Quand on a un pilote et un copilote français de rallye inscrits dans un championnat d'envergure, on essaie de les suivre. Sébastien Loeb n'ayant pas vraiment besoin d'exposition, c'est avec Simon Jean-Joseph et Jack Boyère qui participent au Championnat d'Europe des rallyes que nous sommes allés à la découverte d'une séance d'essai sur Terre. Après la rencontre avec Simon, ce sont les gars autour de sa monture qui nous intéresseront.
C'est dans les environs de Nîmes sur un terrain privé où plusieurs teams de rallye ont l'habitude de tester leurs voitures en configuration terre que nous rejoignons l'équipe technique en charge du développement de la Citroën C2 S1600 (et toutes les "compétition-clients" comme par exemple la R2).
Si c'est la structure privée PH Sport (tout de même très liée à Citroën) qui exploite l'auto en course, c'est bien l'équipe technique de Citroën à Satory qui a en charge les essais et la mise au point.
Qui c'est le patron?
Le boss du département technique Compétition Client est Alexis Avril dit "Tex" (je vous laisse remettre le surnom à sa place pour saisir la subtilité). Malgré un air juvénile, l'homme commence à avoir de la bouteille dans le monde de la course auto. Il débute chez Snobeck à l'époque du trophée Andros et participera à la réalisation des Opel Tigra et Astra qu'un certain Yvan Muller a plutôt bien utilisées. On le retrouve ensuite à oeuvrer sur les moteurs des Seat Cordoba WRC puis sur les Citroën Saxo Kit Car de rallycross. Il s'oriente ensuite sur le rallye et en 2001, il est avec Sébastien Loeb et Daniel Elena pour signer le titre mondial S1600 sur la Saxo. Ensuite, il officiera sur la Xsara WRC de Radstrom et Puras puis en 2003, il sera l'ingénieur de Colin McRae avant de passer en 2004 à un autre monstre sacré, Carlos Sainz. Pedigree conséquent, non?
Planté sur 2 longues cannes, il promène sa grand carcasse pas très épaisse autour de ses hommes. L'homme est d'une simplicité et d'une sérénité désarmante. Ouvert à la discussion sans langue de bois, il va au charbon quand il le faut et oriente les changements de réglages avec son ingénieur de développement Yann Goraguer.
Ce dernier s'occupe essentiellement de trouver les bases d'essais en fonction des tests à effectuer, de déterminer les plans de travail et de réaliser le programme sur le terrain. Il est à l'écoute du pilote et en fonction de l'évolution de la journée, il oriente les réglages (et tout le programme de travail) dans telle ou telle direction. Il doit également valider (ou pas) les pièces nouvelles que le bureau d'étude sous la responsabilité d'Alexis Avril aura fabriquées. A ce titre, il se retrouve souvent sur les courses (en alternance avec son boss 'Tex' Avril) pour aider l'équipe PH Sport qui exploite l'auto sur les rallyes.
Pas de camion BF Goodrich/Michelin
On imagine toujours qu'un camion BF Goodrich/Michelin traîne à proximité d'une auto de rallye mais ce n'est pas le cas ici. D'une part les tests sont axés sur la définition du set-up pour le rallye de Turquie du 11 mai prochain et d'autre part, la C2 S1600 est une auto qui est commercialisée. On utilise donc les pneus sans ATS habituellement fournis aux concurrents du championnat d'Europe. Bref, pas de développement pneu pour aujourd'hui. J'apprendrai tout de même que la pression du pneu est aussi importante en rallye qu'en F1. Très souvent après un tour, Simon Jean-Joseph s'arrête pour contrôle et repart. Le paramètre pneu est dans ce cas précis plutôt bien maitrisé et par simple expérience, les ingénieurs savent comment va évoluer la pression selon le type de pneu, le terrain, la température.
Le rallye a ceci de particulier que vous vous sentez à l'aise tout de suite au milieu des gars au boulot. Pas de prise de tête, ça sourit, ça discute facilement. Il faut dire que la troupe n'est pas nombreuse et qu'on n'est pas non plus en WRC. Outre Alexis et Yann, on trouve 4 mécanos, un(e) ingénieur moteur en provenance d'Oreca et 2 gars de Bos Engineering enfermés dans leur fourgon s'occupant des multiples suspensions à tester et de la collecte des informations.
Une fille qui aime les chevaux
Comme précisé ci-dessus, le moteur est couvé du regard par une fille arborant un tee-shirt Oreca. Renseignement pris, c'est bien Oreca (anciennement SNBE à Magny-Cours) qui s'occupe des moteurs de la C2 S1600. Hélène Adnet est une des rares filles du milieu de la course auto. Son statut d'ingénieur d'exploitation moteur consiste aujourd'hui à surveiller les températures du petit (par la taille) 4 cylindres assez différent de celui de son ancêtre la Saxo. Le but étant de raffiner aux petits oignons la tenue de route de l'auto, le moteur doit juste faire son oeuvre de la manière la plus constante possible pour ne pas fausser le jugement.
Bref, tout ce petit monde est prêt à démarrer la journée à 8h30 pétantes au milieu d'une garrigue silencieuse baignée de soleil. La spéciale choisie (une boucle en fait) s'étend sur 5.1 km et alterne le lent, le rapide, quelques bosses, le rocailleux, le dur et le terreux. C'est assez complet et au fur et à mesure de la journée, la piste évoluera, se nettoiera. Comme en course.
Début des hostilités
Simon Jean-Joseph enfile les gants, Jack Boyère a retiré les écouteurs de son ipod pour s'enfoncer dans son baquet nettement plus bas que celui de son pilote. La petite C2 craque l'alumette qui lui sert de moteur. L'auto s'extrait de sous le auvent Citroën Sport en marche arrière.
C'est rugeux, hoquetant, ça n'aime pas le ralenti, c'est un vrai moteur de course. Pas comme une WRC... Dans un cri métallique, les 2 roues avant motrices mordent la terre pour envoyer la C2 jusqu'au premier droite ou je suis prêt à recevoir ma première gifle de cailloux dans la figure.
Première leçon, ne jamais se mettre sur la gauche de la route dans une courbe à droite !
à suivre
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