Pierre Desjardins , mis à jour
2. Volvo S60 T8 Twin Engine - Sur la route : confort et impressions de conduite
Partir du centre de Paris à 8 h 00 avec comme objectif premier de rejoindre l'A1 située au nord de la capitale permet déjà de mettre en valeur une première qualité d'un hybride rechargeable dont la batterie a amoureusement chargé toute la nuit, celle de pouvoir rouler en 100 % électrique en ville, lieu où un moteur thermique consomme le plus, en sélectionnant le mode Pure. Et le contrat est parfaitement rempli puisque je vais franchir aisément la frontière qu'est le périphérique sans avoir consommé la moindre goutte de Sans-Plomb tout en bénéficiant de la conduite apaisée, du confort et du silence d'une électrique en milieu urbain même si la S60, à 4,76 m de longueur, n'a rien d'une citadine.
Une fois cependant sur l'autoroute, mieux vaut passer en mode hybride et laisser ainsi la voiture choisir elle-même, ce qui permet alors de prolonger la durée de vie du contenu de la batterie tout en épaulant le moteur thermique, limitant ainsi sa consommation. C'est bien évidemment sur ce profil de route que la suédoise, régulateur de vitesse adaptatif enclenché, se montre parfaitement à son aise, plaçant ses occupants au centre d'un cocon totalement étanche aux imperfections de la route ainsi qu'aux bruits d'air. Et les 400 premiers kilomètres jusqu'à la frontière entre Belgique et Allemagne passent ainsi en un clin d'œil malgré un temps des plus maussades. La batterie s'est lentement vidée tout au long du parcours avant de stabiliser sa capacité à un certain niveau pour un fonctionnement type hybride simple et la consommation s'établit à 6,6 l/100 km de moyenne. Un chiffre qui me paraissait plutôt élevé dans un premier temps, mais il s'avère que c'est tout à fait similaire à ce qu'a obtenu Alexandre Bataille dans sa V60 D4 AWD deux fois moins puissante.
Il est cependant temps de faire une pause déjeuner dans une station-service et la proximité de bornes de recharge permet d'envisager à la fois un plein d'essence mais aussi d'électrons. Le premier se fait sans aucune difficulté mais le second se soldera par un échec, la borne reconnaissant parfaitement ma carte ChargeMap, déclenchant la charge mais l'interrompant sans explication au bout de quelques secondes. Après avoir insisté plusieurs fois sous une pluie battante, je finis par abandonner.
Une première pause pour faire un plein de Sans-Plomb et d'électrons : réussite à la pompe, (premier) échec à la borne.
La route se poursuit en direction de Brême, au Nord-Ouest de l'Allemagne, le lieu de notre étape du jour situé 400 km plus loin. La météo épouvantable nous accompagne fidèlement tandis que trafic et travaux nous empêchent de profiter autant qu'on le voudrait de la spécialité locale qu'est l'autobahn sans limitation de vitesse. La nuit est déjà tombée depuis bien longtemps lorsque nous arrivons à destination, tous fatigués par ces conditions pénibles. Je garde cependant le sourire car je sais que, après avoir traîné pendant près de 600 km une grosse batterie à 90 % vide, il y a pile en face de notre hôtel une borne de recharge. Mais échec à nouveau : cette dernière offre trois formats, ChaDeMo, Combo CCS et Type 2, celui qu'accepte la T8 Twin Engine. Et devinez lequel des trois est recouvert de chatterton et surmonté d'une lumière rouge, couleur internationale du hors service ? La Type 2, bien sûr. Et cela démontre un second avantage à avoir également une prise Combo CCS puisque, outre évidemment la possibilité de charger bien plus rapidement en DC, cela permet aussi d'avoir une alternative si la Type 2 ne fonctionne pas, ou inversement bien sûr. La consommation s'élève ce soir-là à 7,1 l/100 km de moyenne depuis le départ de Paris, ce qui n'est pas époustouflant mais pas si mal non plus vu le rythme soutenu de notre convoi en Allemagne.
Le lendemain, changement total d'ambiance avec un ciel parfaitement bleu. Objectif du jour : atteindre Copenhague, située à 600 km. Et cela commence dès la sortie de Brême avec, enfin, une belle portion d'autoroute sans limitation de vitesse, sans travaux et sans trop de trafic. Le moment parfait pour oublier toute notion d'écoconduite, se mettre en mode Power, emprunter la file de gauche et écraser la pédale de droite jusque dans la moquette. Sans être violente, la poussée est franche et continue, et atteindre la barre des 200 km/h n'est qu'une formalité. L'aiguille du tachymètre poursuit son ascension à rythme soutenu mais l'ambiance à bord est parfaitement sereine : la S60 semble être sur des rails et seuls des bruits d'air à peine plus importants signalent que nous sommes actuellement à une vitesse approchant le double de celle autorisée en France. À 240 km/h compteur, le huitième rapport est enclenché et l'accélération reprend avant que je ne déclare la petite fête terminée à 255 sans qu'aucune bride électronique n'intervienne mais déjà bien au-delà de l'indice de vitesse des pneus hiver Nokian WR. Au-delà d'un petit caprice d'automobiliste français frustré, c'est aussi un moment historique puisque dès le milieu de l'année 2020, toutes les Volvo seront limitées dès la sortie de l'usine à 180 km/h.
