La Nova Gallardo inchangée repartit sa puissance suivant le ratio suivant : 30/70. Certes, à l’arrière, un différentiel autobloquant à glissement limité taré à 45% assure que le déferlement des 560 ch ne va pas se faire dans le désordre mais sous la neige avec une température de 1° et des routes largement souillées par 15 jours d’intempéries inédites, j’hésite à passer en mode ESP Off. À l’avant, c’est un différentiel électronique agissant sur les freins (ABD) qui gère la motricité mais, sincèrement dans ces conditions, l’arrière-train tente dès l’écrasé de pédale de passer devant. Pour jauger de l’utilité du système 4 roues motrices, il faudrait rester le pied sur l’accélérateur mais mon instinct de conservation et mes piètres capacités de rallyman m’incitent à tout de suite lâcher la pédale avant de peur de labourer les bas-côtés avant que le nez daigne à tirer l'ensemble. Le résultat n’est pas forcément meilleur car mes sorties de courbe sont pour le moins louvoyantes. La bête est fine à tenir en glisse et mettre la juste quantité de gaz sur ce sol pourri réclame un talent que je n’ai pas. Et comme lors d’une simple accélération sur une petite route en ligne droite avec l’ESP débranché, je manque d’un cheveu d’entamer ma belle Nova Gallardo sur le mur de neige à ma gauche, la confiance tarde à venir, les pneus chauds et le grip avec.
Il faut dire que ce V10 5.2l a la santé. C’est connu depuis longtemps (3.7s de 0 à 100 km/h et à 200 km/h en 11.8s) et ça se confirme à chaque fois même si les plus sportifs pourront regretter une certaine rondeur, agréable sur les autoroutes et les grandes nationales mais moins adaptée à ces petites routes de montagnes bardées d’épingles où le capitaine de bord aimerait une réponse encore plus rapide et une inertie réduite pour mieux contrôler les débordements. L’auto pèse tout de même 1500 kg (répartition 43/57), mesure 4.345m de long et surtout 1.90m de large et tout excès d’optimisme se paie c(r)ash. De plus, la boîte e-Gear optionnelle n’est pas un modèle de douceur, notamment en mode Corsa, il vous faut donc l’option œuf sous le pied pour surfer dans cette région bolognaise blanchie par les éléments. Vous comprendrez aussi que sur ce genre de tracé et par ce temps (soyons clairs, même par temps sec, je n’aurai pas osé), nous n’avons pas testé la vitesse maximale que Lamborghini fixe à 325 km/h et que nous qualifierons de « très largement suffisante ».
Le basculement en mode Sport agit sur le passage de rapports et la suspension mais on ne se retrouve pas pour autant dans une Mercedes Classe E. Cela reste relativement ferme, plus que dans une R8 par exemple et les dos sensibles trouveront matière à râler à chaque saillie de bitume. Mis à part ça, la Gallardo est plutôt accueillante et la visibilité satisfaisante, d’autant plus qu’une caméra de recul vous informe de ce qui se passe derrière ce popotin musclé. On passera assez vite sur la consommation mixte de 14l/100 qui peut exploser en conditions réelles et encore plus en condition d’énervement du membre inférieur droit, on passera encore plus vite sur les 327 gr CO2/km (avec la boîte e-Gear, 351 en boîte manuelle) qui vous vaudront 6000 euros de malus chez nous. Quant au mode automatique, il vous évitera de jouer avec les palettes en ville, ce qui au vu de leur taille inappropriée est appréciable.
Par bonheur, une éclaircie dans la journée nous donnera l’occasion de retrouver des routes sèches durant quelques heures, de quoi goûter à nouveau ce qui fait le charme de cette auto au parfum délicieusement old school. Attention, old school ne signifie pas vintage ou vieillot, non, c’est juste que la Gallardo est une des dernières autos de ce segment à ne pas proposer une orgie d’automatismes et de contrôles divers (de traction, de lacet ou je ne sais quoi). On a tout de même un launch control très facile d’utilisation et très efficace, le seul automatisme essentiel pour s’amuser quoi. La chaleur a ramené la confiance et des réactions plus progressives (ou dans l’ordre inverse plutôt), de quoi commencer à pousser un peu plus ce V10 qui grogne de joie et flatte les oreilles, surtout en mode Corsa. La direction se révèle toujours aussi précise, les freins ne faiblissent pas mais il faut rester sur le qui-vive en permanence car les bouts de ligne droite sont avalés en un instant. De plus, les vitesses atteintes font que les distances de freinage doivent être revues à la hausse par rapport à l’habitude (sauf si vous conduisez une Lamborghini au quotidien évidemment), de quoi rester éveillé et sentir l’adrénaline irriguer votre cerveau à chaque fois que vous patientez un dixième de seconde de plus avant d’écraser les freins. L’auto qui conserve un léger débattement de suspension arrive à s’inscrire sur les freins et la répartition de la puissance majoritairement vers l’arrière permet d’enrouler les courbes en glisse, le nez ne tirant finalement qu’assez peu. Le bonheur de retrouver une Gallardo inchangée opère enfin à nouveau.
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