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80 km/h: le Sénat contre-attaque (reportage vidéo)

Dans Pratique / Sécurité

Pierre-Olivier Marie

Un groupe de sénateurs plaide pour que les départements déterminent eux-mêmes sur quelles routes s'appliquera la limitation à 80 km/h. Selon eux, ce sont l'acceptabilité et l'efficacité de la mesure qui sont en jeu.

80 km/h: le Sénat contre-attaque (reportage vidéo)

Qui a dit que le Sénat était une maison de préretraités ? A l’heure actuelle, la seule opposition politique structurée à l’instauration généralisée des 80 km/h sur le réseau secondaire se trouve dans les couloirs du palais du Luxembourg. Un petit groupe de sénateurs de droite et de gauche, tous membres du groupe de travail sur la sécurité routière, a décidé de porter le fer contre la mise en place de cette mesure depuis que l’annonce officielle en a été faite le 9 janvier dernier par Matignon.

La première étape avait été une audition au Sénat dès le 24 janvier du délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe, laquelle avait permis de mettre en évidence « de mettre en évidence que les résultats des études justifiant les 80 km/h n’étaient en réalité pas conclusifs », pour reprendre les termes employés par Philippe Bas (Manche).

Pas de quoi décourager les pouvoirs publics, qui n’ont pas dévié d’un pouce malgré les très nombreuses  protestations qui se font entendre dans le pays. Selon un sondage récemment publié, 76% des Français restent opposés aux 80 km/h, et parmi eux de nombreux élus. Une trentaine de conseils départementaux se sont d’ailleurs officiellement prononcés contre la décision dictée par un exécutif parisien jugé déconnecté des réalités du terrain. « Une telle mesure impacterait significativement la vie de nos concitoyens, en particulier sur les parties rurales de notre territoire, sans que son intérêt réel ne soit démontré », expose par exemple Jean-Léonce Dupont, président du conseil départemental du Calvados. « Il est inacceptable qu'une nouvelle fois, Paris impose unilatéralement son choix aux territoires » renchérit François Sauvadet (Côte d’or). « Demain, le Cantal sera toujours aussi beau, mais encore plus loin », observe le Président du conseil départemental Bruno Faure, qui dans Le Monde (17/04) déplore le renforcement de l'enclavement de son territoire. Sans effet pour le moment, il faut bien le dire.

Paris contre province

Les sénateurs en remettent une couche cette semaine avec la publication d’un rapport intitulé « mieux cibler pour plus d’efficacité », qui sur 58 pages détaille les raisons de leur courroux, assortie de leurs propres propositions : « Plutôt que d’appliquer la réduction de vitesse de manière uniforme, nous proposons qu’elle soit décentralisée au niveau des départements, afin de l’adapter aux réalités des territoires, et qu’y soient associés les acteurs pertinents, afin d’en favoriser l’acceptabilité et l’efficacité », plaident les élus. Les acteurs concernés seraient les représentants de l’Etat en charge de la gestion des routes, les services techniques du département en charge de la gestion des routes, des associations d'usagers des routes, ainsi que des associations de lutte contre la violence routière.

Du bon sens, donc. Qui s’exprime aussi quand on évoque le rapport publié mardi 17 avril par la sécurité routière, lequel rejette toute idée de limitations différenciées selon les types de route: « évidemment qu’il y a plus d’accidents sur les axes principaux, puisque davantage de véhicules y circulent. Ils nous prennent vraiment pour des idiots ! », tonne Michel Raison, sénateur de Haute-Saône.

Les sénateurs, qui ne s’opposent pas par principe aux 80 km/h, proposent donc leur propre calendrier: entre juin et décembre seraient identifiées les routes accidentogènes, période au terme de laquelle serait arrêtée la liste des routes concernées par la baisse de la limitation de vitesse. Ladite limitation entrerait donc en vigueur sur certaines routes le 1 janvier 2019, et un bilan serait dressé deux ans plus tard pour jauger de l’efficacité de la mesure.

Les sénateurs comptent porter la contestation le plus loin possible, ainsi que le détaille Michel raison dans l’interview vidéo qu’il a accordée à Caradisiac. Pour louable et cohérente qu’elle soit, l’initiative n’a toutefois que peu de chances d’être suivie d’effets. « Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer », résume d'ailleurs un sénateur.

 

 

 

 

 

 

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