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2. Essai - Bimota Tesi H2 : ceux qui l'aiment prendront le train (avant)

Essai Bimota Tesi H2

On ne juge pas un livre à sa couverture, tout comme on ne juge pas une moto d'exception à l'aune de sa simple connaissance, à l'image de ce que l'on le ferait pour une moto de "grande production". Non. Non seulement on l'apprécie au regard de son tarif, ou encore de la qualité de son équipement (ici au top de ce que l'on peut trouver de série sur une moto), mais aussi au regard de son exclusivité. De son originalité. Bimota est une marque qui tranche, qui ose. Une de celles qui ne fait aucune concession sur ses ambitions ni sur ses objectifs. Et la Tesi H2 en incarne la quintessence.

Alors le moment venu, plus que de juger, nous avons décidé de partager avec vous ces quelques tours et impressions, d'évaluer les solutions techniques et notamment ce train avant si particulier. Il convient dès lors de se mettre dans un état d'esprit particulier. Déjà, pour ce que l'on sait que cette moto ne se verra probablement pas sur la route, que l'on n'en croisera vraisemblablement jamais et que posséder l'un des 250 exemplaires au monde fait de soi un privilégié, tout comme pouvoir la conduire. Pour autant, elle n'est paradoxalement pas si chère pour une moto unique en son genre et au regard de certaines marques comme Brought Superior, mais elle n'en sera pas moins rare.

Essai Bimota Tesi H2

Nous retrouver sur ce petit circuit de Modene, à l'opposé total de ce que l'on aurait imaginé pour permettre à cette formidable mécanique de développer son plein potentiel, on se demande bien ce que l'on va pouvoir réellement faire, si ce n'est tourner. Et encore. Pour ce qui est de tourner, on ne peut pas dire que la première session nous ait pleinement permis de comprendre le mode d'emploi de la Tesi. Tout juste de saisir les principes de base d'un train avant redoutable d'efficacité.

Déjà, ça braque bien et sans trop de limitation. Surtout, on ne ressent aucun lourdeur excessive malgré la tringlerie. L'impression de traiter directement avec la roue avant est flagrante. Une roue au-dessus de laquelle on est littéralement en apesanteur, tandis que l'on se couche de plus en plus sur le réservoir, les coudes épousant volontiers sa forme. Une chose est certaine cela dit : la Tesi H2 est physique, elle demande de l'engagement avant que ne se débloquent des verrous psychologiques : elle ne se conduit pas comme une autre moto. Malgré son poids annoncé inférieur à celui de la Ninja, il faut s'en occuper, tandis qu'une nette impression de rigidité s'impose, elle aussi. La Tesi H2 est une flèche, un javelot, partant à plus de 130 km/h (seulement) sur un premier rapport des plus courts, avant de déployer son attaque…

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Avec un effet de plongée réduit au minium, mais surtout une géométrie constante du train roulant, y compris au freinage, on peut utiliser d'autant plus volontiers le frein arrière. Au point de se dire qu'une option freinage couplé serait une véritable dinguerie pour ce qui est du pilotage sur une Tesi. On éviterait à la roue arrière de se soulever comme elle le fait, gardant le rail invisible sur lequel on évolue.

Une Tesi H2, c'est une moto à part, donc, avec un véritable mode d'emploi. Si elle est immédiatement exploitable, comprendre ses subtilités et devenir efficace prend plus de 20 km d'apprentissage d'un tracé si technique, mais aisé à retenir. Au point que l'on oublie littéralement de regarder les réglages moteur (en ôtant cela dit le mode Rain mis par défaut par le service technique de la marque). Pour autant, le 1000 compressé ne manque pas de dire qu'il est présent et idéalement réglé pour le terrain de jeu du jour. Jamais trop débordant, juste ce qu'il faut, on regrette simplement qu'il ne nous chahute pas davantage, comme on le sait capable de faire. Mais niveau efficacité, c'est tout bonnement redoutable, preuve que l'électronique Kawasaki et l'architecture Bimota font parfait ménage.

