Un seul nom pour deux voitures - Ferrari 308 et Peugeot 308 : populaires, mais pas de la même manière
L'italienne est l'une des Ferrari les plus connues et les plus diffusées. Quant à la française, elle est la compacte traditionnelle qui a enfin, grâce à sa seconde génération, réussi à égaler en qualité l'indétrônable Volkswagen Golf. Des autos très différentes qui n'ont que deux choses en commun : leur nom et leur réussite.
Toutes les deux sont des best-sellers, mais pas de la même manière. Si la 308 transalpine s'est vendue à 16 000 exemplaires en 10 ans, un exploit pour Ferrari, l'hexagonale de première phase s'est écoulée à 1,4 million d'unités, un record pour Peugeot. Quant à sa seconde génération, toujours au catalogue, il s'en vend entre 50 000 et 80 000 par an depuis son lancement en 2013. Mais si la Ferrari n'a jamais été vraiment soumise à la concurrence et bénéficie de son statut de dieu de l'Olympe automobile, Peugeot a eu à convaincre ses clients qu'il était au niveau du dieu des constructeurs généralistes haut de gamme : Volkswagen. Et il y a réussi, du moins d'un point de vue qualitatif.
308 : trois petits chiffres pour deux stars
Ferrari 308 : 3 litres et 8 cylindres
En ces années 70, Ferrari n'est pas dans ses années les plus fastes. Bien sûr la Dino, la voiture d'entrée de gamme avec un petit moteur V6, se vend bien, toutes proportions gardées. En cinq ans, 3 700 exemplaires ont trouvé preneurs. Le Cavallino n'est pas au bord du gouffre, du moins depuis que Fiat est entré à son capital en 1969, et fort de ce semi-succès, son Commendatore se laisse convaincre qu'une Ferrari n'est pas forcément une auto totalement inaccessible qui nécessite un Bac +8 en pilotage pour être conduite.
Va donc pour une auto presque du quotidien, capable d'être menée par presque tout le monde. Comment l'appeler ? Pas question de la baptiser Dino, du nom du fils d'Enzo Ferrari décédé en 1956. Le patron décide que ce nom sera réservé aux bolides de petite cylindrée seulement (en l'occurence des V6) et sera la seconde marque du constructeur. La nouvelle sera équipée d'un V8 et aura donc le droit de s'appeler Ferrari. Mais il faut lui accoler un numéro pour la différencier des autres. Elle jauge trois litres ? Va pour le 3. Elle a un moteur de 8 cylindres ? va pour le 8. Et au milieu, il suffit de coller un 0, histoire de baptiser facilement celles qui vont lui succéder. ce sera donc la Ferrari 308.
Un style habile
Son projet dans la poche, le patron va sonner chez Pininfarina. Là, il est confié à un designer de la maison, Leonardo Fioravanti, qui avait déjà conçu la Dino et la BB GT4 de 1971. Coup de génie ou accès de fainéantise ? Toujours est-il que l'artiste ne part pas d'une page blanche, mais de la BB qu'il remanie, puisque la voiture est plus courte et plus étroite. De cette copie améliorée va naître le coupé le plus emblématique de l'air moderne de Ferrari. Une auto au style effilé et tout en sobriété, plus cohérente, finalement, que la BB qui l'a inspirée. Lorsqu'elle est présentée au salon de l'auto parisien de 1975, le succès est immédiat. Et il ne se démentira pas.
Vous avez aimé la version berlinetta (GTB) de 1975 ? Vous allez adorer la version scoperta de 1977, se dit Enzo Ferrari. Deux ans après le coupé GTB, voilà qu'apparaît donc la GTS (Gran Turismo Scoperta) et son petit bout de toit qui s'enlève. Le succès continue, la clientèle habituelle est conquise et de nouveaux fans s'offrent grâce à elle leur première voiture rouge.
Mais ce n'est que trois ans plus tard que la 308 fait vraiment le tour de la planète et devient célèbre dans tous les foyers du monde. De 1980 à 1988, elle s'expose dans les 162 épisodes de la série américaine Magnum. À son volant, le moustachu Tom Selleck joue la coolitude et se révèle être le meilleur vendeur d'autos de tous les temps. Jusqu’à la fin de sa carrière, en 1985, 16 000 Ferrari 308 toutes versions confondues, de 205 à 255 ch, sont produites et vendues, un record pour Maranello.
Peugeot 308 : le succès sans le prestige
La Peugeot 308, c'est une tout autre histoire, certes moins noble, mais pas moins lucrative pour ses auteurs. Si aucun détective hawaïen ne s'est jamais pavané à bord, la Peugeot 308 reste pourtant une auto a succès. Même si elle n'a pas égalé les 8,4 millions de 205 vendues, elle se sera tout de même distribuée à un peu plus de 1,4 million d'exemplaires.
À l’origine du dessin de cette compacte, concocté par l'équipe de Gérard Welter, à la tête du bureau de style de Peugeot à l'époque, on trouve le concept 907, exposé au Mondial de l'automobile 2004. C'est une auto comme on n'en fait plus, et comme Peugeot n'en a jamais fait en série : un coupé néorétro V12 de 500ch. Ce qu'il en reste sur la 308 de première génération, c'est une face avant plongeante. Pour le reste, l'auto née en 2007 reprend la silhouette haute de la 307, avec des lignes beaucoup plus réussies. Surtout, cette 308 de première génération sera l'une des autos les plus déclinées de la maison sochalienne : 3 portes, break, sportive (GTI), coupé (le fameux RCZ s'appelait d'abord 308 RCZ), SUV (le premier 3008), elle aura même droit à sa version coupé-cabriolet que tous les étudiants en design citent en exemple de ce qu'il ne faut pas faire.
Pendant ses six ans d'existence, elle aura largement rempli sa tâche : celle d'une honnête compacte spacieuse, accommodée à toutes les sauces. Elle aura également laissé le champ libre à une nouvelle 308, qui fera entrer Peugeot dans une autre dimension.
En 2014, Carlos Tavarès prend la tête de PSA qui sort de l'une des pires périodes de son histoire. En quasi-faillite, le constructeur va pourtant se redresser en quelques années, notamment grâce aux choix de son patron pour la marque au lion. Le Peugeot généraliste, c'est terminé. Le nouveau boss entend monter en gamme, et faire de l'entry premium. Du quoi ? Du Volkswagen en somme, c’est-à-dire une marque qui frôle, en prix et en qualité, le trio allemand Audi, BMW et Mercedes, en en donnant légèrement moins pour légèrement moins cher.
Première auto à expérimenter ce nouveau positionnement, la seconde génération de 308 n'a pas été conçue sous son ère, mais elle répond parfaitement au cahier des charges. Et ça marche, les critiques sont élogieuses et les clients suivent. C'est précisément cette 308, qui devrait être renouvelée cette année, qui a ouvert la voie à toutes les Peugeot depuis ce mois de septembre 2013. La maman des 208, 2008, 3008 et 5008 a montré le chemin du haut de gamme à toutes les sochaliennes qui lui ont succédé, un peu comme la Ferrari 308 a ouvert la voie à toutes les Ferrari qui l'ont suivie et qui depuis 1985, sont aussi faciles à conduire que leur homologue de Sochaux, même si elles sont - un tout petit peu - plus chères.
1975 - 1985 : 10 ans de Ferrari 308
2007 - 2021 : 14 ans de Peugeot 308
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