédale. Mais ne vous
inquiétez pas, on s’y habitue assez vite globalement.
Norme Euro 5 +, le Canyon a bien évidemment un système d’ABS non déconnectable. Il est
vrai qu’en théorie, pour faire du chemin, on aurait aimé qu’il soit déconnectable. Mais
rassurez-vous, cette assistance est assez permissive. Il vous faudra appuyer vraiment de
manière brutale pour que celle-ci vienne à se déclencher.
Assistances électroniques : tout est présent, parfois trop
Modes de conduite, ABS, antipatinage, direction assistée variable… Can-Am a tout mis dans
le Canyon. Mention spéciale au mode Rally, qui desserre légèrement les aides pour permettre
un pilotage légèrement plus engagé.
Mais dans certains cas, on aimerait pouvoir totalement désactiver les aides, ne serait-ce que pour faire glisser l’arrière sur chemin sec ou humide. Et ce n’est malheureusement pas possible.
Ici ce n’est pas le traction control qui pose problème. Ce dernier est plutôt permissif en fait.
C’est finalement le Système de Controle de Stabilité (SCS). Cette assistance intervient en
fonction de la compression qui est exercée sur les suspensions avant. Il suffit donc d’arriver un
peu fort dans un virage pour que l'électronique coupe subitement toute la puissance. Un coup à
se prendre le guidon dans le ventre tellement les coupures sont brutales. Vous pourrez limiter
cet effet grâce aux amortisseurs pilotés de la Redrock. Activez le mode de suspension
“Sport” pour les raffermir afin d’atteindre la limite fixée par le SCS moins rapidement.

Par ailleurs, Saluons la présence d’une marche arrière accompagnée d’une caméra de recul
sur le Redrock. Celle-ci manque un peu de définition mais elle reste assez pratique tout de
même lors des marches arrière.
Commandes et tableau de bord : bien pensés mais perfectibles
L’écran tactile de 10,25 pouces est superbe : lisible, bien pensé et même compatible CarPlay
(à condition que vous ayez un casque bluetooth synchronisé avec votre téléphone). Les
menus sont clairs et la navigation à travers ceux-ci est logique. On regrette néanmoins que ce
bel ordinateur de bord lague quelque peu au démarrage. En effet, au moment de tourner la
clé dans le contacteur, il se passera un petit laps de temps avant que la dalle ne s’allume.
Les commodos sont plutôt bien disposés, même si certains boutons (comme celui des
clignotants) sont petits et manquent de feedback. On a du mal à ressentir si on a bien activé
ou non le clignotant. La commande du klaxon et celle des clignotants se chevauchent un peu
aussi d’ailleurs : il nous est arrivé à plusieurs reprises d’appuyer sur le klaxon au lieu de
pousser l'interrupteur des clignos.
On aurait donc aimé avoir un vrai retour haptique sur certaines commandes.
Aspects pratiques : modularité et emport à leur paroxysme
Le Canyon veut pouvoir vous emmener jusqu’au bout du monde. Et pour ce faire, le dernier
3-roues de chez Can-Am se doit d’être pourvu en aspect pratique. C’est pourquoi la nouveauté embarque des fonctionnalités de série telles qu’une boîte à gants située juste au-dessus du tableau de bord. Elle est accessible et s’ouvre facilement même avec vos gants. Et par-dessus le marché, elle intègre une prise USB-A afin de pouvoir recharger votre téléphone. Des
poignées chauffantes pour le pilote et le passager sont présentes de série sur les modèles XT
et Redrock. Ces deux versions proposent aussi un kit de bagagerie en alu compris à la sortie
de la concession. Si les valises latérales et le top-case offrent une capacité de chargement plus
que conséquente (126 L), on a observé que le système de fermeture n’était pas très costaud.
L’autre point pratique et sympa sur le Canyon c’est le système LinQ. Ce sont les 21 points
d’ancrage dispersés un peu partout sur le véhicule qui permettent de fixer en clin d'œil tout un tas d’accessoires comme un support de GoPro pour filmer vos virées dans la pampa. Vous aurez aussi la possibilité d’utiliser plusieurs points pour fixer des espaces de rangements
supplémentaires.
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