Reportage, GS Trophy 2013: un Trophy qui se professionnalise
De 48 la première année, à la bonne franquette, les participants à la troisième édition du GS Trophy France avaient doublé et parmi eux, de moins en moins de « touristes »… Comment a évolué ce challenge basé sur l'entraide et l'esprit d'équipe ?
Le paddock de la première édition, encerclé entre TouraTech et une zone de stockage de poids lourds, semble si loin au regard du cadre actuel. C'est dans la magnifique enceinte du château Beauregard à quelques encablures d'Orange que l'édition 2013 a choisi de planter ses tentes.
Pelouse digne du pays de sa Majesté, rangée d'arbres centenaires, expositions de machines ayant gravé dans la roche du Dakar l'hélice bleue et blanche, show room d'équipements du fabricant bavarois, barnums d'organismes capables de vous concocter un trip à l'autre bout de la planète et même stands culinaires façon truffe et huître feront de leur mieux pour que l'aventurier d'un jour se sente un peu comme à la maison… en mieux presque !
Seul l'éléphant bleu de Metzeler fera le raccord avec la première édition, au même titre que le polo de Marcel Driessen ou mon niveau de pilotage sur la terre proche du néant. Il faut bien l'avouer l'organisation hésitante de la première heure a laissé place à une machine bien rodée qui prend son rôle au sérieux.
La frite et la saucisse ont laissé place à un buffet varié plus en corrélation avec l'image premium de la marque, groupe de musique atypique (Fanfaronne Rock), concours de look et même des élèves en dernière année de l'école d'osthéo locale (IFO-GA) qui agiront gracieusement sur vos lombaires endolories. Excusez du peu.
DES COMPÉTITEURS QUI SE PROFESSIONNALISENT PEU À PEU
Même si encore quelques uns viennent avec « leur b… et leur couteau » comme on dit, force est de constater que les concurrents prennent le Trophy de plus en plus au sérieux « jouant la gagne » et ce étonnamment quel que soit leur niveau.
Les curieux venus pour voir de quoi il retourne, les motards en quête de plaisir et de fun ainsi que les compétiteurs purs et durs sont encore présents même si les deux premières catégories glissent petit à petit vers la dernière.
« C'est le troisième Trophy que je fais en France et même si je vise à chaque fois le podium, voire la victoire, je viens ici avant tout pour le fun et l'entraide… ce qui tend à disparaître. Je le regrette un peu même si c'est compréhensible en vu de l'enjeu final : représenter la France au GS Trophy International » constate Vincent Biau « c'est une autre ambiance tout simplement, avec des motards moins cools, moins festifs sans pour autant dire que c'est moins bien » conclue le vainqueur de l'édition 2013.
À ce que j'ai pu constater, ce sentiment se ressent réellement moins sur les épreuves qu'une fois de retour au château où l'ambiance générale est moins conviviale, moins fraternelle qu'au début. Ne pensez pas pour autant que tous tirent la tronche, c'est loin d'être le cas avec un sentiment de légèreté planant toujours sur le bivouac.
DIFFICILE DE NE PAS SE PRENDRE AU JEU
Je reste toujours aussi étonné de ce qu'est capable de faire une GS… Avec un gabarit plus proche de la catcheuse que de la danseuse étoile, l'allemande passe partout. Bien sûr elle est moins à son aise qu'une vraie machine d'enduro et tellement plus physique mais l'esprit de l'aventure est tout autre, respectant les fondamentaux de la moto.
Outre le côté chasse au trésor avec 2 road-books proposés, les concurrents auront droit à 13 zones et 22 épreuves mixant des épreuves motardes traditionnelles (avec trois niveaux de difficulté) et d'autres qui le sont moins, comme slalomer en tractant une poubelle ou ramper sous les mots enrobés au miel d'un légionnaire sentant bon le sable chaud comme aimait le chanter un certain Serge Gainsbourg. La stratégie reste cette année encore un point crucial qui permettra même aux pilotes de moindre niveau d'obtenir un ticket pour la finale qui se jouera entre les 10 qui auront engrangé le plus de points…
Ici encore on pourra juger du travail fourni par les organisateurs avec des épreuves dans des cadres plus dépaysants et beaucoup plus flatteurs que par le passé. J'aime. Je me prends au jeu me surprenant même à élaborer une stratégie permettant de monter, avec mes camarades de jeu, une 650 à la poussette en haut d'une côté. Je vous l'accorde, c'est franchement con mais bien marrant !
Les épreuves s'enchaînent et je me demande pourquoi en ces deux ans je n'ai pas progressé sur la terre… ah si, je sais, j'en fais jamais !
Point d'eau à franchir ressemblant plus à un étang qu'à une flaque, sable façon plage normande, caillasses et autres sous-bois seront vos amis pendant ces deux jours de challenge. On en redemanderait presque…
ALORS, C'ÉTAIT MIEUX AVANT ?
Un magnifique cadre pour le bivouac qui n'a pas grand chose à voir avec le monde des aventuriers et des baroudeurs (je suis loin de m'en plaindre !!!), de services aussi divers que variés, la présence de guest-stars (Loizeaux, Schwartz, Chambon…) et des épreuves mieux ficelées dans des cadres plus enchanteurs que par le passé seront autant d'arguments favorables permettant aux motards de tous niveaux de profiter de leur GS comme ils n'auraient pu l'imaginer.
L'évolution la plus notable ne se trouvera pas là mais dans les mentalités plus compétitrices, oubliant parfois l'ouverture vers les autres qui m'avait tant séduit lors du premier opus… normal, me direz-vous en vu de l'enjeu sud-américain pour les trois premiers. Alors comme on m'a dit dernièrement : « oublie que tu n'as aucune chance… et fonce ! »
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