2. Essai Moto Guzzi Aquila Nera: La California qui veut être calife à la place de la Calif
La California chez Guzzi c'est un peu l'icône par excellence. Apparue dans les années 70, ayant séduit en son temps la Police de New York, la plus américaine des italiennes a traversé les âges et les embûches pour crânement poursuivre sa carrière au vingt et unième siècle. C'est avec un 1 064cc qu'elle continue ainsi à tenir sa place dans le paysage et la marque ne pouvait pas l'obérer dans la constitution d'une famille parallèle. Pour le coup, elle s'est dénudée, abandonnant pare-brise et sacoches que l'on pourra récupérer en option pour n'offrir que son corps musclé un tantinet désuet, comme cette béquille latérale qu'il faut aller chercher très loin pour espérer l'effacer. Sinon, il y a toujours une centrale fidèle au poste.
Mais elle s'est aussi par le fait allégée ce qui n'est pas pour déplaire au twin qui peut ainsi mieux respirer sans ses sacs à dos. Dans la fourmilière romaine, la Calif s'en est bien sortie sans jamais assommer son pilote avec ses 250 kilos à sec. Sa mécanique est d'une disponibilité sans faille et lorsque l'on a bien compris le fonctionnement des leviers de vitesse, tout vient naturellement. A ce propos, on rétrograde avec la pointe de la botte et on monte les rapports en donnant des coups de talon. Une gymnastique que l'on assimile assez vite malgré une lutte incessante contre les réflexes pavloviens durant les premiers instants. Au fil des bornes, on finit même par trouver ça confortable, même si quelques faux points morts ont obscurci ça et là le périple.
Côté suspension, c'est un peu rustique mais pas vicieux ni vraiment inconfortable. La Calif ne se désunit pas et le freinage est sans surprise. Il remplit même très bien son office tandis que l'arrière assoit la moto. La position générale est naturelle, les pieds posés sur de véritables marches, si bien qu'il n'est pas question de fatigue à la longue. Même le manque de protection n'a rien de rédhibitoire.
A l'assaut des lacets nous conduisant vers lac de Bracciano, le brêlon surprend en remplissant son office sans moufter. Avec cette Guzzi, on peut attaquer sans avoir le sentiment de mener un camion. Je ne suis pas sûr qu'avec une américaine j'aurais ressenti cette aisance. En faisant une moyenne de l'échelle gabarit, poids et vocation, on peut dire que cette California est joueuse et toute prête à s'encanailler. Le tout dans une enveloppe vintage. Comme quoi, les apparences peuvent être trompeuses.
On finira pas croire que l'aigle n'est pas le symbole qui sied finalement le mieux à la Calif, mais plutôt le Phénix. Celui-là même qui renaît toujours de ses cendres. Pour avoir cet opus chez nous, il faudra débourser quelques 13 490 euros.
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