Sécurité routière: le débat sur les arbres s'enracine
L'enjeu est de taille et, à la fin de l'année, il faudra rendre sa feuille au sujet de la mortalité routière. Une branche sensible s'il en est puisque le nombre des décès sur le bord de nos routes a grimpé l'an passé. Une première depuis douze ans alors que l'objectif est de faire chuter la triste statistique à 2 000 morts en 2020. Or, on en est encore à plus de 3 000. Il faut donc faire feu de tout bois pour arriver à l'objectif. De fait, on reparle des arbres sur le bord des routes. Obstacle naturel qu'il serait bon de faucher.
Or ce n'ai justement pas l'avis de Chantal Fauché ci-devant présidente de l'Association pour la protection des arbres en bord de routes. Les arbres ont leurs avocats et même si ceux-ci acceptent le chiffre de 326 personnes qui ont trouvé la mort en 2013 après avoir percuté un arbre, soit, tout de même, 10% des tués sur la route, on ne se résigne pas à l'abattage pur et simple : "certes, l'arbre est un facteur aggravant mais ce plan est fait pour s'attaquer aux causes des accidents. Les causes sont avant tout l'alcool, la vitesse, les comportements. L'abattage est un choix politique simpliste, souvent adopté parce qu'il permet aussi d'économiser des frais d'entretien" précise la président.
Cette dernière est aguerrie au combat avec le politique. En 2001, déjà, elle joutait avec le ministre de l'agriculture d'alors, Jean Glavany, qui voulait en finir avec les platanes. On connaît le résultat. L'oeuvre d'Henri III perdure et il trouve écho au sein des institutions européennes contemporaines qui ont imposé des directives imposant une préservation des paysages. Et puis il y a aussi cette théorie qui veut qu'une route dégagée endort la vigilance et incite inconsciemment à accélérer alors qu'une chaussée bordée d'arbres peut influencer positivement son comportement.
Le tracé est alors plus "lisible", et les arbres constituent des repères de distance, leur défilement donnant des références de vitesse et leur présence créant un "effet de paroi" qui fait ralentit l'allure. Et puis, on a aussi mis des glissières de sécurité pour protéger en cas de choc. Sur ce point, pour nous, motards, c'est le genre de dispositif qui peut ressembler à une double peine.
Alors ? Alors, le débat s'enracine et le gouvernement est ni pour ni contre, bien au contraire. Jean-Marc Sangouard, du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) n'est pas du genre à couper l'arbre pour avoir le fruit lorsqu'il affirme qu'"il n'y a pas une solution unique pour tous les itinéraires. Lorsqu'il y a conflit entre des objectifs de sécurité routière et de protection du paysage, la balance penchera du côté de la sécurité routière. Mais la protection du paysage doit éviter qu'on adopte des solutions trop radicales."
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