Pour la première fois dans l'histoire des 24 Heures du Mans, un pilote s'impose au volant d'une voiture de sa construction et portant son nom. L'exploit de Jean Rondeau, remarquablement épaulé par Jean-Pierre Jaussaud est resté unique à ce jour. Battu au classement général, Porsche se console en raflant les victoires dans les groupe 4 et 5, ainsi qu'en IMSA.
Désertée par les équipes officielles, l'endurance connaît l'une des périodes les plus ombres de son histoire à la fin des années 70. Longtemps préservées de ce chaos, les 24 Heures du Mans, sont touchées à leur tour après le retrait des prototypes Renault et Porsche. Si l'épreuve mancelle constitue toujours bien le rendez-vous de l'année, il n'en demeure pas moins que la qualité de son plateau ainsi que son intérêt, ont considérablement baissé en 1979. Cette édition 1980 ne sera guère plus enthousiasmante que la précédente, même si elle se solde par le triomphe de Jean Rondeau, "l'enfant du pays au terme d'une course plus chargée d'émotions que d'un véritable contenu sportif".
Les forces en présence
Echaudé par la déroute de ses 936 en 1979, Porsche a décidé de faire l'impasse sur cette édition. La firme allemande est tout de même "officieusement" présente avec une réplique de 936 construite par Reinhold Joest et animée par le moteur flat-6 de 1977 à deux soupapes par cylindres développant 550 ch. Précieusement secondé par Jacky Ickx, Joest peut également compter sur le soutien discret de quelques techniciens de l'usine, alors que l'engagement a été pris en charge par le Martini Racing. Face à cette unique Porsche alignée en Groupe 6, Jean Rondeau, dont la petite usine est située à Champagné à quelques kilomètres du Mans, est le challenger désigné, avec trois modèles M 379 B (2 Gr. 6 et 1 GTP) propulsés par des V8 Ford Cosworth de 450/460 ch. Toujours en Groupe 6- 3litres, la De Cadenet-Ford conduite par son propriétaire et François Migault fait figure d'outsider après ses succès à Monza et Silverstone, alors que les ambitions de l'ACR de Chevalley - Gaillard - Trisconi (une Lola à carrosserie profilée venue de Suisse) et de la Dome de Craft-Evans semblent nettement plus limitées. La catégorie "prototype" est complétée comme de coutumes par quelques barquettes deux litres : quatre Lola, deux Chevron, une Toj et une Osella pilotée par Lella Lombardi et Mark Thatcher, le fils de la "dame de fer".
Les équipes privées américaines ou allemandes qui font les beaux jours de l'IMSA ou du championnat d'Allemagne Groupe 5, espèrent bien venir troubler la domination des prototypes 3 litres avec leurs surpuissantes Porsche 935. Onze exemplaires de la "K3" (la version victorieuse en 1979, préparée par les frères Kremer), sont présents avec notamment Fitzpatrick - Barbour - Redman, Whittington - Haywood, Rahal - Garretson - Moffat et Paul (père et fils-Edwards en IMSA. Le groupe 5 voit le retour du Team de Georg Loos avec une 935 pour Bob Wollek et Helmut Kelleners et une puissante équipe Kremer qui engage trois K3 pour Stommelen - Ikusawa - Plankenhorn, Lafosse - Field - Ongais et Lapeyre-Verney associés à Jean-Louis Trintignant qui effectue ses débuts au Mans.
Côté italien, Lancia , la seule équipe officielle engagée en Groupe 5, a amené trois modèles Beta Monte Carlo à moteur 1400 cm3/turbo de 420 ch qui viseront la victoire dans la division 2 (moins de deux litres), alors que les quatre Ferrari 512 BB inscrites en IMSA chercheront à profiter des défaillances éventuelles des Porsche pour signer un bon résultat dans leur catégorie. Le plateau en IMSA se complète de quatre BMW M1 (dont deux semi-officielles confiées à Didier Pironi et Hans Stuck) qui sont encore très proches de modèles GT, et d'une Mazda RX7 dont la sonorité du birotor va martyriser les tympans des spectateurs.
La catégorie GTP-Le Mans ne devrait pas échapper à une équipe française avec la présence d'une Rondeau M 379 B pour les frères Martin, les spécialistes des 24 heures de Spa associés à Gordon Spice et de trois WM à moteur Peugeot V6-Turbo. Nettement moins puissantes, les trois Porsche 924 à moteur quatre cylindres (320 ch), chercheront avant tout à rallier l'arrivée en formation "groupée" pour d'évidentes raisons de marketing. Enfin, on compte encore cinq engagés en catégorie GT/groupe 4... cinq Porsche.
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