La filière automobile étouffe et demande de l'aide aux pouvoirs publics
Réunie tout au long de la journée, la filière automobile en appelle au gouvernement pour l'"accompagner" dans une transition difficile vers l'électrique. Le ministre de l'économie a tenté de la rassurer et a promis d'ouvrir le porte-monnaie. Il en a profité pour révéler le nom de trois voitures acceptées pour le leasing à 100 euros, dont la Citroën e-C3.
L’automobile française serait-elle en danger ? Le Figaro titrait ce matin même qu’elle « se battait pour sa survie » pas moins. Et Luc Chatel, le président de la PFA (plateforme automobile), en ouverture de la grande conférence réunissant les professionnels du secteur tout au long de la journée, d’égrener les catastrophes qui l’avaient secoué ces dernières années. Du Covid à la guerre en Ukraine en passant par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, sans oublier, bien entendu, la marche forcée vers l’électrique, rien ne lui a été épargné.
Tous ces maux ont entraîné une chute des ventes de voitures de 40 % en l’espace de cinq petites années. Alors, en guise de conclusion de son plaidoyer, le président de la PFA a appelé à l’aide, en s’adressant directement aux pouvoirs publics pour assurer la transition vers le tout VE. « Vous nous avez demandé de changer de modèle ? Banco. Mais il faut nous accompagner ». Un « accompagnement » qui se veut évidemment financier, et le ministre de l’économie, qui a fait le déplacement pour lui répondre l’a très bien compris ainsi.
« Les Français, ne sont pas autophobes mais autophiles »
Car si le président de la République « aime la bagnole », Bruno le Maire aime son industrie, « elle a toujours pu compter sur moi ». Ajoutant que « les Français, ne sont pas autophobes mais autophiles ». Un amour qui a même entraîné le patron de Bercy jusqu’à Bruxelles. « Je me suis battu sur la norme Euro7, et on a obtenu qu’elle se concentre sur les freins et pneus. Car c’est un bon investissement sur le futur et c’est utile aussi pour les voitures électriques ». Contrairement aux contraintes qui pesaient sur les moteurs thermiques, quelques années avant leur disparition totale.
Si le ministre se bat pour les normes, il se bat aussi, selon lui, pour obtenir des sous d’un État qui n’en déborde pas. Et d’ouvrir son porte-monnaie, en consacrant, chaque année dès 2024 1,5 milliard à l’industrie auto, essentiellement sous la forme de crédits d’impôts. Et comme le jour est aux largesses, Bruno Le Maire a également promis 2,6 milliards pour soutenir « les investissements et la formation. »
Seule contrepartie exigée par Bercy : que les donneurs d’ordre (essentiellement les constructeurs) soient plus solidaires avec les TPE et PME sous-traitantes, dont on sait les ravages occasionnés par la pression exercée sur eux. Une demande qui, pour le moment, n’est pas soumise à la moindre sanction.
Reste que ces largesses, si elles ont l’apparence d’une nouveauté n’en sont pas totalement. Le milliard et demi octroyé à la filière n’est qu’une hausse de 200 millions par rapport à la somme offerte cette année et les années précédentes. Quant aux aides diverses, et aux crédits d’impôts, ils ne sont pas exclusivement réservés à l’automobile, mais à l’ensemble de l’industrie.
Le leasing social, c'est dans un mois
En revanche, Bruno le Maire a livré quelques détails quant à l’aide spécifique qu’est le leasing social, « qui sera mis en place au mois de novembre ». Il sera réservé aux 50% des ménages les plus modestes, « et l’État prendra en charge l’apport et le premier loyer ». Ce qui pourrait correspondre à un investissement public de 13 000 euros par auto, révélé par Les Échos. Quant aux autos concernées, le ministre en a cité trois : « la Twingo électrique, la Fiat 500 e et la Citroën e-C3 ».
Si le leasing social est sur les rails, les fameuses aides de l’État envers l’industrie auto sont encore en discussion. Un contrat doit être signé entre la filière et Bercy dans les prochains jours. Une filière qui devrait demander plus, et un ministère qui souhaitera forcément en offrir moins.
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