Colère des autos-écoles : elles sont soumises à la triple peine
À la pénurie récurrente d'inspecteurs du permis, s'ajoute cette année l'afflux provoqué par le permis à 17 ans et celui des candidats au permis moto désormais pris en charge par le CPF. Pour couronner le tout, nombre d'examinateurs sont réquisitionnés pour faire passer les examens des chauffeurs de bus supplémentaires nécessaires pour cause de JO. Résultat : les délais de passage des examens s'allongent et les professionnels vont se retrouver pour protester dans Paris ce mardi.
Ce ne sont pas des tracteurs qui défileront ce mardi 27 février dans les rues de Paris, mais des voitures d’autos-écoles. À l’initiative des officines de l’hexagone, et de L’Union Nationale des Indépendants de la Conduite (UNIC), elles rouleront en cortège depuis Rosny-sous-Bois dans le 93, jusqu’à la rue des Pyrénées à Paris, au siège de la DSR (Direction de la Sécurité Routière). Une protestation, et une volonté d’être reçues par Marie Gautier-Melleray, la déléguée interministérielle, liée à une énorme pénurie d’inspecteurs du permis de conduire, et à la triple peine à laquelle sont soumis ces professionnels.
6 mois d'attente pour un premier passage, 1 an pour le suivant
« La pénurie d’inspecteurs, on la subit depuis dix ans déjà », rappelle Marie Martinez vice-présidente de l’UNIC. Et sur le terrain, elle se traduit par des délais impressionnants. « J’annonce aujourd’hui à mes élèves que pour un premier passage devant un inspecteur, l’attente est de 6 mois. Et de 1 an, s’ils ratent leur examen » explique Louisa Mebarki qui exploite une auto-école en Seine Saint Denis. De quoi décourager les candidats. « Ceux qui décrochent un emploi ou ils ont besoin du permis renoncent, ou roulent carrément sans permis ".
Évidemment, du côté de la Sécurité Routière, des promesses ont été faites l’an passé. Elles ont même été tenues. « 38 inspecteurs ont été formés et embauchés au niveau national ». Mais Marie Martinez a fait ses comptes. «Ca ne fait même pas un examinateur supplémentaire par département. » Dans le sien, Louisa Mebarki a elle aussi sortit sa calculette. « On en a perdu 4 qui ont demandé leur mutation, on est loin du compte ». Et toujours en déficit. Surtout cette année.
Pourquoi 2024 est une année pire que les autres pour les autos-écoles ? En raison d’une accumulation de nouveaux facteurs. Le permis à 17 ans, appliqué depuis le premier janvier amène un afflux de candidats vers les officines. De plus, la prise en charge du permis moto par le CPF (compte professionnel de formation) qui le rend gratuit a lui aussi poussé les élèves vers les autos-écoles. « Et puis le besoin de chauffeurs de bus à la RATP fait que de nombreux inspecteurs sont mobilisés jusqu’à l’été, ajoute la vice-présidente de l’UNIC. En plus, la formation à cette conduite est de 1 mois et demi seulement. Résultat : les nouveaux chauffeurs ne sont pas opérationnels et doivent souvent repasser leur examen. C’est l’affolement car l’Etat n’a absolument pas anticipé cette demande pour les jeux ».
Alors, les autos-écoles réunies qui vont protester ce mardi demandent de nouveaux moyens humains. De son côté la Direction de la Sécurité Routière tente de calmer le jeu en leur expliquant que tout va rentrer dans l’ordre à la rentrée. Après les JO et après les congés d’été. Mais les professionnels ne se font guère d’illusion. Et leurs élèves non plus.
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