Quand la Formule 1 utilise le même carburant que monsieur et madame tout le monde
La discipline reine évolue et dès le 20 mars au Grand Prix de Bahreïn, un nouveau règlement oblige les ingénieurs à se conformer à de nombreuses et nouvelles contraintes, dont l'usage d'une essence plus propre. Un carburant très proche du sans-plomb 95 - E10.
Une F1 faisant la queue à la station-service d'un Centre Leclerc en attendant de faire le plein ? L'idée est aussi surréaliste qu'improbable. Et pourtant, sur le papier, un tel geste est dorénavant possible. Car dans le catalogue de nouveautés mis en place par la FIA pour réglementer les Formule 1 de la saison 2022, un chapitre, et non des moindres, concerne le carburant. L'essence que devront utiliser les écuries est, en théorie, le même que celui que consomment les voitures de tous les jours : du bon vieux super sans plomb 95 - E10.
Évidemment, les F1 et leurs moteurs d'horlogerie n'utiliseront jamais d'essence de supermarché. Leur carburant reste spécifique et beaucoup plus filtré que celui des cuves de la grande distribution. Reste que la composition du grand cru des bolides est similaire au vulgum sans plomb dont nous nous servons quotidiennement. La recette est la même pour les seigneurs de la piste comme pour les manants de la route : 90 % de carburant fossile (du pétrole) et 10 % d'éthanol.
Ce mélange a pour conséquence de faire baisser l'indice d'octane du carburant qui permet de mesurer son inflammabilité. Pour la F1, il se situait auparavant entre 102 et 104 et dégringole depuis quelques années à cause de l'usage du bio carburant. Car l'éthanol est déjà présent dans les réservoirs, mais jusqu'ici, il ne dépassait pas 5 %. Il passe donc à 10 % aujord'hui, abaissant l'indice d'octane à 95 et les performances des moteurs d'une manière équivalente. Les différents teams évoquent une perte de puissance d'environ 20ch avec l'utilisation de ce nouveau carburant, ce qui au vu des puissances de plus de 600 ch des engins n'est pas une calamité.
L'E10 n'est qu'une première étape
Les ingénieurs se sont donc adaptés, et ont conçu des moteurs susceptibles d'accepter le nouveau carburant. Mais ils ne pourront pas se reposer sur leurs lauriers très longtemps. Car la législation va continuer à évoluer avec une énorme étape à franchir. Dès la saison 2026, le carburant de la F1 devra être 100 % durable. Ce qui signifie que les réservoirs de Formule 1 ne contiendront plus la moindre goutte de pétrole fossile.
Si les ingénieurs sont tous d'accords pour affirmer qu'ils vont parvenir à mettre au point des systèmes d'injection opérationnels d'ici 4 ans, ce basculement de la F1 vers le carburant "vert" pose d'autres questions. Est-il indispensable d'aller vers le bioéthanol à l'heure ou de nombreux gouvernements font marche arrière sur la question ? Des recherches autour de l'essence de synthèse sont certes bien avancées, mais rien n'indique qu'elles auront abouti en 2026.
En outre, il est étrange de constater que la discipline reine du sport automobile, qui se targue depuis sa naissance d'être un "laboratoire de la voiture de série", prend un chemin radicalement opposé à celui de l'industrie dont elle dépend. L'industrie bascule vers le tout électrique d'ici 2035, alors que le sport dont elle finance une grande partie des activités se contente d'une hybridation légère pour le moment, et plus développée dans les prochaines années, tout en s'acharnant sur les carburants "verts".
L'avenir de la F1 ne sera-t-il pas lui aussi tout électrique ? On voit mal des écuries comme Alpine rester thermiques (ou presque), alors que la marque en particulier et le groupe Renault en général, entament sa mue vers les watts. Mais les règlements sont faits pour être modifiés. Et celui de la Formule 1 pourrait encore changer dans les 15 prochaines années.
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