À ce rythme, le Danemark est rapidement en vue mais il faut, pour atteindre sa capitale, emprunter le Grand Belt, dont les 18 km en font le troisième pont le plus long du monde. Petite pause au pied de cet édifice extraordinaire avant de l'emprunter, juste le temps de faire quelques prises de vue, pas assez pour se brancher plus de quelques minutes sur une borne qui se trouvait là par hasard mais plus qu'il n'en faut pour déterminer que, quand on ne peut se garer qu'en épi à droite, la trappe située sur l'aile avant gauche n'est vraiment pas pratique.
Le soleil commence à se coucher, ce qui donnera de très belles images dans la vidéo. Une fois arrivé à Copenhague, j'espère bien cette fois-ci pouvoir enfin me brancher après avoir fait plus de 1 000 km depuis Paris. Le réceptionniste de l'hôtel où nous restons pour la nuit m'annonce joyeusement qu'il est tout à fait possible de brancher la S60 mais il faut : payer le parking souterrain, télécharger une application spécifique et payer la recharge via cette application. Merci mais non merci donc. Un coup d'œil à l'application de ChargeMap m'annonce que la borne accessible la plus proche, appartenant au réseau Clever, se situe à 700 m. La nuit est maintenant totalement et les températures sont déjà négatives mais qu'à cela ne tienne, je tente ma chance et me ferai peut-être ensuite une petite balade au clair de lune. Et victoire : la borne est libre et fonctionne. Heureusement cependant que j'ai eu la bonne idée d'embarquer un câble T2/T2, une option à 355 €, sinon cela aurait été une nouvelle fois chou blanc. Deuxième coup de chance : l'ami Alexandre Bataille dans sa V60 passe me chercher et nous allons dîner avec le reste de l'équipe. En fin de soirée, il me redépose et je constate avec joie que la batterie de la S60, après précisément 2 h 33 de charge, est 100 % pleine pour la première fois depuis notre départ de Paris.
Le lendemain, il faut patienter quelques minutes que la ventilation réglée au plus chaud vienne à bout de l'épaisse couche de givre puis le convoi se reforme et il est maintenant temps de franchir la dernière frontière de notre road trip, celle qui sépare le Danemark de la Suède. On continue pour commencer sur de la voie rapide, avec d'abord une étape près d'Osby, la ville natale de la célèbre marque de jouets en bois pour enfants Brio, puis à Malmö pour faire plaisir à Alexandre voulant présenter ses respects à feu la statue de Zlatan Ibrahimovic (c'est un célèbre footballeur pour les incultes du ballon rond dont je fais partie). Et c'est à quelques mètres seulement de ce monument que je suis tombé totalement par hasard nez à nez, ou plutôt capot à capot, avec une splendide berline 240 rouge, sans aucun doute l'arrière-grand-mère de la S60, ce qui a forcément entraîné quelques photos de famille improvisées.
Réunion de famille improvisée à Malmö entre la S60 et son ancêtre la 240.
Alors que la lumière commence déjà à décliner, nous nous enfonçons un peu plus dans l'arrière-pays suédois, direction Eskjö, sur une nationale partiellement déneigée et avec des panneaux signalant la présence de façon alternative d'élans et de radars. On est bien en Suède. Sur ce nouveau profil de route, la S60 continue de se montrer sereine grâce à sa transmission intégrale et l'excellente visibilité apportée par l'efficacité de ses projecteurs. Certes, ce n'est pas forcément l'outil de choix pour attaquer une spéciale de rallye, avec une direction manquant de remontées d'informations et un embonpoint qui a du mal à se faire oublier, mais c'est toujours le même excellent outil pour avaler du kilomètre malgré les conditions difficiles.
Pas de surprise en arrivant dans notre petit hôtel perdu dans la forêt : aucune prise de recharge disponible et la première borne se trouve à un bon 20 km. Aucun intérêt donc à s’y faire emmener et ramener deux fois en XC90 gasoil et de griller la moitié de la batterie pour revenir, il n'y aura donc pas de recharge cette nuit. Et c'est bien dommage, puisque la consommation moyenne s'établit maintenant à 7,8 l/100 km.
Petite séance photo improvosée dans Eskjö et sur les rives du lac Södra Wixen.
Le matin suivant, la Suède nous gratifie, par - 8 °C, d'un de ces levers de soleil absolument extraordinaires dont elle a le secret, avec une palette de couleurs incroyable, le tout sur les rives du lac Södra Wixen. Impossible à nouveau de ne pas profiter d'un tel décor pour réaliser quelques images et l'adorable centre d'Eskjö nous retiendra aussi quelques instants pour la même raison. Naviguer dans les rues très serrées de la vieille ville permet d'apprécier la maniabilité de la S60 malgré son empattement démesuré et sa bonne visibilité périphérique pour une berline trois volumes, même au niveau du trois quarts arrière droit.
