Beau V6 et cockpit chic : Audi A4 2.4 ou Mercedes C240 ?
Une voiture chic à prix bas ? Oui, ça existe toujours. Exemple avec ces deux berlines premiums allemandes, avant tout dédiées à la douceur de conduite. Dotées d’un V6 plus souple que puissant, les Audi A4 2.4 et Mercedes C240 s’offrent au prix d’une citadine âgée : dès 3 000 €. Pourquoi se priver ?

Au tournant du 21e siècle, les voitures ont atteint un degré de sophistication, de durabilité et de sécurité qu’on n’a que marginalement dépassé depuis. Toutefois, les injonctions écolos n’étaient alors pas aussi contraignantes qu’aujourd’hui, aussi les constructeurs pouvaient-ils commercialiser des berlines chics et dotées de beaux moteurs non électrifiés. Donc un peu gourmands. Cela a donné une pléthore de voitures très douces et agréables à conduire, qui demeuraient fiables en vertu de leur relative simplicité mécanique.
Les Audi A4 V6 et Mercedes C240, notamment, incarnent bien cet état de fait, nanties de jolis V6 atmosphériques, pas extrêmement puissants mais très onctueux, donc idéaux quand on conduit tranquillement. Ce qui correspond très bien aux conditions de circulation actuelles, où pullulent les radars. Raffinées et tout de même rapides, bien équipées et peu chères, elles se marquent au parechoc. Mais laquelle choisir ?
Les forces en présence

Audi A4 2.4 V6 (2000 – 2004) : berline ou break, 6 cylindres en V, 2,4 l, 170 ch, 1 430 kg, 223 km/h, à partir de 3 000 €.

Mercedes-Benz C240 (2000-2005) : berline ou break, 6 cylindres en V, 2,6 l, 170 ch, 1 535 kg, 235 km/h à partir de 3 000 €
Présentations : deux berlines traditionnelles… à leur façon

Chez Audi, on aime la continuité, même si elle se ponctue de quelques coups d’éclat, nommés Quattro, TT ou R8. Ainsi, à l’A4 B5 de 1994 succède… l’A4 B6 fin 2000, qui lui ressemble beaucoup. Que l’on parle d’esthétique ou de technique. Mais si la configuration demeure, moteur en porte-à-faux avant, trains roulants associant double triangulation et essieu multibras, la plate-forme et la carrosserie sont inédites.

Sous le capot de la B6, on retrouve bien des moteurs de la B5, notamment l’intéressant V6 2,4 l, comptant 30 soupapes actionnées par 4 arbres à cames en tête. Un moteur qu’on ne trouve que chez Audi, puisqu’il ne partage rien avec le VR6 de Volkswagen. D’une puissance somme toute raisonnable de 170 ch (230 Nm de couple), il emmène l’A4 à 226 km/h, et la propulse à 100 km/h en 8,9 s : amplement suffisant. Il faut dire aussi que l’allemande s’avère légère selon les normes actuelles : 1 430 kg.

Disponible en berline et en break Avant (dès 2001), l’A4 se décline en plusieurs variantes, globalement bien équipées. La Pack, affichée à 31 760 € en 2002 (46 000 € actuels selon l’Inssee), inclut déjà l’ESP, la clim auto, les 4 vitres électriques, la radio CD, les jantes en alliage, l’ordinateur de bord, voire les incrustations en ronce de noyer.
La Pack Plus (35 770 €) ajoute le châssis sport, la sellerie cuir à réglages électriques ou encore le régulateur de vitesse. En 2003, une boîte automatique à variation continue Multironic apparaît en supplément. Etonnamment, l’A4 B6 fermée disparaît dès 2004, remplacée par la B7 qui en est une évolution profonde. 20 792 A4 2,4 l ont été fabriquées, un succès acceptable.

Contrairement à Audi, Mercedes se livre assez régulièrement à des ruptures stylistiques. Par exemple, la Classe C de 2e génération, codée W203 et apparue, elle aussi, en 2000, arbore un design bien différent de celui de sa devancière W202. Voulue très dynamique pour concurrencer la BMW Série 3, la C W203 se distingue par ses lignes fluides et plongeantes, inspirées par la SLK, ainsi que ses projecteurs en forme de cacahouète. Comme sa devancière, cette Mercedes demeure une propulsion reposant sur des trains roulants raffinés, comportant des bras superposés à l’avant et un essieu multibras à l’arrière.

Et elle s’offre une belle palette de moteurs, la C240 recevant un 2,6 l comme son appellation ne le suggère pas. Plus fort en cylindrée que celui de sa rivale, ce V6 se contente de 3 soupapes par cylindre, donc s’en tient à 170 ch pour 240 Nm de couple malgré son double allumage. Seulement, la Mercedes est plus lourde que l’Audi (1 535 kg), aussi accélère-t-elle un peu moins fort (0 à 100 km/h en 9,2 s). Cela dit, nantie d’une boîte 6 manuelle et surtout d’un bien meilleur Cx (0.27 contre 0.31), elle roule plus vite : 235 km/h. En option, on trouve la boîte auto à 5 rapports et la transmission intégrale 4Matic.

