L’encrassement moteur, comment y remédier
La nouvelle formule du contrôle technique mise en place depuis le 1er juillet dernier porte désormais une attention particulière aux taux d’émission des gaz polluants (CO2, NOx) et à l'opacité des fumées d’échappement. Actuellement, 6 véhicules sur 10 comportent des anomalies relatives à l’encrassement du moteur. Un phénomène qui concerne particulièrement les diesels sur les petits parcours urbains mais pas que… Alors, pour éviter d’être recalé au contrôle technique, que faire ?
Les normes de pollution, de plus en plus draconiennes, ont obligé les constructeurs à trouver des solutions pour réduire les émissions de polluants par l’échappement. Les NOx (oxydes d’azote) sont des gaz majoritairement émis par les véhicules à moteur à combustion. Depuis les années 1990, les normes Euro ont permis de réduire drastiquement les émissions polluantes à l'échappement des véhicules neufs.
Le filtre à particules (Fap) fait partie des technologies ayant pour but de réduire les “fumées noires” si caractéristiques des anciennes générations de moteurs. Les filtres permettent d’éliminer au moins 95 % en masse et 99,7 % en nombre des particules de plus de 23 nm (0,023 micromètre donc 100 fois plus petites que le seuil des PM2.5) émises par nos moteurs, y compris le carbone suie. Les véhicules Diesel équipés émettent donc un niveau de particules équivalent, voire moindre, à celui des émissions issues des moteurs à essence.
Si, sur les moteurs actuels, la production des particules est limitée, elle n’est pas totalement éliminée, dans la mesure où l’échappement n’est pas seul responsable de la pollution, qui découle surtout d’un encrassement souvent généralisé.
Que provoque l’encrassement moteur ?
Pour comprendre ce qu’est l’encrassement des pièces mécaniques d’un moteur, il faut en déchiffrer le fonctionnement. C’est la combustion du carburant qui est responsable d’un dépôt de suie dans les cylindres, les pistons, le filtre à particules, la vanne EGR et le turbo. Les moteurs s’encrassent dès les premiers kilomètres. À partir de 20 000 kilomètres, une voiture sur deux est encrassée et c’est plus de 50 % du parc automobile français roulant qui pollue anormalement en risquant la panne, et ce qu’il s’agisse de véhicules essence ou diesels.
Un moteur encrassé se traduit par une augmentation de la consommation, une baisse des performances et de la puissance, une hausse des émissions polluantes avec l’apparition plus ou moins importante de fumées noires, un démarrage plus difficile et un risque de panne liée au grippage des injecteurs ou au colmatage des soupapes, du filtre à particules ou encore de la vanne EGR. Sans compter le fait que votre véhicule risque d’être recalé au contrôle technique anti-pollution.
En outre, bon nombre de pannes sur les moteurs récents proviennent de l’encrassement des organes situés sur la ligne de combustion. Et quand on sait que le remplacement d’un seul composant se monte au minimum à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros, on comprend l’importance de réaliser régulièrement un bon nettoyage.
Comment éviter l’encrassement
Il faut savoir que plus vous roulez doucement et en zone urbaine, plus votre moteur va produire suies, calamines, et s’encrasser.
Première règle : pour éviter au moteur de s’encrasser, il est nécessaire d’augmenter les tours/mn sur route. Il faut maintenir le moteur au-dessus de 3 000 tr/min durant au moins 30 minutes, pour le faire monter en température et éliminer les dépôts accumulés lors des trajets urbains. Un réflexe évident pour des générations de conducteurs, désormais oublié par ceux qui roulent « économiquement ». Rouler sur une nationale à 90 km/h en 3e ou 4e vous fera consommer un peu plus de carburant mais vous permettra d’obtenir un régime moteur identique à celui que vous auriez obtenu à pleine vitesse pour éliminer suies et calamines.
L’encrassement pourrait également être évité si l’entretien du véhicule était réalisé préventivement, dès la prise de possession du véhicule, avec des produits adéquats. L’utilisation régulière d’additifs pour nettoyer tout le système d’alimentation permet de conserver les performances d’origine du moteur et, de ce fait, de limiter les émissions polluantes résultant de l’encrassement naturel des blocs thermiques. De nombreux fabricants proposent des solutions préventives et des traitements curatifs à effectuer, selon la gravité du problème, chez vous ou chez votre garagiste.
