Le "Motor Valley" italien doit faire face aux droits de douane de Trump
Les nouvelles barrières douanières imposées par les États-Unis pourraient bien secouer jusqu’aux fondations de la Motor Valley italienne. Le 7 août, les droits de douane sur les produits italiens exportés vers les États-Unis sont entrés officiellement en vigueur, conséquence directe d’un accord signé par Donald Trump et Ursula von der Leyen, conclu dans le cadre improbable du club de golf de Turnberry, en Écosse, le 27 juillet. Un pacte aux contours flous, notamment en ce qui concerne le secteur automobile.

Le taux douanier appliqué aux voitures, motos et composants reste fixé à 27,5 %. Pourtant, l’accord écossais évoque une réduction à 15 %, une promesse non encore concrétisée. En attendant une mise en œuvre effective, les constructeurs doivent composer avec cette incertitude stratégique, particulièrement préoccupante pour les fleurons des blasons mécaniques italiens.
Ce retour aux droits de douane rappelle à certains Italiens une époque révolue. « Quand j’étais enfant, j’accompagnais ma mère pour payer les droits de douane sur nos lampes en verre de Murano », se souvient un entrepreneur local. Une époque antérieure à la TVA, entrée en vigueur en 1973, qui souligne le caractère rétrograde de ces nouvelles mesures.
Le chanteur de rock Vasco Rossi, autrefois lié au monde de la moto via le team Aprilia Vasco Rossi Racing, semble avoir résumé cette situation absurde dans ses paroles : « j’aimerais trouver un sens à tout ça, mais il n'y en a pas ». Et les chiffres viennent appuyer ce constat. Selon une estimation d’Unioncamere, ces nouvelles taxes pourraient coûter 1,6 milliard d’euros à l’économie italienne, faire chuter le PIB de 0,5 %, et mettre en difficulté quelque 900 entreprises — notamment dans les secteurs automobile et motocycliste.

Une industrie d’élite en première ligne
La Motor Valley d'Émilie-Romagne, bastion du savoir-faire mécanique italien, exporte chaque année 2,8 milliards de dollars de produits vers les États-Unis. Le marché américain représente à lui seul 33 % des exportations totales et jusqu’à 26 % du chiffre d’affaires de marques prestigieuses comme Ferrari, Maserati, Lamborghini, Pagani, Modena Automobili ou Giamaro. Cela revient à dire qu’une voiture sur quatre produite par ces marques est destinée aux États-Unis.
Même constat dans l’univers des deux-roues : Ducati, MV Agusta, Moto Guzzi, Aprilia et Piaggio génèrent 155 millions de dollars de chiffre d’affaires sur le sol américain. Cela représente 21 % de leurs exportations et 16 % de leurs revenus globaux.
Le PDG de Ferrari, Benedetto Vigna, a été l’un des rares à commenter officiellement la situation. « Nous anticipons une baisse des coûts industriels au second semestre, mais notre stratégie commerciale ne changera pas tant que la réduction des droits de douane à 15 % ne sera pas réellement appliquée. Cela prendra du temps », a-t-il déclaré. En attendant, la marque au Cheval Cabré a commencé à répercuter la hausse des droits sur les factures de ses clients.
Du côté de MotorValley Development, son nouveau président Andrea Pontremoli est resté silencieux. Et pour cause : l’été ne facilite pas la lisibilité des décisions politiques, ni la réactivité des acteurs économiques. Résultat ? Une grande confusion règne, et l’inquiétude monte dans les ateliers comme dans les bureaux des plus grands noms mécanique italiens.

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