Proposée dès 2001 en break SW, la Classe C est proposée en trois finitions, à l’équipement juste convenable malgré des prix costauds. En entrée de gamme, la Classic (34 050 €, soit 49 300 € actuels selon l’Insee), offre en série l’ESP, 6 airbags, la clim manuelle, l’ordinateur de bord, les 4 vitres électriques, ou encore l’allumage automatique des feux. Mais pas la radio ni les jantes en alliage.
Pour 1 875 € de plus, on s’offre les finitions Elegance ou Avantgarde, la première étant plus chic (jantes alu, inserts en bois, miroirs de courtoisie éclairés), la seconde plus sportive (jantes en alliage, inserts en alu, boucliers et calandre spécifiques). En 2004, la Classe C bénéficie d’un léger restylage (boucliers, équipement enrichi, nouvelles commandes de clim), mais en 2005, la 240 est supprimée. Elle a eu un succès étonnant, fabriquée à 206 189 unités toutes versions confondues.
Fiabilité/entretien : à chacune ses problèmes !

Très belle qualité de fabrication pour l’Audi A4, par ailleurs dotée d’un moteur fiable. Seulement, sa distribution s’effectue par courroie, dont le changement se révèle très onéreux vu l’accès peu évident. Durant l’opération, on renouvellera aussi la pompe à eau.
A la longue, ce bloc pâtit de fuites sans gravité au niveau des joints de cache-culbuteurs, de sondes et parfois de déphaseurs en panne. A surveiller également, le thermostat, le PCV (reniflard d’huile), et les bobines. Rien de grave. Le souci, c’est la boîte, pas la manuelle, sans histoire, mais la Multitronic, fragile. Par ailleurs, elle doit impérativement être vidangée tous les 60 000 km.
Pas de soucis particuliers du côté des trains roulants, mais vu le nombre de silentblocs, les réfections éventuelles sont onéreuses. Dans l’habitacle, on apprécie la belle finition, mais le ciel de toit finit par s’affaisser. Les fonctions électriques sont plutôt fiables.

Elle aussi bien fabriquée, la Mercedes C240 a pour avantage sur l’Audi sa distribution par chaîne, sans entretien. Son moteur M112 est très costaud, sans panne récurrente, mais le renouvellement des bougies (12 au total) coûte relativement cher, surtout quand il s’agit de changer aussi les bobines. Pas de gros soucis non plus pour les boîtes, à condition de vidanger l’automatique tous les 60 000 km de préférence.
Comme sur l’A4, gare à l’état des trains roulants, vu le nombre d’éléments. Et avant juillet 2002, les silentblocs sont sertis dans les bras (détachables ensuite). Par ailleurs, la C240 a ses faiblesses, d’ordre électronique, à cause des boîtiers SAM, des routeurs électriques en gros. Quand celui de l’avant (entre le pare-brise et la tourelle d’amortisseur gauche) dysfonctionne, il entraine des soucis de démarrage et des ratés, notamment. Celui situé dans l’aile arrière gauche génère des avaries électriques dans l’habitacle. Ils se changent aisément, mais peuvent exiger des reprogrammations.
Dans le cockpit, le vieillissement ne vaut pas celui de l’Audi, tout en restant bon, malgré une tendance du ciel de toit à s’affaisser. Toutefois, sur les modèles d’avant juillet 2002, pas mal de petites défaillances peuvent gâcher la vie, comme les clapets de ventilation défaillants, peu onéreux à l’achat certes, mais difficiles à remplacer. Attention, la Mercedes avoue une tendance à la corrosion plus marquée que celle de l’Audi.
Avantage : Egalité. Moteur moins cher à entretenir et BVA plus fiable pour la Mercedes, électronique, finition et carrosserie plus résistantes pour l’Audi. Pas de victoire.
Vie à bord : l’Audi, plus premium que la Mercedes

Dans l’A4, on découvre un superbe tableau de bord. Elégamment dessiné, il profite d’une finition exceptionnelle pour son époque, caractérisée par des plastiques de première qualité et un assemblage millimétré. Toutes les commandes inspirent confiance. Les sièges procurent un confort très acceptable, et l’habitabilité se révèle correcte, notamment en largeur.
L’ambiance est un peu à l’engoncement à cause de la ceinture de caisse très haute, mais la belle présentation générale compense. On apprécie l’équipement fourni dès l’entrée de gamme, qui comprend des dossiers arrière rabattables, permettant d’agrandir un coffre au volume convenable, sans plus (445 l).