Le plus simple : entretenir la propreté du moteur
Nous n’y pensons jamais et pourtant, la solution de base est d’entretenir la propreté de son moteur neuf. Pour ce faire, il suffit d’ajouter au carburant un additif de type Eco-nettoyage tous les 2 000 km, et au minimum 2 à 3 fois par an (ce qui est très peu sachant que 50 % des automobilistes roulent moins de 6 000 km par an) si vous roulez essentiellement en zone urbaine, ou au moins une fois par an ou tous les 5 000 km en zone rurale. Ces produits permettent de faire durer un moteur plus longtemps car les additifs carburants contiennent, entre autres, des molécules aux propriétés détergentes. Faciles à utiliser, il suffit de les verser dans le réservoir avant de faire le plein. En entretien régulier, ces produits nettoient les injecteurs, la vanne EGR, le turbo, le filtre à particules. Leur action permet de conserver un véhicule en bon état et, par conséquent, de diminuer la consommation en améliorant la combustion du carburant.
Pour les cas plus graves… nettoyer !
Face aux cas les plus graves, recalés au contrôle technique pour cause de pollution ou en phase d’étouffement moteur, deux écoles se profilent :
- le nettoyage chimique,
- le décalaminage.
Le traitement chimique curatif nécessite d’emmener son véhicule chez un garagiste ou un centre-auto spécialisé pour une prestation en atelier. Ce dernier établira un diagnostic du véhicule et vous préconisera le traitement le plus adéquat à effectuer :
- Traitement des injecteurs
- Traitement du filtre à particules
- Traitement du turbo
- Traitement du système d’admission.
Les garagistes formés à ce type d’intervention sont équipés d’appareils de contrôle qui permettent d’effectuer un ou deux traitements en simultané. Selon la gravité de l’encrassement, les forfaits accessibles en atelier démarrent à 60/70 €, et peuvent aller jusqu’à 300 euros s’il s’agit de multiples désencrassements par traitement chimique.
Le décalaminage s’effectue par l’introduction d’hydrogène pulsé dans le moteur via la vanne EGR qui va être pilotée par la machine de décalaminage qui lui est raccordée. Celle-ci va provoquer alternativement l’ouverture et la fermeture de la vanne pour en assurer un nettoyage optimal. Le pouvoir calorifique de l’hydrogène permet de créer une montée en température qui va générer une pyrolyse qui, comme dans un four de cuisine, va décoller, brûler, désagréger et évacuer les suies et calamines capturées dans un filtre temporaire installé en bout d'échappement. Une fois colmaté, ce filtre est traité avec les déchets industriels, afin de protéger au mieux l'environnement.
Débarrassé des résidus charbonneux qui polluaient son moteur, le véhicule retrouve les performances données par le constructeur, et, surtout, voit diminuer sa consommation de carburant. En effet, on peut noter une baisse de 10 à 20 % pour une auto dépolluée. La réduction de CO2 est le marqueur permettant d’identifier cette baisse significative de la consommation de ces véhicules, avec une baisse de la pollution moyenne de -44 %.
Néanmoins, le décalaminage par injection d'hydrogène n’est pas une solution miraculeuse. Si le véhicule est trop « atteint », la vanne EGR peut être tellement encombrée de calamine qu’il est impossible d’agir. Le moteur électrique qui provoque son ouverture et sa fermeture est grillé. Dans ce cas, vous n’aurez d'autre issue que de remplacer l'ensemble pour un coût moyen de 350 €.
Que coûte un décalaminage ?
Pour un moteur 4-cylindres Diesel de moins de 2 litres, il vous en coûtera environ 69 €, et 150 € au-delà d'une cylindrée de 2 litres.
Les centres de décalaminage sont des garages ou des centres techniques spécialisés agréés dont le personnel a été spécialement formé et sont équipés d'appareils de contrôle et de nettoyage. Ils bénéficient également de la mise en route des machines, d'une hotline gratuite, et d'une formation continue en point de vente.
Un moteur encrassé, combien ça coûte ?
- Remplacement des injecteurs : environ 400 € par injecteur pour une petite cylindrée hors main-d’œuvre.
- Remplacement du turbo : environ 800 € hors main-d’œuvre.
- Remplacement du filtre à particules : environ 3 000 € hors main-d’œuvre.
- Remplacement de la vanne EGR : environ 1 100 € hors main-d’œuvre.
Le contrôle technique d’ici à 2022
Des opacimètres de plus en plus sensibles pourront détecter les véhicules les plus polluants et ceux qui trichent en retirant leur FAP. À l’horizon 2022, les contrôles techniques devront ajouter à leur processus, le diagnostic 5 gaz :
- Oxydes d’Azote (NOX)
- Monoxyde de Carbone (CO)
- Dioxyde de Carbone (CO2)
- Hydrocarbures Imbrûlés (HC)
- Oxygène (O2)
- Les particules fines rejetées par le véhicule
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