Si un Can-Am Spyder RT avait pu se reproduire avec une BMW 1250 GS, alors il y a fort àparier que le fruit de cette union aurait donné naissance au Can-Am Canyon. À travers leCanyon, le constructeur canadien entend séduire une clientèle qui ne se reconnaît plus ni dans la moto routière classique, ni dans les trails toujours plus lourds et sophistiqués. Ici, le pari est clair : offrir l’esprit de l’aventure — grands espaces, bagagerie, ergonomie GT — dans un format plus stable, plus sécurisant, mais aussi plus atypique. Le Canyon vise autant les anciens motards que les curieux venus de l’automobile. Car oui, ce dernier ne fait pas exception à la règle : tout comme ses confrères de la gamme 3-roues, ce nouveau tricycle baroudeur pourra être conduit avec le permis B (à condition d’avoir 21 ans et d’avoir effectué la formation 3-roues de 7h).Can-Am reprend les ingrédients qui ont fait le succès de ses Spyder et Ryker : assiseconfortable, moteur Rotax, stabilité et assistances pour vous faciliter la vie (ou pas), mais lestranspose dans une machine pensée pour explorer. Si l’idée est séduisante, reste à voir ce queça donne sur la route… et en dehors.Quand au début de cet essai nous avons fait référence à une BMW GS, c’est justement parceque visuellement, Can-Am ne s’en cache pas : le but était pour eux de s’inspirer du lookbaroudeur des allemandes. Et effectivement, l’habillage de type alu brossé de chaque côtédu véhicule pourrait par exemple faire penser au réservoir cubique de la nouvelle 1300 GSA.D’ailleurs, comme on sait que cette dernière ne fait pas l'unanimité esthétiquement, on comprend donc que le Canyon ne cherche pas à séduire tout le monde, mais à affirmer un usage. Garde au sol plus élevée que ses congénères, pneus mixtes, valises en alu (sur XT et Redrock), pare-brise réglable : tout respire le véhicule trail haut de gamme.Côté finition, on est plus proche d’une routière premium que d’un quad de randonnée. Même certaines pièces comme les protège-mains ou les commodos ne manquent pas de raffinement, et les ajustements apparaissent plutôt sans défaut. La machine semble donc prête à encaisser les kilomètres et les mauvais traitements.En solo, la position de conduite est excellente. Le guidon est haut, les jambes sont bien posées sur des repose-pieds larges de type piège à loup, et la possibilité de rouler debout est réelle, un aspect bien surprenant sur un trike ! Cette position est d’ailleurs rendue agréable grâce à l’adoption de rehausses pour le guidon (+143 mm). Cela permet d’avoir les bras à 90 degrés en position assise mais lorsqu’on se lève, ceux-ci ne sont pas trop tendus non plus. La selle, même si elle est ferme, reste accueillante. En duo, cela semble plus discutable : en s’asseyant sur la place passager à l'arrêt, on a pu noter que les jambes sont un peu repliées et l’espace entre les deux occupants est assez compté. Pour de très longues étapes à deux, ça risque de coincer. En revanche, les versions XT et Redrock offrent un vrai dosseret passager .Le Canyon est mué par le 3-cylindres Rotax de 1330 cm³ qu’on connaît déjà sur les Spyder. Quand on le démarre, la bande-son de ce moteur libère une mélodie rauque typique d’un 3 cylindres comme on en connaît déjà plein dans la production. De plus, lorsqu'on lit la fiche technique de ce dernier, on se dit qu’il va s’agir d’un moulin pétillant. En effet, il développe 115 chevaux à 7 250 tr/min et 130 Nm de couple à 5 000 tr/min, donc largement de quoi procurer des petites sensations d’accélération. Pourtant en pratique il manque un peu de caractère. Les relances sont honnêtes, le couple arrive tôt, mais l’ensemble reste très linéaire et très prévisible.Ce n’est pas un défaut en soi : l’usage ciblé par le Canyon n’est pas sportif. Mais on aurait aimé un peu plus de fun. La boîte semi-automatique est agréable car elle vous facilite bien la vie. Vous n’aurez finalement qu’à vous occuper de passer les rapports en appuyant sur la gâchette “+” car cette transmission intelligente rétrogradera toute seule quand elle détectera des descentes en régime trop importantes. Vous aurez bien entendu la possibilité de rétrograder quand vous le voudrez mais on a remarqué que la boite mettait un court instant à verrouiller la vitesse inférieure vous laissant donc en roue libre l’espace d’une seconde. Les 6 vitesses tirent toutes globalement long mais sur les 3 premières, il ne faudra pas hésiter à passer sur la vitesse supérieure avant les 5 000 tours. Autrement, le moteur va commencer à émettre des vibrations pas forcément agréables. Avec 260 mm à l’avant et 235 mm à l’arrière, le Canyon possède le plus grand débattement par rapport aux autres 3-roues du catalogue Can-Am. Les suspensions Sachs sur la version de base et la XT sont équipées d’un système de précharge automatique aussi appelé “self-leveling”. Ce