La supercar Yamaha existe, ou du moins a failli exister
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Le fabricant de motos a fait des incursions dans l'automobile, pour d'autres marques, mais il a également créé lui-même une supercar dans les années 90. Mais la crise japonaise a eu raison de cette ox99-11, de toute façon difficile à mener sur la route, car trop proche de la Formule 1.

On connaît ses motos et, à la rigueur, ses pianos et ses chaînes hi-fi, un truc que les moins de 20 ans n’ont jamais entraperçu. Mais l’on sait beaucoup moins que Yamaha a aussi tenté de faire une incursion dans l’automobile, et plus spécialement au royaume des supercars. Sauf que si l'on l’ignore souvent cette démarche, c’est parce que la tentative a été un énorme échec.
En fait, la marotte de l’auto, chez Yamaha, remonte aux années 60. Dès cette époque, le constructeur dispose d’un département dédié qui sous-traite des projets plutôt pointus aux marques qui le souhaitent. C’est ainsi que dès 1965, les ingénieurs développent un petit coupé sportif commandé par Mazda. Mais au final, l’affaire ne se fait pas et Yamaha, avec son prototype sous le bras, va sonner à la porte de Toyota. Top-là, le géant signe et, en 1967 est lancée la 2 000 GT.
Une expérience en F1 pas très concluante
Le service auto va s’endormir pendant quelques années avant de renaître, avec des envies de gloire, en visant le sommet : la Formule 1. Sauf que le sommet est difficile à atteindre. Première tentative, et premier échec, avec le team allemand Zakspeed. Le Japonais ne renonce pas et va fournir un moteur à Brabham, très mal en point en ces années-là. Mais quand ça veut pas, ça veut pas. Nouvel essai avec Jordan, cette fois-ci, en 1992. Au menu : un V8 de 3,5 l, conforme à la règle en vigueur. Jordan finira en onzième position du championnat du monde des constructeurs cette année-là.
Le bilan est donc plus que mitigé, ce qui n’empêche pas Yamaha, en parallèle, d’avoir une nouvelle idée dès 1991: créer une Formule 1 de route. Une hypercar en somme, puisque c’est la mode à ce moment-là. Pour commencer, le Japonais lui trouve un nom, en fait un simple code : ox99-11.

Mais si Yamaha est avant tout un motoriste, il sait s’entourer. Pour le châssis, il sera construit en Angleterre, à Milton Keynes dans l’ancienne usine Brabham. Patronage de F1 oblige, il sera entièrement en carbone, c’est solide, léger et très cher, mais quand on aime on ne compte pas. Le design quant à lui, est tout aussi anglais. C’est Ypsilon Technology (filiale de Yamaha) qui s’en charge, ce qui tombe bien : le bureau d’études est à Bicester, à seulement 40 minutes de l’atelier qui s’occupe du châssis.
Le dessin de l’ox99-11 ne cherche pas l’esthétisme à tous crins, il veut rappeler le sport auto, et comme c’est une auto fermée, avec une bulle, on pense évidemment à l’endurance. À l’intérieur, on est loin du monospace. Le conducteur – pilote est placé en position centrale et, pour les cas exceptionnels, un petit strapontin, placé derrière son baquet, permet à un passager de s’installer très inconfortablement. Sommet du luxe : la clim est de série et la bulle en plexi est recouverte de céramique (à l'intérieur) pour éviter au conducteur d’avoir trop chaud.
En 1992, le Japon connaît la crise
Côté moteur, Yamaha opte pour son V8 de F1 à 60 degrés. Il est donné pour « plus de 400 ch », on n’en saura guère plus, mais certains journalistes anglais lui ont attribué 660 ch, avec un rupteur à 11 000 tours. Pas mal, d’autant que l’auto ne dépasse pas 1 100 kg, merci le carbone. En 1992, la ox99-11 est donc prête, elle est même catalysée pour recevoir l’homologation route. Trois prototypes sont construits et 3 000 km de tests sont engrangés.
Sauf que la même année, le Japon connaît sa crise la plus grave depuis trente ans. L’indice Nikkei perd la moitié de sa valeur, et la croissance est à l’arrêt. Chez Yamaha comme dans toutes les entreprises japonaises, on se met au régime sec, on abandonne des projets et l’ox99-11 passe à la trappe.

Les mauvaises langues diront que la crise a bon dos et que la supercar Yamaha était mal née, que sa boîte 6 manuelle était mal réglée et que la direction, à un tour de butée et sans assistance, la rendait impossible à mener dans la circulation. Quoi qu’il en soit, ce projet a sonné le glas de l’incursion de la marque dans l’automobile. Il y aura bien une autre auto Yamaha, présentée en 2015 au salon de Tokyo. Le Sport ride, un petit coupé malin de 750 kg seulement, avec un moteur de 100 ch. Mais l’engin ne dépassera jamais le stade du concept, et très vite, le patron de la maison décidera de l’abandonner. Fini de jouer.
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