2. Essai Yamaha MT-09 2013 : un nouveau standard
Une fois n'est pas coutume et parce qu'il est l'âme de cette nouvelle machine, c'est le moteur de la MT-09 qui attire toute les attentions. Ce trois cylindres en ligne DOHC cube 847cc, et affiche – dans le monde libre et pour 10 kgs de moins qu'une FZ8 - des valeurs maxi bien supérieures : 115 chevaux contre 106 pour la FZ8 et 87,5 Nm contre 82 Nm. En France, les valeurs sont respectivement ramenées à 106 ch et 83 Nm, ce qui ne lui enlève rien de son intérêt.
Et parce que Yamaha a souhaité inscrire ce trois-cylindres dans la lignée du moteur de la R1, dénommé CP4, pour "Crossplane Philosophy 4 " sur la MT-09, il sera baptisé CP3. Même calage du vilebrequin à 120°, ce moteur adopte la même philosophie. Trois cartographies d'injection sont proposées : STD (standard), A et B. Le STD pour une utilisation dite "normale", "A"pour une réponse plus sportive, et le B pour des conditions de pluie, de chaussées dégradées ou en encore d'agglomération.
Le moteur est fixé sur un châssis de type diamant constitué de deux demi-coquilles en alliage coulé, encadrant le CP3. Le bras oscillant type « banane », avec un amortisseur arrière quasi-horizontale, allié à une fourche de 41mm réglable en précharge, et pré contrainte complètent la partie cycle. Si certains jugeront limitées ces options de réglages, elles se justifient par un prix exceptionnellement contenu. A 7 799€ (hors option, 8 299€ avec l'ABS), le prix de cette nouvelle 850 cm3 est particulièrement compétitif. Pour rappel, la Triumph se situe à 7 990€ prix de base. Quand une MV Agusta B3 800 affiche un exorbitant 10 300€.
Donc, sur le papier, c'est non seulement moins cher et mais aussi plus puissant que le 105 ch de la Street Triple. Par contre, comme sur la Triumph , l'ABS reste une option qui devrait arriver avant la fin de l'année.
Niveau esthétique, la MT-09 n'emporte pas tous les suffrages. Même si Yamaha annonce le « côté obscur du Japon », franchement de ce côté-là, on le cherche encore…. Trop discrète pour les uns, dépouillée à l'extrême pour les autres, son dessin nous rappelle presque l'esprit décalé d'un TDR 250 de 1988. Quelque chose à mi-chemin entre le roadster et le supermot. Et si la ligne s'apparente clairement à un roadster, la position de conduite elle, est incontestablement orientée supermotard.
Avec un soupçon de classicisme des années 80 via un phare quasi carrée et légèrement élevé, des ouïes latérales style FZX 750, positionnées le long du réservoir, la MT-09 joue à troubler les cartes. Quand l'arrière intègre tous les nouveaux standards des années 2010. Fin et élancé, il sacrifie sur l'autel du minimalisme toute réelle capacité de rangements. La finition est l'image de sa filiation « MT », c'est à dire excellente.
L'instrumentation se veut conforme à la philosophie générale, minimaliste et fun. Tableau de bord décalé à droite, histoire de se concentrer sur l'essentiel, on lui reprochera bien qu'étant hyper complet, d'être peu lisible au regard de la totalité des infos distillées.
Les commodos ont été modifiés. A gauche, vous trouvez un bouton tout rond, à droite des clignotants, qui vous induira plus d'une fois en erreur, entre klaxonner et indiquer que vous tournez, il faudra choisir…..
A droite, plus de démarreur identifié ; mais le bouton coupe circuit glissant au lieu et place pour faire office de démarreur. Pour le coup astucieux et pratique.
Si le côté obscur nous a échappé niveau esthétique, le « côté fun » nous est apparu comme une révélation : Avec un poids impressionnant de 188 kg, une selle très étroite positionnée à 815 mm du sol, tous les gabarits y trouveront leur compte. On se sent immédiatement à l'aise sur la MT-09. Étroite à l'entrejambe avec un réservoir permettant de maintenir la moto, tout est facile. Le buste droit, les bras légèrement fléchis sur le large guidon permettent un excellent ressenti de la machine, d'autant que, la position proche de la colonne de direction, accentue cette sensation de « sveltesse attitude »…
Car cette MT-09 est proprement enivrante à conduire. Petite et compacte, on a plus l'impression d'être sur un monocyclindre que sur un trois en ligne. Seuls les carters moteurs vous rappelleront que vous êtes sur un 850cm3 de 115ch.