dernier permet au trike québécois d’être maintenu à une hauteur constante. La version Redrock va encore plus loin avec ses KYB Smart-Shox semi-actives. Celles-ci sont indexées par des modes d’amortissements qu’on peut directement paramétrer depuis le menu des modes conduites. Il en existe 3 (Confort, Sport et Rally).En pratique, c’est surtout le Redrock qui se démarque : les différents modes d’amortissements apportent une petite dose de confort qui n’est pas négligeable en fonction de la conduite et du revêtement de la route que vous arpenterez. La version de base, elle, tape un peu à l’arrière sur les gros chocs et souffre d’une calibration moins aboutie.En cas d'imprévu, vous pourrez compter sur un freinage couplé puissant signé Brembo. Il faudra simplement s’accoutumer au fait que la seule et unique commande de frein se trouve au niveau du pied droit. Pas forcément simple au début de doser le mordant des deux étriers 4 pistons qui peuvent vite devenir agressifs si vous appuyez trop fort sur la pédale. Mais ne vous inquiétez pas, on s’y habitue assez vite globalement. Norme Euro 5 +, le Canyon a bien évidemment un système d’ABS non déconnectable. Il est vrai qu’en théorie, pour faire du chemin, on aurait aimé qu’il soit déconnectable. Mais rassurez-vous, cette assistance est assez permissive. Il vous faudra appuyer vraiment de manière brutale pour que celle-ci vienne à se déclencher. Modes de conduite, ABS, antipatinage, direction assistée variable… Can-Am a tout mis dans le Canyon. Mention spéciale au mode Rally, qui desserre légèrement les aides pour permettre un pilotage légèrement plus engagé. Mais dans certains cas, on aimerait pouvoir totalement désactiver les aides, ne serait-ce que pour faire glisser l’arrière sur chemin sec ou humide. Et ce n’est malheureusement pas possible. Ici ce n’est pas le traction control qui pose problème. Ce dernier est plutôt permissif en fait. C’est finalement le Système de Controle de Stabilité (SCS). Cette assistance intervient en fonction de la compression qui est exercée sur les suspensions avant. Il suffit donc d’arriver un peu fort dans un virage pour que l'électronique coupe subitement toute la puissance. Un coup à se prendre le guidon dans le ventre tellement les coupures sont brutales. Vous pourrez limiter cet effet grâce aux amortisseurs pilotés de la Redrock. Activez le mode de suspension “Sport” pour les raffermir afin d’atteindre la limite fixée par le SCS moins rapidement.Par ailleurs, Saluons la présence d’une marche arrière accompagnée d’une caméra de recul sur le Redrock. Celle-ci manque un peu de définition mais elle reste assez pratique tout de même lors des marches arrière.L’écran tactile de 10,25 pouces est superbe : lisible, bien pensé et même compatible CarPlay (à condition que vous ayez un casque bluetooth synchronisé avec votre téléphone). Les menus sont clairs et la navigation à travers ceux-ci est logique. On regrette néanmoins que ce bel ordinateur de bord lague quelque peu au démarrage. En effet, au moment de tourner la clé dans le contacteur, il se passera un petit laps de temps avant que la dalle ne s’allume.Les commodos sont plutôt bien disposés, même si certains boutons (comme celui des clignotants) sont petits et manquent de feedback. On a du mal à ressentir si on a bien activé ou non le clignotant. La commande du klaxon et celle des clignotants se chevauchent un peu aussi d’ailleurs : il nous est arrivé à plusieurs reprises d’appuyer sur le klaxon au lieu de pousser l'interrupteur des clignos. On aurait donc aimé avoir un vrai retour haptique sur certaines commandes.Le Canyon veut pouvoir vous emmener jusqu’au bout du monde. Et pour ce faire, le dernier 3-roues de chez Can-Am se doit d’être pourvu en aspect pratique. C’est pourquoi la nouveauté embarque des fonctionnalités de série telles qu’une boîte à gants située juste au-dessus du tableau de bord. Elle est accessible et s’ouvre facilement même avec vos gants. Et par-dessus le marché, elle intègre une prise USB-A afin de pouvoir recharger votre téléphone. Des poignées chauffantes pour le pilote et le passager sont présentes de série sur les modèles XT et Redrock. Ces deux versions proposent aussi un kit de bagagerie en alu compris à la sortie de la concession. Si les valises latérales et le top-case offrent une capacité de chargement plus que conséquente (126 L), on a observé que le système de fermeture n’était pas très costaud.L’autre point pratique et sympa sur le Canyon c’est le système LinQ. Ce sont les 21 points d’ancrage dispersés un peu partout sur le véhicule qui permettent de fixer en clin d'œil tout un tas d’accessoires comme un support de GoPro pour filmer vos virées dans la pampa. Vous aurez aussi la possibilité d’utiliser plusieurs points pour fixer des espaces de rangements supplémentaires.