Dans la Mercedes, l’ambiance se veut plus originale que dans l’Audi, mais la finition n’est pas du même niveau, notamment à cause de plastiques moins travaillés. Heureusement, l’assemblage se révèle rigoureux, même si les boutons de commande font plus légers que dans l’A4. Ici aussi, les sièges, dotés d’un dossier et d’une hauteur à réglage électriques, se révèlent plutôt confortables, l’ambiance paraît relativement aérée.
De plus, l’habitabilité se révèle à peu près convenable, avec un peu moins de largeur que dans l’Audi, mais légèrement plus d’espace aux jambes à l’arrière, où la ceinture de sécurité centrale à trois points, contrairement à l’A4, est livrée de série. En revanche, la banquette rabattable reste en option. A 455 l, le coffre est un chouia plus volumineux que celui de l'A4.
Avantage : Audi. Grâce à sa finition et son équipement de série, l’A4 prend le dessus sur la Mercedes, aux plastiques un peu décevants.
Sur la route : anneaux rassurants vs étoile filante

Position de conduite impeccable dans l’Audi, où le volant se règle dans les deux plans. De plus, l’ergonomie est satisfaisante. Le moteur se signale par sa grande douceur et sa belle mélodie, plus que par son punch. Très souple, il marche mieux dans les tours, prenant allègrement 6 500 tr/min, mais il manque de muscle pour bien relancer la voiture quand on est en 5e. Mieux vaut rétrograder pour obtenir de bonnes reprises, en usant de la commande de boîte plutôt plaisante.
Dynamiquement, la rigueur est de mise, grâce aux trains roulants très bien guidés. Ça file droit, imperturbablement, ça tient sa trajectoire en virage, mais à la limite, ça sous-vire, assez logiquement. Comportement sûr mais pas joueur. L’amortissement est plutôt bien vu, mais la précision reste perfectible. La suspension filtre très correctement les inégalités, de sorte que conjuguée à la bonne insonorisation, elle rend l’Audi très plaisante sur long parcours. Enfin, elle freine encore efficacement.

Dans la Mercedes également, on se trouve fort bien installé, grâce au volant réglable, ici aussi, dans les deux plans. Ensuite, il faut s’habituer au commodo unique, ce qui va vite. Comme dans l’Audi, le moteur séduit par sa souplesse et sa douceur, mais aussi, la sonorité paraît un peu plus énervée. S’il monte moins haut en régime, le V6 a ici plus de punch, en accélérations mais aussi, et surtout, en reprises. La boîte 6, pas des plus plaisantes à manier, permet en tout cas de mieux exploiter le moteur.
Plus vive mécaniquement, la C240 n’offre en revanche pas une tenue de cap aussi sereine que celle de sa rivale. Cela dit, en virage, elle n’a rien à lui envier côté rigueur, et se révèle même plus malléable à la limite, propulsion oblige, ce qui suppose un peu plus de prudence sur le mouillé. La précision ne surpasse pas celle de l’Audi, mais la Mercedes est plus amusante. Elle maintient tout aussi bien ses mouvements de caisse, mais filtre un peu mieux les inégalités, alors que, globalement, l’insonorisation est équivalente. Enfin, le freinage est, lui aussi, du même niveau.
Avantage : Mercedes. Un peu plus punchy, la C240 soigne aussi davantage les reins de ses passagers, tout en se montrant plus amusante qu’une A4 tout de même plus stable.
Budget : vraiment pas chères

En très bon état, l’Audi A4 2.4 se dégotte dès 3 000 €, avec un peu plus de 200 000 km au compteur, en boîte Multitronic. En manuelle, ajoutez 500 €. Comptez environ 5 000 € à moins de 150 000 km, alors qu’à 9 000 €, on tombe sous les 100 000 km. Côté consommation, tablez sur 9,5 l/100 km en moyenne.

A condition comparable, la Mercedes C240 débute, elle aussi, aux alentours de 3 000 €, sans réelle différence entre manuelle et automatique (mieux adaptée au V6). Mais ses prix grimpent moins à mesure que le kilométrage diminue. Ainsi, à 4 500 €, on peut en trouver qui avoisinent les 150 000 km, alors qu’à 6 000 €, on tombe sur des C240 de moins de 100 000 km. En revanche, la Mercedes consomme un peu plus que l’Audi : 10 l/100 km.
Avantage : Mercedes. Nettement moins chère que l’A4 à kilométrage raisonnable, la C240 compense ainsi sa gourmandise un poil supérieure.
Verdict : tout dépend de la boîte

Si vous voulez une boîte manuelle, l’Audi semble un poil plus recommandable que la Mercedes, surtout en raison de sa meilleure qualité de fabrication. L’A4 vieillit mieux, ce qui est un atout important sur des autos aussi âgées. En revanche, si vous cherchez une automatique, prenez la Mercedes, à la transmission nettement plus fiable et agréable à l’usage.

Elle se montrera aussi un peu plus confortable et rapide, mais consomme plus que l’Audi, et reste moins sûre sur le mouillé. Mais elle est aussi plus abordable : vraiment, ces deux allemandes offrent des prestations proches.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Egalité |
Vie à bord | Audi |
Sur la route | Mercedes |
Budget | Mercedes |
Verdict | Mercedes... en BVA |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Audi A4 V6 2.4 et Mercedes C240.
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