7 km d'autonomie électrique retrouvée pour 35 minutes de charge, c'est bien peu.
Midi approche et l'objectif de la journée est d'atteindre Stockholm, soit presque 350 km dont un bon tiers de routes secondaires. Mais les estomacs crient famine, il faut donc effectuer rapidement une pause, ce que l'on fera juste avant de reprendre l'autoroute dans une chaîne de restauration rapide aussi connue que peu typique de la région. Qu'à cela ne tienne, une splendide borne de recharge me tend les bras dans le parking. Une nouvelle fois, la carte ChargeMap remplit parfaitement son office et journalistes comme voiture peuvent se sustenter. Malheureusement, précisément 35 minutes et 43 secondes plus tard, la batterie d'une capacité de 11,6 kWh n'a regagné que 1,914 kWh, soit l'équivalent de 7 kilomètres d'autonomie électrique affichée au tableau de bord qui fondront comme neige au soleil sur l'autoroute.
Stockholm, nous voilà ! Ce soir-là, je n'ai pas à me soucier de la recharge, le voiturier de notre hôtel m'assure qu'il va s'en… charger. Du grand luxe ! Et il tient parole : je rejoins notre cortège avec une batterie à nouveau pleine le lendemain. Nous quittons alors la capitale suédoise, située à l'est du pays, direction Leksand, le point le plus au nord de notre road trip, avec l'ambition d'emprunter l'autoroute le moins possible en favorisant la nationale déserte à travers les forêts enneigées. La route elle-même est recouverte par endroits d'une épaisse couche blanche et je découvre alors des sensations inédites dans la S60. En désactivant l'antipatinage et sélectionnant le mode Pure, on se retrouve donc au volant d'une propulsion électrique avec 240 Nm disponibles instantanément sous le pied droit. La glisse est alors d'une facilité déconcertante, avec un excellent équilibre et une prévisibilité rassurante, le tout dans un silence quasiment total et sans la moindre émission de CO2. Un moment véritablement extraordinaire qui a figé un sourire sur mon visage pendant plusieurs heures.
La Volvo S60 T8 Twin Engine se montre étonnamment très amusante à conduire sur la neige.
À moins que ce soit le froid. À notre arrivée à Leksand, il fait en effet – 6 °C, nous n'avons pas vu de températures positives depuis l'avant-veille et la météo annonce - 12 °C au plus sombre de la nuit. Malheureusement pour mes collègues, leurs montures sont reléguées pour la nuit à une centaine de mètres de l'entrée de l'hôtel tandis que la mienne trône juste devant la porte où se situe une borne gratuite. Une nouvelle fois, je me félicite d'avoir embarqué le câble T2/T2 sans lequel aucune recharge n'aurait été possible.
Nouveau lever de soleil spectaculaire et environ 400 km à effectuer sur le même profil de route que la veille. L'occasion parfaite pour refaire un peu d'écoconduite en profitant de la batterie chargée pendant que l'équipe des cadreurs s'affaire autour pour faire des images en mouvement depuis la voiture travelling. Après quelques jours d'expérience, les 54 km d'autonomie annoncés en électrique s'avèrent atteignables mais il faudra pour cela des conditions parfaites et un conducteur motivé. La plupart du temps, entre 40 et 50 km sont faisables en conditions mixtes et moins de 30 si vous empruntez directement une voie rapide. Mais quoi qu’il en soit, cela permet de baisser la consommation moyenne qui, lorsque nous arrivons à Trollhättan, s'établit à 7,5 l/100 km, marquant toujours à la culotte les chiffres relevés par Alexandre Bataille dans sa V60 D4 AWD.
À Trollhättan, on oublie quelques minutes Volvo pour arpenter les allées du musée Saab, l'autre constructeur suédois qui n'a pas malheureusement pas connu la même destinée que son compatriote. Et quel dommage, tant son identité est forte et ses solutions techniques originales et novatrices pour l'époque. C'est donc le cœur plein de nostalgie un peu amère que l'on reprend la route pour un petit saut de puce de 75 km jusqu'à notre étape finale située à Göteborg. L'hôtel dans lequel nous avons réservé n'a pas véritablement de borne dédiée aux voitures électrifiées mais la standardiste extrêmement aimable m'indique une prise située à l'extérieur dans la propriété. C'est un peu une installation de fortune qui remplirait d'effroi le premier électricien venu mais cela fonctionne : le lendemain matin, je découvre une S60 à la batterie chargée et non un tas de cendre.
Les deux jours suivants sont consacrés à plusieurs visites des installations Volvo sans quitter la ville, que ce soit l'usine, le musée ou encore le centre de design, et tous avaient des bornes de recharge dans leurs parkings, au point de me permettre de réaliser durant ces 48 heures près de 150 km en électrique. Il est cependant temps de rendre les clés de la S60, qui termine avec un très respectable 7,4 l/100 km de moyenne, et de dresser un bilan complet des précisément 3 072 km réalisés à son volant en huit jours.
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