Les conducteurs de Tesla sont-ils tous des Trumpistes ?
Elon Musk s'affiche aujourd'hui volontiers aux côtés de Donald Trump. Or, ses clients américains penchent rarement du côté du candidat républicain, tout comme les partisans du RN en France sont moins enclins à rouler en électrique que les adeptes d'autres partis. Aveuglement des conducteurs de Tesla ou simple pragmatisme ?
Photo MaxPPP
Évidemment, le parallèle est facile, et la caricature jamais très loin. Pourtant, en dressant un hâtif portrait-robot du conducteur moyen de Tesla, et en le comparant aux opinions politiques du patron de cette même marque, on ne peut que constater un décalage absolument abyssal.
Restons américains et prenons le cas, révélateur, de la Californie, l’État le plus riche de l’Union, historiquement dans le camp démocrate et rompu à l’écologie depuis les années 70, avec plus ou moins de bonne foi.
C’est là que Tesla réalise ses plus gros chiffres pour les US, et c’est là encore que le constructeur a installé son siège social lors de la fondation de l’entreprise.
Musk passe au Texas et au parti républicain
Et pourtant. Il y a trois ans, Elon Musk a décidé de déménager son siège à Austin, capitale du Texas, un état ouvertement républicain. Au même moment, il prend ses distances avec Joe Biden, qu’il avait soutenu en 2020, et se rapproche de Trump, en lui offrant une tribune sur le plateau d’argent qu’il vient de racheter : Twitter, rebaptisé X.
Après tout, pourquoi pas ? Le Républicain Arnold Schwartzenegger, avait épousé, en justes noces la très démocrate Maria Schriver, membre du clan Kennedy.
Mais pour Musk, pas question de grande alliance entre la droite et la gauche en Californie façon Shwarzy. Le boss de Tesla a choisi son camp : celui de la droite extrême de Donald Trump, celui de l’antisyndicalisme forcené, celui d’un climatoscepticisme avoué, entre autres joyeusetés.
Mais cette année, le milliardaire est allé plus loin, en ajoutant à son soutien des espèces sonnantes et trébuchantes : 45 millions de dollars versés chaque mois, jusqu’à l’élection de novembre. Tout en sachant pertinemment que les électeurs de son poulain ne sont pas ses clients. Il sait aussi qu’ils ne sont pas Californiens, qu’ils vivent plutôt dans la Rust Belt, dans le Nord-Est industriel, et dans les États enclavés et ruraux, les plus pauvres et les plus hostiles aux voitures électriques.
Trump lui-même s’est toujours opposé aux VE en particulier et à la transition énergétique en général. Et s’il a reconnu que les voitures électriques ne sont pas si mal, c’est uniquement grâce au soutien de Musk, ce qu’il reconnaît d’ailleurs.
Et pourtant. Le trumpisme affiché du patron ne fait pas fuir pour autant les conducteurs de Tesla, même si ses idées sont à l'opposé des leurs. La baisse des ventes enregistrée depuis quelques mois par la marque est beaucoup plus lié à une conjoncture générale en berne qu’aux humeurs du boss.
Comme si les clients séparaient l’homme de son œuvre, aux États-Unis comme en Europe. Sur le vieux continent, les alliés de Trump et donc de Musk, du RN français à l’AFD allemand sont farouchement opposés à la voiture électrique et les acheteurs de Tesla ne se retrouvent pas, sauf exceptions, dans leurs rangs. Mais c’est comme si le patron de leur marque n'existait pas. Comme si l’homme, pourtant adepte du culte de la personnalisation (connaît-on toujours le patron de Volkswagen quand on achète une Golf ? ) disparaissait derrière ses autos.
Les conducteurs n'achètent pas leur auto en fonction de l'opinion de celui qui les conçoit
On a peut-être tort de croire que l’image de marque d’un homme rejaillit énormément sur son entreprise. Et Musk semble parfaitement le savoir. Achetait-on une Renault pendant les trente glorieuses car l’on était d’extrême droite et que l’on se souvenait de la collaboration de la direction du losange pendant la guerre ? Certes non. Pas plus que l’on était de gauche lorsque l’on roulait en Citroën et que le fondateur de la marque était résistant pendant le conflit.
Alors Tesla continuera à être acheté par ceux que leurs détracteurs trumpistes ou lepenistes qualifient de bobos. Une énorme contradiction ? Peut-être, qu’après tout, ne sont-ils que des consommateurs qui font la part des choses et sont plus pragmatiques qu’idéologues ?
Quant à la contradiction dans laquelle s’agite Elon Musk, contribuant à la réussite de ses ennemis économiques n’en est-elle pas une non plus après tout. Peut-être que le milliardaire tente d’adoucir les positions de son poulain sur le VE (et commence à y parvenir), tout en essayant d’asseoir ses acquis pour son autre boîte : SpaceX. Du pragmatisme, là encore, même si, dans le cas d’Elon Musk, il est teinté d’une bonne dose de cynisme.
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