Voilà maintenant 30 ans que Brabus est l’empereur de la voie de gauche sur autoroutes, même allemandes. La philosophie originelle du préparateur germanique tient en une seule phrase : installer des moteurs toujours plus puissants sous le capot des Mercedes, adapter le châssis en conséquence, faire de discrètes modifications esthétiques pour améliorer l’aérodynamisme et augmenter le confort intérieur. Plutôt simple à écrire, mais avec Kleeman, Lorinser ou Carlsson sur le même marché, la concurrence est rude, sans parler de la division AMG de la firme à l’étoile qui n’est déjà pas avare ni en chevaux, ni en options luxueuses.
Créé en 1977, Brabus tient son nom non pas d’un gladiateur romain mais de ses fondateurs Klaus Brackmann et Bodo Buschmann, et est toujours la propriété de ce dernier. Située à Bottrop, près de Düsseldorf, l’entreprise se spécialise dès les premières années dans l’optimisation des Mercedes, que ça concerne la mécanique, la carrosserie ou l’équipement intérieur, avec des installations qu’on pouvait déjà qualifier de multimédia avec télévision et magnétoscope dès 1982.
L’événement qui mettra définitivement Brabus sur la carte des préparateurs les plus connus de la planète aura lieu en 1984 : cette année verra la création de CRD (Car Research and Development), un département chargé de développer des séries spéciales pour les grands constructeurs, de Toyota à Kia en passant par Chrysler, ainsi que la sortie de la 190E V8. Cette dernière est le premier showcar d’une longue série et marque fortement les consciences : alors que Mercedes ne propose à l’époque qu’un 4 cylindres de 122ch dans sa version la plus puissante, le V8 de la version Brabus développe 276ch ! Insérer les moteurs des plus grosses Mercedes sous le capot des plus petites devient alors vite la spécialité du préparateur.
En 1985, Brabus bat son premier record du monde avec une Classe E W124, mais pas de vitesse comme on pourrait le croire. Equipée d’un kit carrosserie maison étudié en soufflerie, son Cx n’est que de 0,26, une valeur exceptionnelle pour une berline qui lui vaudra son entrée dans le Guiness Book.
Victime de son succès, Brabus se sent alors un peu à l’étroit dans les locaux qui ont vu sa naissance et déménage en 1986 dans un bâtiment construit sur mesure avec garage et showroom gigantesques. L’année suivante, la VDAT, l’association des préparateurs allemands, voit le jour et Bodo Buschmann est élu à sa tête.
Le second showcar du préparateur apparaît en 1988, toujours sous la forme d’une 190E sur la base de la version 6 cylindres 2.6l de 160ch que vient de présenter Mercedes. Orientée plutôt sport que confort, l’allégée 3.6S dispose comme son nom l’indique d’un 6 cylindres 3.6l de 268ch et 365Nm et abat le 0 à 100 en 6.3s tout en atteignant 260km/h. Des performances qui n’ont rien de honteuses presque 20 ans plus tard mais ça n’empêchera pas Brabus de proposer l’année suivante la 190E 3.6-24 avec 282ch et 382Nm, pour 5.8s au à 100 et 270km/h en pointe.
En 1992, Brabus passe à des choses plus sérieuses en développant son propre moteur : un V12 6.9l de 501ch et 710Nm ! Premier modèle à en bénéficier l’année suivante : la 500E qui d’origine ne développe « que » 326ch.
C’est en 1994 que le préparateur allemand fera sa première infidélité à Mercedes en se rapprochant, excusez du peu, de Bugatti et de sa EB110 pour laquelle sont proposés préparation et entretien, tâches qui sont encore d’actualité aujourd’hui.
En 1995, Brabus franchit encore une étape dans le domaine de la sportivité, en proposant des freins avec disques en fibres de carbone, mais aussi du luxe, en augmentant l’empattement de la Classe S W140 de 50cm dans une version suréquipée baptisée Business.
1996 est une date charnière avec le premier record de vitesse : la Brabus EV12 devient officiellement la berline la plus rapide du monde avec 330km/h. C’est bien simple : avec son V12 7.3l de 574ch et 772Nm, elle est plus puissante que toutes les Ferrari, Porsche ou Lamborghini produites alors… Quant à son 0 à 100 en 4.5s, il lui permet de jouer encore aujourd’hui avec une BMW M5 E60 ou une Mercedes E63 AMG. Des chiffres exceptionnels pour une voiture qui est plus connue chez nous pour être le choix de prédilection des chauffeurs de taxi.
Mais ce V12 offrira d’autres records en l’insérant sous d’autres capots : break et 4x4 les plus rapides du monde dans respectivement une Classe E familiale et un ML. Parallèlement sort la SLK V8 6.5 de 445ch.
En 1998, Brabus ouvre sa première concession sur le continent américain, en Californie, puis en 1999, il augmente la surface de ses ateliers de Bottrop à 112 000m2 pour pouvoir lancer une seconde marque, Startech, spécialisée dans la préparation des Chrysler, Jeep et Dodge, ainsi que proposer un programme complet pour la Smart.
Cédant à la mode, c’est en 2001 que Brabus s’intéressera pour la première fois au diesel. Conservant toujours la même philosophie, un V8 diesel de Classe S dopé à 326ch échouera sous le capot d’une Classe E W210. Avec son filtre à particules, elle respecte toujours les normes Euro4.
Daimler-Chrysler, admiratif du travail effectué par Brabus sur la Smart, signera un accord avec le préparateur allemand qui donnera naissance en 2002 à Smart-Brabus GmbH. La Smart Brabus, version haut de gamme de la citadine, sera donc officiellement vendue dans les concessions. La même année, la garantie 3 ans ou 100 000km est offerte pour toutes les préparations.
Trois modèles marqueront l’année 2003 chez Brabus : la CLK K8 W209 et ses 543ch, la nouvelle mouture de la EV12 avec deux turbos et 622ch et un OVNI, la Smart Roadster biturbo dont le moteur entièrement développé par Brabus sur la base de deux moteurs d’origine atteint 160ch.
En 2005, Brabus se réapproprie son record de berline la plus rapide du monde sur le circuit de Nardo, avec 349.2km/h atteint au volant de la EV12 alors qu’un projet secret, poétiquement baptisé « Rocket » commence son développement. Tout en étendant sa gamme de personnalisation à Maybach, à la Mercedes SLR et au… Viano, Brabus met pour la première fois le pied en dehors de la galaxie automobile en s’attaquant aux yachts de luxe de la marque Sunseeker.
Ne voulant pas se reposer sur ses lauriers, Brabus bat en 2006 son propre record avec la Rocket, une CLS dont le V12 biturbo développe 730ch. Cette fois-ci, la barre des 365km/h est franchie ! Mais cela n’est visiblement toujours pas assez. Ce même moteur a été monté cette année dans une Classe C présentée à Francfort et répondant au nom de Bullit. Les premiers tours de roue sur la piste de Nardo auront lieu début 2008.
Dans un prochain épisode, vous pourrez nous accompagner dans une visite exclusive des ateliers Brabus et... un essai. Stay tuned, comme on dit.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération