Le marché des voitures sans permis suit la courbe inverse de celui de la voiture traditionnelle. Près de 50 000 modèles vendus chaque année en Europe, dont une grande majorité en France. Un business qui doit sa bonne santé, non pas, aux retraits de permis comme on pourrait le penser (ces derniers privilégient la location), mais aux retraités, aux moins de 18 ans et désormais aux actifs urbains.


Il faut le savoir, la voiture sans permis est typiquement française. Près d’un tiers des ventes s’effectue dans l’Hexagone. Des constructeurs comme Ligier ou Aixam ont acquis une solide notoriété dans ce domaine depuis près de 25 ans. Nous avons donc sollicité ces deux leaders pour nous faire découvrir l’univers de la voiture sans permis.

« La voiture sans permis joue un rôle social. En milieu rural par exemple, elle permet aux personnes âgées ou aux femmes qui n’ont jamais passé leur permis de se déplacer, d’aller faire leurs courses, etc. » nous explique Camille Ligier, responsable presse du constructeur éponyme. Un mode de transport qui touche majoritairement la province, si l’on en croit les deux principaux acteurs du marché. Ce phénomène est en train de se propager dans les grandes villes et surtout dans les beaux quartiers. Les ados issus de bonnes familles délaissent le scooter au profit de ces minis voitures, plus cossues, autrement plus confortables, mais aussi plus chères…

Des véhicules modernes et confortables

Aixam et Ligier ont l’oreille attentive et commercialisent désormais une gamme moderne et adaptée à la demande de la clientèle : coupé, cabriolets, crossovers, utilitaires, thermiques, électriques, etc. Il y en a pour tous les goûts et tous les besoins. Aixam, constructeur présent depuis plus de 25 ans est le leader du marché en France et en Europe. Le savoyard propose une gamme moderne et hétéroclite. Sa nouvelle GTO en témoigne. Cette biplaces au look sportif surfe sur la vague de la personnalisation : chromes, alu, carbone, etc. L’intérieur est du même acabit. Tournée vers le sport avec un tapis aluminum, des inserts en (faux) carbone, de sièges en skaï griffés GTO. Bref, la totale pour séduire une clientèle de « jeun’s », qui rappelons-le, est légale dès l’âge de 16 ans (cf).


L'habitacle de l'Aixam est « tuning » mais soigné
L'habitacle de l'Aixam est « tuning » mais soigné
Les assemblages sont moins rigoureux à bord de la Ligier
Les assemblages sont moins rigoureux à bord de la Ligier


Si cette ambiance (propre au modèle GTO) nous a semblée, too much, il faut bien concéder que de (gros) efforts sont à noter. Les plastiques sont avenants, l’assemblage correct et l’on dispose en prime d’un coffre similaire aux citadines traditionnelles (jusqu’à 700 litres pour l’Aixam GTO). Dommage que la place aux genoux ne soit pas si généreuse que sur la Ligier. Au regard des prix pratiqués (14 000 €), Aixam se montre honnête sur la dotation d’équipements. Cette GTO offre l’ABS, la climatisation, l’autoradio MP3, etc. Législation oblige, elle mesure 3 mètres, pèse moins de 350 kg (structure en aluminium) et abrite sous son capot un bicylindres diesel de 400 CM3. Ce dernier délivre un couple de 16 Nm et une V-max de 45 km/H (limitée).

Chez Ligier, la voiture sans permis, est une histoire de famille qui débute à la fin des années 80. Guy Ligier, pilote et fondateur de l’écurie de F1 éponyme, se lance avec succès dans la fabrication de voitures sans permis. Son savoir-faire dans le domaine en fait aujourd’hui l’un des leaders du marché. Comme son concurrent le plus féroce, Ligier a su diversifier sa gamme (4x4, etc.) et propose en prime une version 4 places.


Carbone, stripping, la GTO ne passe pas inaperçue
Carbone, stripping, la GTO ne passe pas inaperçue
Bicolore, la Ligier mise également sur le sport
Bicolore, la Ligier mise également sur le sport


La version Meta Street que nous avons décidé de tester est la dominante sportive de la gamme. Ixo. Coloris noirs et bandeaux orange avec rappels dans l’habitacle. Jantes assorties. Bref un look de Porsche GT3 RS en réduction. Plus grande, elle se révèle beaucoup plus logeable et accueillante que sa rivale. Le coffre gigantesque (470 litres) est plus grand que celui d’une Clio. Si l’assemblage et les plastiques sont moins rigoureux, la française présente un niveau de confort plus appréciable.

Sous le capot le moteur est également un bicylindres (Lombardini) diesel de 5,4 ch. Mais ici, passé au common rail. Donc moins brutal. Son couple est supérieur 21 Nm, mais les performances soumises à la même législation que sa concurrente. Avec une vitesse limitée à 45 km/h.

Une autonomie de 500 km

L’Ixo Meta Street de Ligier est la plus pointue des deux concurrentes en matière de dynamisme et de liaisons au sol. D’une part pour son moteur plus punchy et plus élaboré (injection directe), certes bruyant à froids, mais moins violent en accélération. Car sur ce genre d’engin le couple maxi est distribué instantanément. Il n’est donc pas rare de voir une voiture sans permis squeezer tout le monde au feux (sur les 15 premier mètres). Avec son réservoir de 16 litres et sa consommation d’environ 3l/100 km, elle autorise une autonomie d’environ 500 km. Economique, elle offre un rayon d’action plus étendu qu’une voiture électrique. La tenue de route est sécurisante. Malgré une fragilité apparente, le conducteur n’a jamais de sentiment d’insécurité. A ce propos, les deux constructeurs, pourtant exemptés de crash-test par la législation, ont soumis leurs modèles à des tests de sécurité. Par exemple, Ligier et Aixam soumettent leurs modèles respectifs à des crash-tests internes : choc frontale à 45 km/h, etc. et équipent leurs véhicules en conséquence. Ainsi ces VSP reçoivent un ABS, selon les modèles 4 freins à disques et une structure renforcée.

L’Aixam GTO est moins raffinée au démarrage mais une fois lancée, elle se manie avec une grande aisance. La savoyarde a du punch au démarrage, ce qui lui permet, comme la Ligier, d’effacer toute la population automobile sur les 15 premiers mètres. Elle a en prime le mérite de se montrer moins bruyante que sa concurrente. L’espace plus restreint, nuit logiquement au confort général, bien que les sièges en place soient plus accueillants. D’un point de vue dynamique, l’Aixam GTO est dans son élément en ville. Elle se faufile et se stationne en un tournemain du fait de son empattement très court.