L'île d'Ouessant va découvrir le contrôle technique
C’est une spécificité, une exclusivité qui va tomber et elle est révélée par le quotidien Le Télégramme. En matière de contrôle technique obligatoire des véhicules, l'île d'Ouessant faisait figure du dernier village gaulois résistant à l’opération. Car jusqu’ici, les Ouessantins échappaient au contrôle technique en vigueur sur le continent. Une dérogation qui vit ses derniers moments…
Le préfet du Finistère est ainsi déterminé à faire rentrer dans le rang les automobilistes roulant sur cette île de 15 km². En 1992, le contrôle technique des véhicules a été rendu obligatoire en France. Mais à Brest, le sous-préfet de l'époque, Paul Roncière, signait une dérogation exemptant l'île du respect de cette obligation nouvelle.
Vivre heureux, c’est vivre caché dit-on, et les Ouessantins peuvent méditer sur cet adage en se souvenant du débarquement de la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) un jour de 2016, pour contrôler les taxis de l'île. Pratiquement aucun n’avait passé le contrôle technique. L'administration a saisi le sous-préfet de Brest, Ivan Bouchier qui a prévenu : « pour des raisons de sécurité, on ne peut continuer à exonérer l'île de ce contrôle ».
Le projet d’'installation d'un centre de contrôle technique a donc été lancé et la municipalité va devoir le financer en partie. 7 775 € de participation pour un investissement total de 46 650 €. L'opérateur privé a été trouvé par la sous-préfecture : il possède plusieurs centres de contrôle technique et aime l'île. « Pas pour longtemps ! », ont répondu en écho les Ouessantins…
Il faut dire que l’enjeu est de taille. Le quotidien s’est renseigné auprès de Dominique Kérébel, le garagiste de l'île. Ce dernier pense qu'un contrôle des freins et des feux suffirait. Et il estime que, si la dérogation disparaît, au moins la moitié du parc automobile de l'île, plus de 200 véhicules, ira à la casse… On rappellera qu’Ouessant a le plus petit revenu fiscal du Finistère.
Alors le sous-préfet envisage une « solution intelligente » : un contrôle technique allégé pour rester « conforme à l'esprit d'égalité face à la loi ». L'opérateur retenu a demandé un régime d'exception : « il n'y aura pas de banc de freinage et, sur les 400 points à contrôler en 2018, moins de 124 le seraient sur l'île ». Mais le même sous-préfet ne renoncera pas : « on ne peut pas accepter qu'il y ait des voitures qui ont 20 ou 30 ans et qui n'ont jamais passé de contrôle » a-t-il martelé. En réponse, les habitants signalent que depuis 2010, il n'y a pas eu de constat pour accident sur l'île…
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