Ford pourrait bien "downsizer" ses effectifs européens
Des milliers d'emplois sont menacés chez le constructeur américain en Europe. Première visée l'usine allemande de Saarlouis pourrait fermer ses portes dans deux ans. Ses salariés espéraient, jusqu'à la semaine passée, que le Chinois Byd reprenne l'unité pour y fabriquer des batteries, mais il vient de décliner l'offre. En outre, le constructeur a annoncé la suppression de 3800 emplois en Allemagne et au Royaume Uni. Des postes administratifs et de R&D sont concernés.
La direction de Ford Europe l'a annoncé hier : un plan de 3 800 départs volontaires va être mis en chantier d'ici trois ans. Sont visés, les personnels administratifs allemands et britanniques, mais aussi les départements de recherche et développement. Officiellement, cette mesure est prise pour permettre la bascule de la marque vers le tout électrique et la réduction du nombre de modèles qui en découle, puisque, des 16 voitures qui figurent au catalogue aujourd'hui, il n'en restera que 7 en 2030.
Mais cette affaire, et ces départs, risquent de ne pas être le seul point noir dans ce début d'année compliqué pour la marque à l'ovale. Un autre gros problème est connu depuis quelques semaines, et il rebondit ces jours-ci. Le constructeur américain, qui emploie quelque 45 000 personnes en Europe entend bien stopper la fabrication de sa compacte Focus dans son usine de Saarlouis en Allemagne dès 2025, sans qu’aucun modèle ne vienne le remplacer dans cette unité de production qui emploie près de 4 600 personnes. Pour le moment, rien n’est finalisé, explique-t-on auprès de la marque à l’ovale, mais du côté des syndicats, et notamment du tout-puissant IG Metal, mais aussi du côté de la région de la Sarre, l’inquiétude grandit, et l’on craint que, dans deux ans, 3 200 emplois ne soient menacés.
Pour Byd, Saarlouis, c'est non merci
Une inquiétude qui est encore plus forte ces jours-ci, puisque, jusqu’à la semaine passée, un espoir subsistait et il était chinois. Le groupe Byd, géant de la batterie, était intéressé de près par la reprise de l’usine et sa transformation en gigafactory susceptible de produire 1,2 million de batteries par an. Las. Byd a laissé entendre, en fin de semaine dernière, que le site de Saarlouis ne lui convenait pas et qu’il était plus rentable pour lui de construire une unité flambant neuve, plutôt que de reconditionner l’usine Ford.
De quoi l’avenir de l’unité de production de la Sarre sera-t-il fait ? Nul ne le sait, et l’ombre de l’usine de boîtes de vitesses de Blanquefort en Gironde flotte sur Saarlouis. Rappelons que le site de la Gironde a été fermé en 2019, faute de repreneur solide. Le même scénario pourrait donc se reproduire en Allemagne. Mais si les syndicats locaux sont furieux, c’est parce que le constructeur a semble-t-il fait des choix d’avenir ou il ne figure pas, mais ou d'autres ont leur place.
L'ombre de Blanquefort ?
Car si Saarlouis est amené à fermer ses portes, ce que la direction de Ford ne confirme pas pour le moment, puisque elle cherche toujours un repreneur. La fin du thermique est actée en Europe chez Ford et la Focus est condamnée, comme la petite Fiesta l’est également. À la place, la marque a promis 100 % de voitures électriques pour les particuliers d’ici 2030, ainsi que 65 % d’utilitaires pour les pros. Pour y parvenir, le siège de Dearborn a prévu un grand chambardement européen, avec des sites gagnants, et d’autres perdants, dont, vraisemblablement, Saarlouis.
Parmi les gagnants, figure un autre site allemand, celui de Cologne, ou Ford investit 2 milliards d’euros pour le reconditionner et le transformer en usine a produire des autos électriques. En parallèle, la marque a également misé sur son unité de production espagnole d’Almussafes, près de Valence. Ce qui, évidemment n’est pas du goût des syndicats allemands qui n’hésitent pas à évoquer un dumping social et des choix liés aux bas salaires espagnols comparés à ceux pratiqués en Allemagne. L'ovale bleue a également signé un accord avec VW pour l'utilisation de sa plateforme électrique MEB, dont le premier modèle, un SUV compact, sera présenté dans les prochaines semaines.
Toujours est-il que si Saarlouis est amené dans deux ans à fermer ses portes, ce sera la fin d’une aventure de plus de 50 ans, puisque l’usine germanique a démarré en 1970. 15 millions d’autos y ont été produites qui à elles seules, retracent une part de l’histoire de la marque, puisque de la Capri à la Focus, en passant par l’Escort ou le Kuga y ont été produites. Une histoire qui pourrait bien s’arrêter là.
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