Les véhicules volants, ce n'est plus de la science-fiction
Projet futuriste s’il en est, couramment imaginé par les cinéastes depuis des décennies, le véhicule volant pourrait devenir un moyen de transport public dans un horizon de moins de 10 ans. Opérationnels techniquement, il reste à définir les conditions pour que ces véhicules s’intègrent dans les transports urbains existants sans menacer la sécurité des passagers et des habitants des zones survolées.
Mettre en service des véhicules volants autonomes et électriques, et donc peu bruyants, dont la taille pourrait être plus petite que celle d’un avion de tourisme, pour des trajets urbains ou péri-urbains, telle est l’ambition d’Airbus. Il y travaille depuis de nombreuses années et en a dévoilé les contours, en première mondiale, au salon de l’automobile de Genève en mars 2017. Il ne s’agissait alors que d’un concept imaginé en collaboration avec Italdesign (filiale du groupe Volkswagen), rejoint par Audi lors de « l'Amsterdam Drone Week », en novembre dernier. A cette occasion, les trois partenaires ont présenté des vols de démonstration de leurs véhicules volants et électriques baptisés Pop.Up Next, Vahana ou encore CityAirbus. Il s’agit de véhicules dont certains sont hybrides, c’est-à-dire pensés tout à la fois pour des déplacements routiers et aériens, pouvant se transformer au gré des désirs de l’utilisateur.
Airbus est désormais convaincu que ce n’est plus de la science-fiction. « Aujourd’hui, nous disposons de toutes les briques techniques. Il faut les harmoniser afin de les intégrer dans la vie quotidienne sans remettre en cause note priorité qu’est la sécurité », affirme Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus. Convaincu que ce projet ne pourra voir le jour qu’avec l’aide de partenaires experts dans leurs domaines respectifs, le groupe aéronautique a conclu des accords avec différents acteurs de la mobilité terrestre et aérienne : les groupes RATP et ADP (anciennement Aéroports de Paris), la région Ile de France et la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), incontournable, qui établit les règlements pour un survol des grandes villes.
Démonstration prévue pour les jeux olympiques de 2024
Une étude de faisabilité sera menée pour la démonstration d’un système d’aéronefs à décollage et atterrissage vertical (VTOL) en zone urbaine pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris. A plus long terme, ce mode de mobilité et ses services associés, de technologie française, auront également un potentiel à l’exportation.
L’objectif est d’intégrer toutes les opérations : conception, production, maintenance, opérations de vol, gestion du trafic aérien en basse altitude, intégration urbaine et planification, infrastructures physiques (« vertiports », sortes de petits aéroports permettant un décollage vertical) et numériques, et les interfaces passager. Pas besoin de passer son brevet de pilote pour emmener ce type de véhicule dans les airs, car il sera autopiloté. Pour circuler, le passager entrera sa destination dans un système de plateforme intelligente qui lui proposera différents trajets possibles, afin de se déplacer au plus vite d'un point A à un point B.
Des « vertiports » pour un décollage vertical
Les liaisons ville-aéroport constitueront les premiers cas d'usages. Aussi, le groupe ADP a pour mission de jouer un rôle de catalyseur dans le développement de ce service, en Ile-de-France, puis partout dans le monde, grâce à son expertise d'ingénierie d'infrastructures, parmi lesquelles figurent les plateformes d'accueil appelées « vertiports » qui constitueront de véritables laboratoires d'expérimentation : opérations au sol et en vol, parcours passager, fourniture d'énergie, maintenance.
Les partenaires devront également réfléchir à un modèle économique acceptable pour les futurs usagers des véhicules volants. Première cible : les hommes d’affaires recherchant des trajets rapides, par exemple entre l’aéroport de Roissy et le quartier de La Défense à Paris. A plus long terme, ce service devrait intéresser un public plus large.
Des trajets à partir de 2 € du kilomètre
L'étude de faisabilité donnera ses premiers résultats d'ici la fin de l'année. Les premières estimations chiffrent le prix d’un trajet entre 2 et 3 € du kilomètre, ce qui se rapproche des coûts des taxis. Outre les aéroports et La Défense, les « vertiports » pourraient être situés aux abords des lieux touristiques comme le château de Versailles ou Disneyland Paris.
Airbus est très avancé, mais il est loin d’être seul à s’intéresser à ce nouveau marché : des grands groupes tels que Uber et Boeing et des start-up comme Volocopter, Hovertaxi, Electric Visionary Aircraft (EVA) se sont également positionnés avec de nombreux prototypes. Quelques-uns devraient voler au début de la décennie 2020. Le gouvernement japonais envisage qu’un tel véhicule futuriste allumera la flamme olympique lors des jeux de 2020 à Tokyo, et il annonce une commercialisation de véhicules volants pour transporter le public à partir de 2023 grâce à un soutien de 40 millions de dollars. En France, pour que ce mode de transport s’adresse couramment au grand public et survole des zones urbaines, vraisemblablement le long d’axes routiers tels que les autoroutes urbaines ou les périphériques, il faudra que la DGAC délivre une autorisation, et cela devrait prendre plusieurs années supplémentaires.
LES SEABUBBLES, DES TAXIS QUI "VOLENT" AU-DESSUS DE L'EAU
Alain Thebault et Anders Bringdal, deux ingénieurs aéronautiques et navigateurs à l’origine de la technologie de l’Hydroptère, voilier “volant” sur l’eau, grâce à un système de foils, des ailes profilées qui se déplacent dans l'eau, ont décidé de mettre cette technologie au service du grand public. Ils estiment que le futur de la mobilité vient de l’eau, une voie naturelle et historique au cœur des villes, trop longtemps sous-estimée.
Aussi, ils proposent de mettre en service un nouveau mode de transport, les « SeaBubbles », nom donné également à leur société. Ces « taxis-bulles » peuvent se déplacer sur l’eau à la vitesse d’une voiture en zone urbaine (soit 50 km/h), pour le prix d’une course en taxi, avec un impact faible sur l’environnement ou les infrastructures de la ville, car le système de foils permet de réduire les frottements avec la surface de l’eau, donc d’aller plus vite et de consommer moins d’énergie électrique. Selon certaines estimations, ce système permettrait de réduire la pollution d’au moins 30% par rapport à la plaisance traditionnelle. Lorsque la capsule « volante » prend de la vitesse, elle se soulève de 40 cm et navigue sans produire de vagues.
D’ici 5 ans, les fondateurs prévoient de mettre en service ces véhicules flottants dans 50 villes disposant de cours d’eau. Leur société, à l’origine française, vient de passer en majorité à une holding suisse (avec des investisseurs suisses, suédois, chinois et américains). Ce mode de transport innovant a reçu un très bon accueil dans de très nombreuses villes à travers le monde, y compris de la Mairie de Paris. Mais en France, il y a un obstacle de taille : la vitesse de navigation sur les fleuves est limitée dans leur parcours urbain, ce qui a empêché des tests complets sur la Seine jusqu’à une période récente où l’Etat a donné un accord de principe pour une dérogation. Cependant, il faudra attendre 2020 pour savoir si cette autorisation est définitive. Ce n’est qu’à ce moment que l’on saura si les SeaBubbles pourront naviguer sur la Seine.
Outre les taxis vendus au prix onéreux de 200 000 euros l’unité, ce qui n’empêche pas certaines villes d’être séduites par le concept SeaBubbles, les deux entrepreneurs ont également l’intention de développer le Flybus, une bulle flottante visant à transporter jusqu’à 50 personnes. SeaBubbles a vendu ses quatre premières bulles, en février (avec une livraison prévue en juillet) à la ville de Miami, en Floride.
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