Essai Bimota Tesi H2

C'est d'ailleurs en prenant la KB4 juste après la Tesi H2 que l'on réalise combien la même cylindrée peut bénéficier peut bénéficier de la compression. Cette fameuse main qui vous pousse dans le dos permet d'atteindre plus de 250 km/h dans la minuscule ligne droite d'un peu moins de 500 m (210 km/h pour la KB4 pourtant rondement menée…), le tout sur le 4èeme rapport et tandis que l'on réaccélère extrêmement tôt en sortie du virage la commandant, pouvant passer à plus de 120… On réalise également les qualités de la partie cycle, qui ne semble jamais sollicitée, là où pour passer de manière zélée avec la KB4, il faut tout donner, la Tesi H2 se balade. À condition encore une fois d'accepter quelques saines courbatures le lendemain.

Les pneumatiques de la Tesi H2 en viennent rapidement à demander poliment que l'on se calme, se retrouvant à devoir tracter fort, freiner trèèès fort et tenir bon le pavé. Enfin tenir l'enrobé, au demeurant parfait. Ça glissouille, mais il n'en faudrait pas plus, surtout lorsque l'on commence à pouvoir arriver en glisse de partout et sortir en glisse de l'arrière. Tout doux Jolly Jumper !

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Les sensations incroyables. Surtout lorsqu'elles sont empreintes d'un sentiment de contrôle et de sécurité. On se détend, car les épingles multiples sont une autre paire de manches à négocier. Manches que l'on retrousse volontiers pour les enrouler sans se crisper sur les bracelets en carbone. Deux options. La première : on fait corps avec la moto, en souplesse, on glisse le long de ses flancs en trouvant de nombreux appuis sur les carénages, en "profitant" des mains positionnées très bas sur les poignées, coude et genou comme repères pour aller le plus bas possible, mais sans outrance : les pneumatiques, encore une fois encore demandent à trouver des limites pour ne pas les dépasser.

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Le buste posé sur le réservoir, on comprend qu'il faut aller vite, très vite et l'on ressent aussi les appuis aérodynamiques sur le train avant. On saisit qu'elle pivote et effectue comme un petit saut en guise de transfert de charge et de rotation, le tout autour d'un axe central imaginaire situé sous soi. Et Sinon ? deuxième option : on se "relaxe" dans la mesure du possible. On ne cherche plus la performance, mais à laisser faire la moto tant on sait qu'elle est en mesure de prendre la direction des opérations.

Façon route (en laissant vivre la moto et en la chevauchant, en ne déhanchant plus), on conduit alors en toute fluidité et avec poigne, le buste le plus redressé possible, tout en sachant que le confort est une notion toute relative à bord. Même pour une sportive. Surtout, quelle que soit l'option choisie, on apprend à rentrer en courbe avec un ou deux rapports de plus que ce que l'on aurait imaginé, soudant la poignée d'autant plus volontiers et histoire de gagner en fluidité sans rien perdre en efficacité. La force du moteur et de son efficacité redoutable lisse les courbes, tandis que l'on gagne en efficacité et en vitesse de passage. Dingue.

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Avec une selle à 840 mm de haut, on domine le sujet, on plonge facilement sur une trajectoire, quelle qu'elle soit. Par contre, sur les quelques tours permis, on ne parvient jamais à trouver le point de freinage idéal. Un point repoussé de fois en fois et que seule la dérive de l'arrière lors des grosses prises de levier en dévers font comprendre que l'on peut rentrer de la sorte en courbe, sur les freins ou sans les freins, le tout "à plat", tandis que l'on pousse de plus en plus, freine de moins en moins, de mieux en mieux, de plus en plus tard, alors que l'on se cale de façon optimale, que l'on remet immédiatement les gaz, signe que l'on peut encore faire mieux, du moins jusqu'à ce que l'on reçoive une fois encore quelques alertes de la part des gommes routière par trop chauffées.

Cette moto rend fou, littéralement. Elle bouscule le connu pour entraîner au rythme d'un moteur fantastique et fantasque, dans un univers de nouveaux repères, dans une nouvelle norme. D'une nouvelle qualité. Qualité de toucher de route, de trajectoire, de freinage, bref de vie à moto, laissant quand même part à l'improvisation, ce qui est extrêmement rare à ce niveau de prestation. Une impro essentielle pour ce qui est de pouvoir rouler sur route ouverte comme sur circuit, le temps de comprendre, d'apprendre, de maîtriser. Dès lors, la folie nous guette…

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