La première Lamborghini V10 ne doit rien à Audi !
Exposé en 1995, le concept Calà montrait l’avenir de Lamborghini, notamment avec son moteur V10… Sauf qu’il n’a été concrétisé que près de dix ans plus tard, de façon bien moins ambitieuse avec, cete fois, l’aide d’Audi.
Dessinée par l’immense Marcello Gandini, pour le compte de Bertone, l’Urraco, présentée en 1970 (mais commercialisée en 1972), n’est pas la plus connue des Lamborghini. Pourtant, même si elle reçoit le plus petit moteur (un V8 parfois réduit à 2,0 l) jamais produit par la firme de Sant’Agatha, elle ne manque pas d’intérêt. En effet, il s’agit d’une 4-places à mécanique centrale, habillée avec talent par le designer italien, certainement plus que la Dino 308 GT4, sa rivale de Maranello, due, elle, à Giugiaro.
Cette « petite » Lamborghini connaîtra une longue carrière, dans l’ombre des modèles à 12-cylindres : actualisée en 1979, où elle devient la Silhouette puis en 1982, où elle se voit renommée Jalpa, elle dure jusqu’en 1988. Plus de 1 200 exemplaires seront produits, ce qui n’est pas négligeable pour un constructeur artisanal comme Lamborghini, même si celui-ci espérait bien plus.
D'ailleurs, il cherche dès 1987 à la remplacer, conscient qu’il lui faut un modèle abordable (tout est relatif). Le rachat par Chrysler cette année-là donne un peu d’air à la marque italienne, aux finances incertaines, qui développe un projet ambitieux commercialement : le P140. Dessiné, lui aussi, par Marcello Gandini, ce prototype peut recevoir deux types de moteur. Un V8 et un V10. Testé avec ce dernier, un 4,0 l à 40 soupapes développant 370 ch allié à une boîte 6, le modèle d’essai frôle les 300 km/h !
Malheureusement, sa mise au point coûte cher et Chrysler met un terme au projet au début des années 90. La Guerre du Golfe entraine en effet une chute drastique de la demande pour les voitures de sport ! Environ quatre autos seront produites, ce qui ne passera pas inaperçu auprès de l’ancien rival de Gandini, à l’époque où il œuvrait chez Bertone : Giugiaro. Celui-ci aurait en effet tracé les premières esquisses de mythique Miura, attribuée au grand Marcello.
Il récupère la mécanique et le châssis en aluminium du projet P140, puis habille le tout d’une carrosserie de son cru. Les projecteurs surmontés de prises d’air évoquent ceux de la Miura, tandis que la base du pare-brise est un hommage à celui de la Countach, également invoquée par les grosses prises d'air située sur les ailes arrière.
A l’intérieur, le cockpit exhalant le luxe peut loger quatre passagers, deux adultes et deux enfants, comme dans l’Urraco. Surtout, cette robe ultramoderne et bien dans le style arrondi typique des années 90 est réalisée en fibre de carbone, matériau dont Lamborghini est déjà un spécialiste.
Seulement, Megatech, firme indonésienne qui a racheté Lamborghini en 1994, n’a pas les ressources pour industrialiser la Calà, pourtant très aboutie. Néanmoins, le constructeur italien approche Audi pour la fourniture d’un V8. L’allemand refuse mais s’intéresse de près à Lambo et finit par le racheter en 1998. Le concept Calà est renvoyé aux oubliettes mais pas son esprit. Celui-ci inspirera la Gallardo, présentée en 2003 avec un V10. Ce bloc n’a rien à voir avec celui de la Calà, et les places arrière ont disparu, tandis que ses lignes acérées évoquent plutôt celles du proto P140. Mais l’idée est bonne, et la Gallardo, qui se passe de la fibre de carbone pour réduire son prix de revient, deviendra la Lamborghini la plus produite de l’Histoire.
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