Dossier normes et homologations: les protections
Niveau 1, niveau 2, EPI, équipements ou protections homologués, typologie d'homologation pour les casques, norme CE, norme airbag… que se cache t-il derrière ces appellations incontournables au quotidien du motard et qui régissent ses achats ?
La sécurité est désormais sur toutes les lèvres, devenant le cheval de bataille de certaines marques, pour d'autres un argument permettant de faire passer une pilule tarifaire très (trop) difficile à avaler.
A l'heure où des mesures tant obsolètes que ridicules apparaissent au Journal Officiel et où les flashs fleurissent, plus pour renflouer les caisses de l'État que pour prévenir d'un danger, aucune proposition n'est faite permettant de faire baisser les prix des équipements, capables de nous sauver la mise au cas où la physique reprendrait ses droits… Que voulez-vous, nous ne referons pas le monde mais nous allons essayer de vous faire un peu mieux comprendre ce qui se cache dernière les étiquettes de vos casques et protections en tout genre.
A VÉRIFIER AVANT DE CASQUER
Obligatoire seulement depuis 1973, le casque en est actuellement à sa cinquième mise à jour. La dernière norme en date, ECE/ ONU 22.05 (plus stricte que la précédente qui elle-même était plus restrictive que sa devancière qui est… ainsi de suite), se doit d'être cousue à l'intérieur du couvre-chef, seule preuve de son homologation.
Il est clair que les vieux nanars arborant fièrement l'étiquette verte NF peuvent faire sourire, même si hélas certains revendeurs n'hésitent pas à encore les proposer à la vente ! Même répondant à la dernière norme en vigueur, les casques homologués ne protègent pas tous de la même manière. Pour cette raison une typologie a été mise en place afin de bien comprendre ce que vous mettez sur votre tête. Voici de quoi la décrypter.
- J : casque sans mentonnière plus couramment appelé jet
- P : casque avec mentonnière protectrice ou intégral
- P/J : casque avec mentonnière protectrice pouvant être ouverte ou enlevée du casque : ce sont les modulables homologués avec la mentonnière en position ouverte mais aussi fermée
- NP : casque avec mentonnière ne répondant pas, à ce niveau, aux normes exigées de sécurité
Codification du pays d'homologation
- 1 pour l'Allemagne
- 2 pour la France
- 3 pour l'Italie
- 4 pour les Pays-Bas
- 5 pour la Suède
- 6 pour la Belgique
- 7 pour la Hongrie
- 8 pour la Tchécoslovaquie
- 9 pour l'Espagne
- 10 pour la Yougoslavie
- 12 pour l'Autriche
- 13 pour le Luxembourg
- 14 pour la Suisse
- 16 pour la Norvège
- 17 pour la Finlande
- 18 pour le Danemark
Dans le cas présent, le casque a été homologué en Allemagne, il répond au dernier amendement (5) du règlement 22. On apprend que la mentonnière a passé avec succès les tests d'impact (P) mais qu'il n'est pas homologué en jet.
La dernière série de chiffres correspond au numéro de production du casque… soit tout le pédigrée du casque sur quelque mm2 de tissu. Pour qu'il joue correctement son rôle il est impératif que le casque reste sur votre tête, pensez donc toujours à verrouiller votre jugulaire…
Bien évidemment un casque qui n'est pas aux normes risque fort de moins vous protéger en cas de chute, mais il pourra aussi être source de litige avec votre assurance qui est en droit de refuser de vous indemniser, sans parler des forces de l'ordre qui peuvent vous verbaliser lors d'un contrôle.
CRASH TEST
Après avoir mis à l'épreuve 5 casques (1 de chaque taille) permettant d'obtenir l'aval de l'homologation, une production est lancée. Au hasard 60 heaumes de la première série seront prélevés en vue de tests permettant leur validation. Sur chaque lot ensuite produit un laboratoire agréé fera un contrôle de qualité. Votre casque avec son étiquette d'homologation résumant son passé est désormais dans le commerce, prêt à être acheté.
Les différents tests sont effectués sur la jugulaire et l'écran. Sont passés au crible la résistance à l'abrasion de la calotte, la compression mais aussi l'enlèvement. Avec une vitesse de chute supérieur à 7,5 mètres/ secondes les casques doivent impérativement répondre à des paramètres draconiens pour obtenir le précieux sésame d'homologation. Notons que les tests se font dans des conditions climatiques extrêmes (de -20°C à + 50°C).
DES STATIQUES AUX ACTIVES
Deux grosses catégories sont à distinguer dans le monde des protections et autres éléments de sécurité deux-roues. En premier lieu les protections dites statiques comme les coques des blousons et pantalons, les dorsales, les protections thoraciques (n°1 à 3) en opposition à la seconde catégorie dite active regroupant les airbags, (n° 4).
Notons que dans chaque catégorie deux niveaux cohabitent (le 2 étant le plus restrictif donc plus efficace pour absorber l'onde de choc en cas de chute).
Pour répondre aux critères exigés les coques doivent subir différents tests dont celui de l'absorption de l'énergie transmise (chute d'une masse de 5 kg d'une hauteur de 1 m, comportement sous des températures extrêmes (négatives et positives)) mais aussi du point de vue ergonomique. On comprend aisément que le motard ne doit pas être limité dans ses mouvements et qu'il ne doit pas être transformé en scaphandrier après avoir revêtu ses différentes protections. Impératif: la taille, le logo moto, la norme et le niveau de protection doivent être imposés sur l'élément de sécurité… si ce n'est pas le cas, la protection n'est pas homologuée quoiqu'en dise le vendeur !
EN1621-1
Ici il est question des coques (épaules, coudes, genoux et hanches) avec pour elles un passage à tabac en règle avec 12 impacts. Première norme à apparaître (1997, ce n'est pas si vieux) elle est désormais monnaie courante chez les différents équipementiers.
Qui achèterait aujourd'hui un blouson sans protections aux épaules et aux coudes ? Pas grand monde, alors pourquoi ne pas en faire autant pour la EN1621-2 ?
EN1621-2
La dorsale: dessus doit être notifiée la zone de protection lombaire ou dorsale respectivement identifiées comme L et B pour Back.
Comme ses copines elle a droit à 2 niveaux de protection, ne vous faites donc pas avoir, la plus protectrice sera identifiée EN1621-2 2 en opposition de la EN1621-2 de niveau 1. Seconde à voir le jour (2003) elle doit résister à 5 impacts d'un poids trapézoïdal pour avoir droit à la norme.
EN1621-3
Le pare-pierre ou protection de thorax: pour la première fois est spécifiée la dispersion du choc en pourcentage ainsi que sa valeur résiduelle.
Notons que plus la surface de dispersion est grande mieux c'est.
EN1621-4
Pour les airbags pas grand chose encore à dire ou trop, ça dépend de quel côté on se place.
Avec des problèmes de protocole sur les temps de gonflage, des contraintes ergonomiques pas des plus claires, aucune norme ne certifie actuellement cette protection, la complexité et les multiples technologies y sont pour beaucoup, nécessitant une équipe multidisciplinaire pour l'évaluation, couvrant des domaines totalement différents comme l'électronique, la télécommunication (si pas de raccordement par câble), l'innocuité chimique, les logiciels et algorithmes pour ne citer qu'eux. De ces nombreux points flous s'en suit une auto-certification des différents fabricants, ce qui devrait bien entendu changer avec le temps.
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