Iran : les femmes prêtes à enfourcher la liberté
Et si une simple moto devenait un symbole d’émancipation ? En Iran, les femmes n’ont toujours pas le droit de conduire une moto. Elles peuvent s’asseoir à l’arrière, jamais au guidon. Mais cette fois, les choses pourraient enfin changer.

Après plus de quarante ans d’interdiction, le sujet fait enfin son chemin dans les cercles politiques de Téhéran. Le Parlement iranien étudie un projet de loi visant à autoriser les femmes à conduire des motos, selon le média régional Al-Monitor.
Une évolution longtemps impensable, rendue urgente par une faille juridique mise en lumière par Kazem Delkhosh, haut fonctionnaire du bureau présidentiel chargé des affaires parlementaires :
« En cas d'accident de la route impliquant des femmes à moto, les dommages causés aux autres véhicules ou aux piétons ne sont pas couverts par l'assurance. »
Autrement dit, les femmes qui conduisent officieusement, car certaines le font déjà, discrètement, dans les rues ou les zones rurales, se retrouvent sans protection légale, tout comme les autres usagers de la route.

Conduire une voiture, oui. Une moto ? Toujours non.
La situation actuelle illustre un paradoxe typiquement iranien : les femmes peuvent obtenir un permis voiture, mais pas un permis moto. Dans un pays où les grandes villes comme Téhéran ou Ispahan sont congestionnées, cette interdiction prive les femmes d’un moyen de transport plus pratique et économique.
Ce n’est pas la première fois que le sujet refait surface. En janvier 2024, Ensieh Khazali, vice-présidente chargée des affaires féminines, affirmait que des travaux étaient en cours pour accorder le permis moto aux femmes. Mais quelques mois plus tard, le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, coupait court : la question « n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement ».
Encore une promesse suspendue, typique des montagnes russes politiques que subissent les droits des femmes en Iran.
Dans un pays où les femmes affrontent toujours la tutelle masculine, les restrictions en matière de divorce, d’héritage ou encore le port obligatoire du voile, la moto symbolise plus que la mobilité : elle représente la liberté de mouvement, la dignité et l’autonomie personnelle.
Pouvoir conduire une moto, c’est choisir ses itinéraires, ses horaires, sa vie. C’est briser, à petite échelle, une frontière sociale profondément enracinée.
Reste à savoir si cette fois, le débat débouchera sur une véritable réforme ou s’il rejoindra la longue liste des avancées avortées. Car en Iran, monter sur une moto est un acte politique : ce n’est pas seulement une question de circulation ou d’assurance, c’est une revendication d’égalité.
Et si un jour, une femme iranienne peut enfin démarrer sa moto, prendre la route et sentir le vent sur son visage, chaque kilomètre parcouru sera un pas vers la liberté.

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