Essai - Yamaha Tracer 9 : l'imparfait du subjectif
Il y a peu, nous étions au guidon de la Tracer 9 GT. Cette fois, nous prenons en mains la version simple et simplifiée. Bourrée de talent elle a la force de ses défauts et inversement. La Tracer 9 n'est pas une MT-09 modifiée pour acquérir des capacités routières, elle est une moto à part. À part dans la production, à part dans sa catégorie, et à part au sein même de sa propre famille. On en discute ?
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Note
de la rédaction
14,9/20
Note
des propriétaires
Si vous avez suivi l'actualité moto sur Caradisiac, vous avez sûrement déjà lu l'essai de la Tracer 9 GT. Vous vous demandez alors peut-être alors pourquoi nous consacrons aujourd'hui un nouvel article à la nouveauté 2021. Tout simplement parce que ces deux motos sont peut-être sœurs, peut-être jumelles, elles n'en sont pas moins très différentes dans le fond et comme dans la forme.
Déjà, la Tracer 9 ne propose ni les valises, ni les suspensions électroniques, apanage de la baroudeuse. Elle, la Tracer 9, est davantage un supermotard qui ne dit pas son nom, tout en conservant les atours d'un roadster, à commencer par une ergonomie et des caractéristiques (poids, puissance, motorisation). Pour autant, elle propose une position de conduite, et surtout une conduite que l'on peut aisément rapprocher de celles d'une supermoto. Explication.
Un trail à la sauce Supermot'
Si elle n'est pas très haute de selle - d'autant moins qu'il est possible de régler mécaniquement la hauteur de l'assise sur deux positions et de gagner 15 mm en passant de 825 à 810 mm, elle réserve tout de même son assise ferme à des jambes assez longues et des physiques affichant plus d'1,70 m. Cela dit, l'étroitesse de l'arcade de selle, tout comme l'enfoncement des suspensions, permettent de se sentir à l'aise même si l'on est court sur pattes. Plus en tout cas que sur la GT. Et c'est un premier pas vers une autre forme de Tracer. Assis en position dominante, bien installé derrière une ample bulle relevable mécaniquement via une pince, on se dit que l'on est en mesure d'affronter sereinement les kilomètres. Mais alors pourquoi sommes-nous en train de dire qu'elle est supermotard, cette moto ? Cela, vous le découvrirez dans l'essai dynamique. Pour l'heure, continuons la revue de détail.
La Tracer 9 est une moto mettant particulièrement à l'aise. Ne serait-ce l'ergot de la béquille centrale, qui rentre immédiatement en conflit avec le talon des grandes pointures ou dès lors que l'on veut mettre les pointes de pied sur les repose-pieds caoutchoutés, on ne relève aucune fausse note. Même le guidon a fait le choix de rester assez étroit, plutôt relevé, afin de favoriser la prise en mains et de se montrer reposant sur tout trajet. On apprécie ! Surtout, on profite des repose-mains permettant de faire oublier l'absence des poignées chauffantes. Certes moins couvrants que des modèles off road, ils sont des déflecteurs conçus pour cette moto et laissant l'accès aux molettes de réglage de l'écartement des leviers.
Quant aux commandes à la main, elles tombent sous les doigts, sous le sens, même si la roulette crantée, déjà vue sur la MT-10, rappelle un véritable éperon. Par trop raide à l'utilisation avec des gants fins, on s'imprime les crans dans le pouce au moindre clic. Ouch. Pour le reste, tout est naturel, même s'il faut travailler la souplesse des doigts pour composer avec les nombreux switchs du commodo gauche.
Tracer 9 : une moto à la carte !
La Tracer 9 offre une grande liberté quant à l'exploitation de ses assistances et à celle de son instrumentation en deux écrans séparés. À gauche, les informations de roulage instantanées, à droites, celles de voyage, dites non essentielles, que nous qualifierons de confort. Grâce à sa centrale inertielle (IMU) sur 6 axes (donc dans l'espace comprenant variations horizontales, verticales et longitudinales), la T9 permet à ses assistances d'être actives y compris sur l'angle et surtout de coordonner leur action via un mode de conduite pré sélectionnable dénommé D-Mode. Celui-ci laisse également la possibilité d'un mode personnel le mode M.
L'accélérateur électronique permet d'opter pour l'un des quatre comportements moteur, en jouant sur la réponse à l'accélération et la délivrance de la puissance. Trois exploitent pleinement les 119 chevaux, tandis que le mode "pluie" est le seul à faire chuter la cavalerie disponible. L'instrumentation donne bien entendu accès aux réglages des assistances : contrôle de glisse (SCS), contrôle de lever de roue avant (Lift) proposent ainsi 3 niveaux et pour certains la désactivation, tandis que le contrôle de traction (TCS) complète le tout.
