À partir de là, les cerveaux de chez Matra entrent en ébullition ! Dès novembre 1979, soit moins d’un an après la première esquisse, et après d’infinies adaptations, le projet est présenté au Groupe PSA Peugeot-Citroën. Ce dernier semble d’abord séduit, mais, sans doute par manque d’audace de son état-major, les discussions aboutissent à un échec. Le problème pour Philippe Guédon, c’est que son entreprise ne va pas fort, et qu’il compte absolument sur son projet futuriste pour la sauver. Mais pour cela, il lui faudrait une foi et une détermination sans borne. Il les aura !
Deux années durant, la maquette évolue encore et, élément crucial, des mécaniques Renault (R 18 et Fuego) vont être préférées à celles qui officiaient jusqu’alors (BX et Solara). C’est ainsi qu’en décembre 1982, Philippe Guédon joue son va-tout en présentant son bébé (nom de code P23) au PDG de Renault, Bernard Hanon. Cela tombe bien, car cet homme possède deux qualités essentielles : il ne déteste pas les paris osés, et lui aussi connaît très bien les Etats-Unis ainsi que le succès qu’y rencontrent les fameux vans aménagés. Bref, il croit au projet de Guédon, et celle qu’on appelle encore la Matra P23 va continuer à être valorisée sous la nouvelle ère Matra-Renault. À ce stade, en 1983, l’idée la plus révolutionnaire du véhicule va voir le jour : alors que toutes les études présentaient jusqu’alors une classique banquette arrière fixe, ce sont des sièges individuels, orientables et démontables qui vont prendre place sur le plancher plat de la voiture. Il est convenu que la P23 sera fabriquée dans les usines Matra de Romorantin, et qu’elle sera commercialisée par le réseau Renault. Baptisé « Espace », le pionnier des monospaces est présenté en avril 1984, pour une commercialisation en juillet. Un seul moteur, le 2 litres 110 ch à carburateur, et deux niveaux de finition, la 2000 GTS et, mieux équipée, la 2000 TSE. La presse et le public sont subjugués par une telle hardiesse ! Pensez : une ligne spatiale, inédite, une carrosserie en matériaux composites, 7 sièges modulables, 180 km/h dans un confort de salon… Une révolution ! Pourtant, contre toute attente, et au grand dam de ses concepteurs, les ventes ne décollent pas. En fait, il semble que la nouveauté, à un tel degré, inquiète et réclame qu’on s’y habitue. C’est exactement ce qui se passe et, au bout de quelques mois, les Français se ruent sur l’Espace, d’autant qu’apparaît très vite une version 4x4 dénommée Quadra ! Au fil du temps, d’autres générations suivront, avec bien sûr une valse tourbillonnante de motorisations, essence, diesel, et d’innombrables innovations. L’Espace 2 sort en 1991, l’Espace 3 en 1996 et, en 1998, Renault crée même une version plus longue de 27 cm… dite Grand Espace. Quant à l’Espace actuel, le 4, il voit le jour en 2002. Il est notamment le premier Espace à ne pas être construit sur les chaînes de Romorantin, mais sur celle de l’usine Renault de Sandouville.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération