Griller les feux à vélo fait-il vraiment gagner du temps ? J’ai mesuré
Des cyclistes qui grillent les feux, c’est courant. Mais peut-on justifier cela (si tant est que cela puisse être justifiable) pour une économie de temps ? Ou bien est-ce autre chose ?

Griller des feux pour gagner du temps ? Soit, mais est-ce significatif ? Voici une expérience assez empirique mais plutôt révélatrice du temps gagné à griller les feux rouges à vélo.
Griller les feux, le sport national
Il n’est pas nécessaire d’avoir son permis pour savoir qu’un feu rouge impose l’arrêt complet du véhicule, vélo compris, jusqu’à l’apparition du vert. À moins d’une signalisation spécifique (panneau M12 ou flèche clignotante), aucun cycliste n’est censé y échapper.
Pourtant, il suffit de passer cinq minutes à observer une intersection pour voir défiler une ribambelle de véhicules – motorisés ou non – franchir allègrement le rouge. Et si les scooters et voitures sont loin d’être irréprochables, ce sont souvent les cyclistes qui cristallisent les critiques. Peut-être parce qu’ils le font sans se cacher, ou peut-être parce que l’argument de la "sécurité" est régulièrement invoqué.
Si les engins dotés d’une plaque d’immatriculation (qui visiblement ne les arrête pas) grillent les feux pour gagner du temps, les cyclistes brandissent le panneau « c’est pour notre sécurité ». Vraiment ?
Démarrer deux secondes avant les voitures pour se mettre à l’abri, pourquoi pas. Mais dans les faits, cela n’évite pas grand-chose, surtout quand les cyclistes peuvent déjà se positionner en tête de file. Et ça ne change rien au fait que franchir un feu rouge reste une infraction.

Dans bien des cas, il ne s’agit pas d’un départ anticipé, mais d’un franchissement complet du feu, souvent à vive allure, avec un contrôle parfois sommaire de l’intersection.
Mais ici, il est question d’un passage au feu, souvent à fond, moyennant un petit contrôle (et encore, parfois ce n’est pas le cas).
Une expérience de mesure du temps
J’ai donc voulu voir combien de temps il était possible de gagner en grillant les feux, dans un parcours de 27 km, par 31°C. Afin de ne pas être dans l’illégalité, et dans la mesure où brandir un panneau « Liberté, Feu Grillé, Planète Sauvée » ne protège pas de la mort, il a fallu mettre en place un protocole simple, certes perfectible mais assez significatif.
Le protocole est simple : rouler à allure modérée, m’arrêter à chaque feu rouge, chronométrer le temps d’attente total. Certains feux étaient verts, d’autres non, mais la répétition sur deux trajets différents permet de dégager une moyenne assez fiable.

Premier parcours
Une portion de 13,05 km composée de 4,7 km de piste cyclable et de 8,35 km de route.
La vitesse moyenne était de 15,2 km/h.
J’y ai rencontré 28 feux (rouges et verts).
Le temps passé au feu a été de 7 minutes et 29 secondes.
La durée totale du trajet a été de 51 minutes et 54 secondes.
L’attente aux feux a donc représenté 14,42% du temps total.
Second parcours
Une portion de 14,41 km a été parcourue. Mais cette fois-ci, en limitant au maximum l’emploi de la piste cyclable qui n’a représenté que 1,3 km.
La vitesse moyenne a été de 16,8 km/h.
J’ai rencontré 39 feux.
Le temps d’arrêt aux feux a été de 6 minutes et 57 secondes.
La durée totale du parcours a été 51 minutes et 25 secondes.
L’attente aux feux a donc représenté 13,51 % du temps total.

Bilan
Sur deux trajets pourtant différents, la part de temps passée aux feux reste constante : en moyenne 13,96 %, soit 7 minutes et 13 secondes.
Conclusion : rien ne sert de courir si on ne veut pas mourir
Le gain de temps est réel, mais pas significatif. Vous ne vous ferez pas virer pour 7 minutes de retard. En voiture, c’est encore pire, car vous serez coincé au feu suivant. Et à la différence d’un deux-roues, vous ne pourrez guère vous placer en tête de file. De quoi vous farcir plusieurs cycles de rouges.
Vous pourrez retourner le problème dans tous les sens, griller les feux n’a aucune utilité, ne permet aucun gain de temps significatif et n’apporte aucune sécurité et est contraire à l’ordre sur la route. Et ce ne sont pas les quelques vidéos montrant un vélo se faire percuter par l’arrière qui pourront justifier de passer outre la règle.
Vous ne sauverez ni la planète ni votre peau en forçant un carrefour. Et ce ne sont pas uniquement les cyclistes qui sont visés.
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