Automobile : et si les écolos avaient raison ?
Invitée de FranceInfo la semaine passée, Marine Tondelier a expliqué « qu’on a un problème de rapport à la bagnole dans ce pays, qui est en partie subi ». Et si, sur ce point au moins, la patronne des Verts voyait juste ?
Passons sur ses déclarations récentes, expliquant que « la voiture, c’est l’industrie du passé », tout en reconnaissant, que « l’électricité, c’est mieux que le diesel ». Pourtant, dans une interview qu'elle a donnée la semaine passée, la secrétaire nationale d’Europe Écologie - Les verts, si elle n’a pas changé son fusil d’épaule, a tout du moins modéré ses propos, ne rejetant pas l’intégralité du problème sur les seuls automobilistes. À nos confrères de franceinfo, elle a expliqué qu’en France, « on a un problème de rapport à la bagnole dans ce pays, qui est en partie subi ». Subi par qui ? par les automobilistes, pardi.
Et si Marine Tondelier avait en partie raison ? Et si l’une des (nombreuses) causes du désarroi des Français, lorsqu’on leur explique qu’ils doivent moins utiliser leur auto polluante ou s’offrir des voitures électriques bien plus chères que leur vieille bagnole thermique, était justement liée à l’absence quasi-totale de politique en matière de transports en commun. Du coup, l’on ne peut qu’approuver Marine Tondelier qui fustige ce vide d’alternatives à la sacro-sainte bagnole.
700 km de bouchons en moyenne
La preuve par ce mois de mai, encombré de week-ends à rallonges, et encombré de bouchons eux aussi à rallonge. L’une des causes de ces ralentissements de 700 km constatés, en moyenne, au moment des départs comme des retours, est l’absence de places disponibles dans les trains, et notamment les TGV. Pour quelles raisons ? l’intersyndicale opposée à la réforme des retraites n’y est pour rien, et tout le monde était sur le pont le 1er, le 8 mai, à l’Ascension comme à la Pentecôte.
En fait, la cause de cette pénurie de places, était liée à la SNCF elle-même qui a doctement expliqué qu’elle n’a pas pu mettre en place de TGV supplémentaires, car ces derniers étaient en réparation. Et que ces réparations, faute de pièces (et de semi-conducteurs) rendaient les rames indisponibles. Pire : les nombreux travaux de réfection du réseau l’obligeaient à supprimer des trains.
Mais alors, si l’état des rails français est tellement sinistré, comment se fait-il que la même SNCF a pu annoncer, au mois de février dernier, un bénéfice record, de l’ordre 2,5 milliards d’euros, une somme que son PDG Jean-Pierre Farandou comparait alors à « la réussite d’une entreprise du Cac 40 » ? Tout simplement grâce à une joyeuse entourloupe. En fait, les rails sont gérés par SNCF Réseau, autrefois Réseau ferré de France, au travers d’une filiale qui, évidemment, perd un maximum d’argent, ce qui permet à sa maison mère d’aligner de jolis bénéfices. Ce qui permet aussi à l’État de renflouer chaque année là dite filiale qui accumule les dettes et tente, tant bien que mal, de rafistoler un réseau en capilotade.
SNCF - RATP, même constat, mais autre combat
Ce réseau sinistré l’est depuis trente ans et l’État en question, pauvre comme job, ne peut que coller des rustines sur les 27 483 km de rails français, le réseau le plus dense d’Europe. On nous rétorquera que ce n’est pas la SNCF qui gère les transports en commun de région parisienne, mais, en partie, la RATP. Et que si les RER sont en panne plus souvent qu’à leur tour, ce n’est pas la faute à Jean-Pierre Farandou.
Mais c’est là que l’affaire se complique bougrement. Car ces réseaux urbains, sont aussi gérés, toujours en partie, par la ville de Paris et au-delà du périf, par la région île de France. Et le problème, c’est que ces entités devraient travailler ensemble, Sauf que leurs patronnes et patrons se détestent cordialement et ne se font pas de cadeau. Imaginons l’ambiance autour d’une même table ou se retrouvent Anne Hidalgo, maire PS de la capitale, et Valérie Pécresse, présidente de la région, les deux s’étant opposées au cours de la dernière présidentielle.
En guise d’arbitre, on retrouve Jean Castex, président de la RATP et ex-premier ministre d’un gouvernement qui n’a eu de cesse que de mettre des bâtons dans les roues de la Maire de Paris et nourri, avec LR, le parti de Valérie Pécresse, des relations parfois compliquées. Difficile, dans ce cas, d’avoir une vision et un objectif commun. Résultat, le projet du Grand Paris, sensé, comme à Londres ouvrir la capitale à sa banlieue et coordonner ses transports en commun, prends toujours un peu plus de retard.
Alors, devant tous ces problèmes qui les dépassent, devant les retards, les trains supprimés, les RER arrêtés en rase campagne, et l’incapacité de trouver un billet de TGV, si ce n’est hors de prix, les Français prennent leur voiture pour partir au boulot, en week-end ou en vacances. Et, comme le dit Marine Tondelier, « la bagnole est un problème, parfois subi ».
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