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Ford Europe et son plan social : un signal d'alarme pour toute l'industrie locale

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

Le plan social annoncé par la marque américaine à travers l'Europe est un mauvais présage pour l'industrie automobile du vieux continent en général qui, selon toutes les prévisions, devrait perdre nombre d'emplois.

Ford Europe et son plan social : un signal d'alarme pour toute l'industrie locale

La nouvelle est tombée vendredi. Ford Europe a annoncé qu’il allait supprimer 1 100 postes dans son usine de Valence en Espagne. La raison ? l’arrêt de production des monospaces S-Max et Galaxy dès cette année. Une charrette qui vient s’ajouter aux 3 800 suppressions d’emplois prévus en Allemagne par le constructeur américain. L’addition est salée, mais elle pourrait encore s’allonger, puisque le sort de l'usine de Saarlouis qui fabrique la Focus jusqu’en 2024, toujours en Allemagne, est lui aussi en suspens. Et avec lui, près de 4 000 postes.

La fée électricité se transforme en sorcière sociale

La raison, et la cause, invoquée par le constructeur américain tiennent en un mot : électricité. Celle qui n’est plus une fée, mais devient une sorcière. Selon Jim Farley, le boss de Ford, ces autos réclament 40% d’effectifs en moins dans les usines, Ford restructure donc à tour de bras, et réduit sa voilure en Europe de 16 modèles aujourd’hui, à 7 demain. On peut se dire que les autos zéro émissions ont bon dos, et cachent un retrait partiel de l’Américain du vieux continent ou il perd des parts de marché depuis des années.

Mais on peut aussi se dire, et craindre, que le coup de semonce envoyé par la marque à l’ovale, n’est que le début du chaos dans lequel l’industrie auto européenne va être plongée dans les prochaines années, avec les dégâts sociaux qu’il va engendrer, et qui ne va pas toucher que les constructeurs mais, cercle après cercle, les équipementiers et tous les sous-traitants.

La Renault Megane électrique est 7 000 euros plus chers que sa cousine thermique.
La Renault Megane électrique est 7 000 euros plus chers que sa cousine thermique.

On estime que le passage au tout électrique va entraîner la perte de 500 000 emplois en Europe d’ici 2035, selon une étude de PwC. C’est beaucoup. D’autant que 3,5 millions de salariés travaillent directement dans la production automobile. Mais cette estimation est plutôt optimiste. D’une part, on est très loin de celles de Jim Farley, qui table sur une baisse de 40%, alors que selon l’enquête de PricecaterhouseCoopers, elle ne serait que de 14,28%. Sans rentrer dans la guerre des chiffres façon syndicats-police, il faut tout de même constater que l’estimation du géant de l’audit ne tient compte que de la production moyenne actuelle, soit grosso modo, entre 13 et 14 millions d’unités fabriquées chaque année.

Mais que se passera-t-il dans 10 ans ? Tous les constructeurs savent qu’ils vont réduire la voilure et fabriquer moins de voitures. Parce que les électriques ont un prix de revient plus élevé et donc un prix de vente plus élevé aussi. Parce que pour conserver leurs marges ils augmentent également le prix de leurs thermiques depuis deux ans déjà, selon la bonne vieille règle du « pricing power » appliqué à la lettre par l’intégralité des constructeurs, de Dacia à Ferrari. Parce que, in fine, lorsque les voitures sont plus chères, les clients se font plus rares.

Un "pricing power" qui peut assécher le marché

Alors, forcément, puisque les ventes en aval sont à la baisse, la production l'est aussi. Résultat de ce cocktail infernal : les réductions d’effectifs vont obligatoirement augmenter et bien au-delà de ceux prévus aujourd’hui. Bien sûr, les constructeurs vont temporiser et délocaliser leurs suppressions d’emploi. Les groupes allemands BMW, Mercedes et Volkswagen, comme les Français de Stellantis et Renault vont d’abord s’attaquer à leurs unités de production des pays de l’Est et ceux du Sud, histoire de temporiser sur leur sol natal.

La Mustang Mach-e est aujourd'hui la seule Ford 100% électrique. Dans quelques années, 6 autres modèles la rejoindront, toutes plus chères que leur équivalent thermique.
La Mustang Mach-e est aujourd'hui la seule Ford 100% électrique. Dans quelques années, 6 autres modèles la rejoindront, toutes plus chères que leur équivalent thermique.

Le coût du trravail est plus élevé dans l’hexagone et Outre-Rhin qu'en Espagne ou en Tchéquie ? Pas grave, puisque, dans un premier temps, le prix de vente plus élevé des autos pourra absorber ces coûts. Mais dans un second temps, ces cures d’amaigrissement risquent de ne plus suffire. Pour cause de concurrence chinoise, et pour cause de voitures occidentales trop chères, les effectifs nationaux seront impactés eux aussi.

Du coup, le plan annoncé par Ford est un premier signal, un avertissement lancé au futur de l’automobile européenne. À moins d’une volte-face de Bruxelles à laquelle pousse l’Allemagne et l’Italie qui disent non à la bascule totale vers le tout électrique en 2035. À moins aussi, que l’ensemble des constructeurs se souvienne de la phrase du fondateur de la marque à l’ovale, justement, qui expliquait qu’il « payait bien ses ouvriers pour qu’ils puissent acheter ses voitures ». mais aujourd’hui, pour que les ouvriers de la filière, même en France et en Allemagne puissent acheter les autos qu’ils fabriquent, ils devraient être rémunérés comme des cadres. Faute de quoi il n’y aura bientôt plus d’ouvriers.

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