Alors certes et pour être totalement honnête, ces sensations n'ont pas été excellentes au tout début de cet essai, la livraison de la « Dame », s'étant effectuée un mercredi pluvieux pour un essai « in situ » comme ils disent.
Dans ces conditions, en plein trafic parisien, la prise en main a été – comment dire - mitigée.
Tout d'abord, la prise de frein est au début déroutante et manque de progressivité. Sur une fourche un peu molle, sans l'ABS, et dans ces conditions délicates, c'est frayeur assurée. Ajoutez à cela un selle ferme, une gestion des gaz sans aucune subtilité type on/off, et vous avez – en cycle purement urbain, sur chaussée détrempée, dans le trafic infernal de Paris - tous les ingrédients pour faire un portrait salé….. Seul le mode B, permet de gommer quelque peu ces griefs.
Et aussi l'habitude bien évidemment, "Miss" MT 09 ne se livrant pas non plus au premier venu.
A ces griefs, s'oppose la remarquable souplesse du 3-cylindres. Sur le sixième rapport, on peut aisément flirter avec les 1500 tr/min pour repartir jusqu'à 11 000 tr/min sans broncher. La plage d'utilisation de trois cylindres est incroyable. Oubliez le sifflement du 675 de la Triumph, où les bruyantes boites à air, et jouissez d'une traction sans faille, conjuguant douceur et malice. Même si ce moteur respecte strictement les nouvelles normes Euro, il en conserve un bruit magnifique avec un son rauque à partir de 4000 tours. Facile et nullement intimidant, le trois cylindres offre une vraie patate, rageur et coupleux. A tel point que l'avant joue les filles de l'air sans le vouloir. Non, c'est une vraie réussite. Et il est certain que ce trois cylindres n'en restera pas là, tant ses qualités sont grandes.
Car dès lors que les horizons s'élargissent, cette MT09 montre toute sa dimension, avec un sentiment de légèreté totale, de conduite au cordeau et un maximum de contrôle. Le tout agrémenté par un moteur aux très grandes capacités. Elle reste simple et intuitive même pour le conducteur inexpérimenté, agréable à conduire et peu exigeante même lorsque le rythme augmente. Seule une fourche avant perfectible dans ses réglages et ressentis, risque de limiter vos ardeurs. Notamment en courbe, où malgré une garde au sol de folie et une excellente motricité, la moto s'asseye légèrement pour accentuer ce flou de l'avant. De surcroît, les remises de gaz ou les décélérations, difficiles à doser, troublent l'assiette de la moto avec parfois trop de compression et de détente de l'amortisseur arrière, quand un avant plonge exagérément.
Sur notre modèle d'essai, la boîte de vitesses a souffert en mode A de régimes trop élevés en se verrouillant sur chaque rapport, Symptômes qui disparaissaient en mode B. Dysfonctionnement que nous aurons mis sur le dos d'une machine d'essai déjà bien éprouvée….
Quand aux freins, à l'exception d'une attaque un peu vive des deux disques de 298mm, ces étriers sont excellents et proviennent de directement de la R1. Donc avis aux « trappeurs du freinage »…..Endurants, dosables au millimètre, ils ne verrouillent pas la moto qui conserve sa capacité de correction même en cas d'optimisme. Un must de la production japonaise. Qui plus est, les Bridgestone S20 (120/70 et en 180/55) extrêmement neutres, assurent une stabilité et une traction sans faille.
Côtés pratique, la MT-09 fait dans le dépouillé. Yamaha nous propose d'ailleurs une liste d'accessoires pléthoriques qui satisfera les différentes philosophies applicables en la matière.
L'ouverture de selle, qui participe plus au test de Qi qu'autre chose, dévoile après un quart de recherche, un dispositif d'ouverture planqué sous le passage de roue, lui-même dissimulé par un cache derrière la plaque. Qui une fois ouvert, ne laisse apparaître que simple place pour un bloc disque. Dommage.
Enfin, la béquille est fastidieuse en l'absence d'ergots judicieusement placés et la manipuler avec des bottes est une vraie galère. A noter une réelle gène sur le carter droit qui avec son cache plastique, qui vous « épingle » systématiquement le pantalon, accessoire à changer en urgence sous peine de devoir rapiécer sans cesse votre futal. Niveau consommation, nous avons constaté tout au long de la semaine, une consommation moyenne de 6,4L pour un plein de 14 litres.
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