Dans son écran droit, la Tracer 9 permet de choisir des informations affichées. Il devient ainsi un espace dans lequel on place ce que l'on souhaite voir parmi les paramètres contenus dans une liste pré définie. Rien ne manque. Il est même possible de répéter l'information. Température moteur, température extérieure, trips journaliers, totalisateur, indicateurs de consommation (instantanée/moyenne), jauge à essence, on module à volonté.
Peut-être à terme verra-t-on là, comme sur certaines concurrentes, un écran connectable à son smartphone et en mesure de déporter l'affichage d'un GPS ? Pour l'heure, la Tracer 9 demeure une moto sobre et entièrement compréhensible, rapidement exploitable et dédiée à la route et au plaisir de rouler. Et avec son trois cylindres, autant dire qu'il y a de quoi faire.
La modularité atteint également le placement du guidon et celui des repose-pieds. Le cintre est réglable en rapprochement et en hauteur (9 mm et 4 mm) par rapport au conducteur. Une option intéressante pour amplifier le côté sport ou favoriser le côté routier. Cela suffit à influer sur la conduite et sur son style. Quant aux repose-pieds, il est possible de modifier le point d'ancrage des platines et de les remonter de 15 mm. En termes de garde au sol, on y gagne copieusement, tandis que les plus sportifs de posture apprécieront de replier davantage les genoux.
Le fameux moteur trois cylindres CP3 ayant fait la réputation et le succès de la MT 09 et de la Tracer 900 passe à présent Euro5. Il est nourri par un réservoir de 18 litres que Yamaha espère voir prompt à permettre de parcourir près de 350 kilomètres. Le nouveau bloc affiche à présent 889 cm3 contre 847 sur la Tracer 900, 119 CV à 10 000 tr/min contre 115 sur sa devancière et 93 Nm de couple maximal à 7 000 tr/min contre 87,7 auparavant.
Les carters sont encore saillants, mais les grandes jambes ne pourront pas s'en plaindre : les jambes ne les heurtent pas lorsqu'on les pose à l'arrêt, mais ils restent présents. On remarque aussi les commandes aux pieds à la constitution pour le moins surprenante : du métal embouti. Le feeling n'est pas en cause, mais l'aspect visuel surprend. On oublie vite cela dit, d'autres modèles d'autres marques ont fait de même : CB1000 R en tête.
La finition est bonne, seuls quelques scotchs sur les câbles et colliers de serrage surprenants pour un modèle japonais, un passage de durite optimisé, mais pas toujours flatteur peuvent appeler une remarque, mais aucunement une critique. Un Tracer 9, c'est propre, c'est bien fait et ça plaisir à voir.
Dernier point, la Tracer 9 fait comme la MT 9 : elle opte pour un cadre aluminium à la section revue, tandis que les jantes s'allègent elles aussi. Le poids n'est donc pas un problème pour la nouvelle Yamaha : 214 kg tous pleins faits, c'est toujours 1 kg de moins que la GT sans valises et 13 de moins que la version parée de sa bagagerie. La Tracer 9 est légère, qu'on se le dise, une simple manœuvre à l'arrêt le confirme.
L'amortissement est intéressant au niveau de l'amplitude des réglages et des possibilités qu'il offre, notamment au niveau de la pré contrainte du mono amortisseur arrière. L'amortissement qui pêchait par le passé semble bien plus sérieux. Il est en tout cas entièrement revu pour tenir compte des changements opérés en matière de géométrie du cadre.
Il est temps de prendre la route, et d'évaluer les différences avec le modèle GT. Bien sûr, la mise en route ne change rien à ce que nous connaissons déjà. L'échappement sous le moteur entonne le chant caractéristique du CP3, au travers de sa sortie Stéréo. Il paraît que la branche musique a contribué à sa mise au point, on comprend mieux pourquoi la sonorité est profonde et flatteuse.
Petites vérifications, réglage des leviers, du D-Mode, et nous voici en plein dans le sujet. La bulle est placée en bas. Elle est réglable sur 10 positions correspondant à 5 cm de hauteur, histoire de ménager plus ou moins de belles sensations et de fournir quelques impressions de vitesse. L'occasion de vérifier une fois encore combien la notion de parfait, de bon et de bien est subjective, comme nous allons le voir. C'est parti.
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