Le coupé quatre portes : la bouée de sauvetage des berlines délaissées
Les bonnes vieilles tricorps à papa sont ringardisées. Le remède pour réconcilier les clients avec les berlines ? Le coupé 4 portes ou la berline coupé. Toutes les marques s’engouffrent dans la tendance, pour de bonnes et de moins bonnes raisons.
Elles déboulent de partout. De la Mercedes CLS (la pionnière), à la Volkswagen Arteon, la Kia Stinger, l’Audi A7 Sportback et bientôt la Peugeot 508 : les constructeurs n’ont d’yeux que pour elles : les berlines coupés. Et l’on imagine que dans les studios de design de Renault, ou Laurens Van Den Acker règne en maître, on se pose aussi la question : la future Talisman doit-elle suivre la tendance ? Puisque la berline est commercialisée depuis trois ans déjà et que les équipes du losange planchent forcément sur celle qui va lui succéder. Même combat chez Ford pour la succession de la Mondeo et chez Opel pour l’Insignia. Les réunions de projet se ressemblent d’une marque à l’autre, et les dialogues doivent être identiques.
- On a un problème, les gars. Les berlines sont ringardes, tellement connotées troisième âge que même les seniors n’en veulent plus, les entreprises non plus, d’ailleurs. Ils n’achètent que des SUV. Quelqu’un a une idée ?
- Et si on leur fabriquait un coupé 4 portes, chef ?
- Précise, Yvan, précise.
- Ben on leur donnerait l’illusion de conduire une sportive, dans une caisse basse. Ils se sentiraient rajeunir. Évidemment, ils auraient moins de places à l’arrière puisque ce serait une berline tronquée.
- T’as raison. Et en plus, on économiserait en se passant de montants de portières. On la vendrait au même prix, voir un poil plus cher qu’une berline classique.
- Faire payer aussi cher et un peu plus pour perdre de la place, on sait faire, chef. On a bien réussi à vendre des crossovers à la place des monospaces, avec moins d’habitabilité.
- Excellent mon petit Yvan. Tu viendras me voir après la réu pour ton bonus 2018.
Ainsi naît une tendance. Mais aussi une reculade du design, du moins tel qu’on le connaît, en gros, depuis le Bauhaus, l’école berlinoise des années vingt, qui avait mis le dessin d’un objet, d’un produit ou d’une architecture au service de l’homme, et non l’inverse. Avec ce nouveau genre, c’est à l’homme, surtout s’il est basketteur, de s’adapter et de se recroqueviller à l’arrière des berlines.
Avancée ou reculade ?
Évidemment, l’on pourra nous rétorquer que le dézingage dans les règles de cette nouvelle tendance automobile est teinté d’une once de mauvaise foi. Et l’on aura, en partie, raison. Car la berline-coupé a du bon. Pour s’en convaincre, repartons en réunion. Celle de la commission « environnement, sauvetage de la planète et marketing vert » d’un constructeur, toujours durant la phase de création d’un modèle de coupé à quatre portes.
- Bon, les gars, comment on peut mettre en avant le côté écolo de cette auto ? Quelqu’un a une idée ?
- Facile chef. Contrairement à un SUV au design d’enclume et au poids de cachalot, notre berline coupé est légère et aérodynamique.
- Et alors ?
- Ben, elle consomme moins et lorsqu’il faut changer de pneus, plus besoin de piller tout le caoutchouc d’Amazonie.
- Excellent mon petit Yvan.
- Sauf que beaucoup d’automobilistes se moquent de l’écologie comme de leur première bougie de préchauffage, chef.
- Alors on leur parlera toucher de route, zéro roulis et meilleur confort qu’à bord de leurs armoires normandes même pas 4x4. En revanche, inutile de venir me voir après la réu : l’environnement ne figure pas dans tes objectifs annuels.
Avec un tel nombre d’arguments, bons ou mauvais, nul doute que les berlines coupés ont une autoroute à quatre voies devant elles. Sauf pour les basketteurs qui ne se déplacent qu’en équipe (de cinq) et qui devront se rabattre sur un SUV. On vous a déjà dit qu’on exècre les SUV ?
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