Renault: l'essentiel à retenir de la "Renaulution" de Luca de Meo
On connaît enfin les contours de la "Renaulution" menée par Luca de Meo. Au-delà du retour très symbolique de la Renault 5 dans la gamme, c'est bien un projet industriel très élaboré qui a été présenté. Voici l'essentiel de ce qu'il y avait à retenir.
Quel festival d’annonces les amis ! En détaillant ce matin ce qui allait constituer la « Renaulution », Luca de Meo a réussi la première étape de son pari : braquer les projecteurs sur Renault, et démontrer que le groupe disposait de nombreux leviers de croissance. Au programme notamment : une gamme de produit entièrement refondue et électrifiée, des modèles plus sexy et une stratégie de plates-formes plus cohérente, le tout sur fond d’optimisation de l’outil industriel et des coûts. Prometteur.
Le retour de la R5
C’est donc la Renault 5 Prototype, concept-car réinterprétant un modèle mythique, qui a été choisie pour incarner la volonté de retour du Losange au premier plan (avec un logo remodelé, au passage). L’auto préfigure une citadine à tarif abordable, destinée à démocratiser la technologie électrique lors de son lancement commercial prévu à l’horizon 2023. Luca de Meo aime à puiser dans le patrimoine des marques qu’il dirige, ainsi qu’il l’avait notamment fait chez Fiat où il avait orchestré le retour de la 500, suivi de la renaissance d’Abarth.
Dacia et Lada roue dans roue
Les constructeurs roumain et russe vont se voir regrouper au sein de la même « business unit », afin de développer des projets reposant sur des bases techniques communes. Les deux marques vont ainsi bénéficier de la plateforme CMF-B de l’Alliance, et deux projets des plus intéressants sont d’ores et déjà annoncés. Le premier est l’arrivée d’un crossover familial (segment C) chez Dacia (qui change de logo), lequel est représenté par le concept-car Bigster long de 4,60 m. et dévoilé ce jeudi. Le second concerne la renaissance du Niva chez Lada, sous les traits d’un modèle rustique (4x4, garde au sol conséquente, boîte courte…) dont la commercialisation interviendra en 2024. Trois autres modèles complèteront la gamme du constructeur russe d’ici 2025.
Une politique de plates-formes repensée
Renault va repenser son offre avec un centre de gravité qui reposera sur le segment C (celui des berlines compactes), avec l’ambition de générer plus de valeur pour l’entreprise : « mieux vaut vendre deux voitures un peu plus onéreuses que trois voitures peu rentables », explique Luca de Meo. Dans cet esprit, les modèles des segments C et D doivent contribuer à 40% des revenus du groupe en 2025 (11 lancements sont prévus dans l’intervalle, tandis que 5 modèles des segments A et B figurent au programme).
La plate-forme CMF-B de l’Alliance (segment B, donc) doit par exemple permettre de passer de 4 plates-formes à une seule, et de 18 caisses à 11. D’un point de vue industriel, le but est que 80% des volumes du groupe Renault reposent sur trois plates-formes communes au sein de l’Alliance (voir plus haut). Quant aux groupes motopropulseurs, ils vont passer de 8 à 4 familles.
Tout cela permettra aussi développer plus rapidement les nouveaux modèles : le groupe pense pouvoir gagner un an dans le développement de chaque nouveauté. Evoquant le moteur e-tech (hybride), Luca de Meo explique qu’en jouant sur la puissance et la capacité de la batterie, on dispose de ressources très variées et encore inédites. Il y aurait donc de quoi tenir jusqu’à 2030, période à partir de laquelle le thermique commencera à définitivement tirer sa révérence.
L’Alliance comme pilier de la croissance
Les intervention des patrons de Mitsubishi et Nissan durant la conférence de presse de Luca de Meo jeudi matin n’avaient qu’un seul but : celui de démontrer que les périodes de tensions entre les constructeurs sont dépassées, et que tout ce petit monde a l’intention de fonctionner de concert.
Alpine en pole position
Alpine est appelée à prendre une grande importance au sein du groupe. Après avoir caressé la fibre nostalgique avec l’A110, la marque va désormais symboliser l’avant-garde du groupe. Cela va passer par une arrivée en F1, où l’écurie a l’intention d’accrocher plusieurs podiums la saison prochaine, mais aussi et surtout par une offre élargie…et bien sûr électrique.
Outre un coupé sportif développé conjointement avec Lotus, une petite sportive du segment B et un crossover du segment C sont dans les cartons. En parallèle, le réseau de distribution va s’étoffer. Luca de Meo estime en effet qu’avec moins de 100 concessionnaires distribuant la marque jusqu’ici, cela limitait d’office les ambitions commerciales : « on peut multiplier par 10 ou 20 avec le potentiel d’Alpine », a-t-il clamé jeudi matin.
Un outil industriel repensé, une rentabilité améliorée
S’il répugne à donner des objectifs de volumes de ventes de ses modèles, Luca de Meo ne cache pas ses ambitions financières. La marge opérationnelle du groupe devra atteindre 3% dès 2023 (et 5% en 2025), période à laquelle les investissements et dépenses de R&D ne devront plus représenter que 8% du chiffre d'affaires. Il est aussi prévu de réduire les capacités de production à 3,1 millions d’unités d’ici 2025, ce qui signifie une optimisation de l’outil industriel…sans fermetures d’usines autres que celles déjà officialisée de Choisy-le-Roi (mais les choses peuvent évoluer rapidement en la matière).
Le but annoncé est de réduire de 3 milliards les coûts fixes d’ici 2025. Le groupe assure en effet que « le plan 2022 de réduction des coûts fixes de 2 milliards d'euros sur 3 ans qui a été présenté le 29 mai 2020, sera atteint plus tôt que prévu. Nous poursuivrons nos efforts pour atteindre une réduction de 2,5 milliards d’euros d’ici 2023, et 3 milliards d’euros d’ici 2025. »
Les nouvelles mobilités au cœur du projet
Trois cycles de croissance ont d’ores et déjà été identifiés par Renault: « Résurrection » pour la période 2021-2023, puis « Rénovation » jusqu’en 2025, période à partir de laquelle Renault entamera sa « Révolution » avec pour but de « faire pivoter le modèle économique vers la technologie, l’énergie et la mobilité, pour se positionner comme précurseur dans la chaîne de valeur des nouvelles mobilités. » Des nouvelles mobilités qui seront le cœur de métier de Mobilize, entité également destinée à explorer les domaines des mobilités flexibles, de l'économie circulaire ou de l’allongement du cycle de vie des véhicules. Mobilize comprendra ainsi une activité servicielle appelée à représenter plus de 20% du chiffre d’affaire du groupe en 2030.
Objectif « 1 million de kilomètres »
L’un des avantages des véhicules électriques est qu’ils peuvent parcourir d’énormes kilométrages (moyennant un minimum d’entretien bien sûr). Dans cet esprit, Renault a lancé un projet intitulé « un million de kilomètres » visant à faire durer les véhicules en leur offrant des mises à jour techniques et esthétiques tout au long de leur cycle de vie. L’usine de Flins, dite "re-factory", sera d’ailleurs au cœur de cette politique d’économie circulaire appliquée à l’automobile.
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