Ferrari : la bande-annonce du film maudit est disponible
En préparation depuis huit ans, et après de longues galères, le film de Michael Mann sort enfin sur les écrans à la fin de l'année. Mais pas dans les salles obscures, uniquement sur Amazon Prime. Les premiers avis sur ce biopic qui n'en est pas un sont mitigés.
Tous les grands réalisateurs ont leur part d’ombre, leur film infaisable qu’ils traînent pendant des années, sans parvenir à les tourner, ou, lorsqu’ils y parviennent, enchaînent les catastrophes. C’est le cas de Other side of the wind d’Orson Welles, resté inachevé, ou celui d’Apocalypse Now de Coppola, qui, entre typhons et crise cardiaque de sa star Martin Sheen, était fort mal parti. Mais ces déconvenues ont accouché d'un grand film.
Ferrari : la bande-annonce du film maudit est disponible
Est-ce le cas de Ferrari de Michael Mann ? Difficile de le savoir à la seule vision de la bande-annonce parue trois mois avant la sortie du film. Une BA qui n’est, après tout, que son spot publicitaire. Un excellent monteur est capable de faire passer un pur navet pour un chef-d’œuvre et vice versa dans ce condensé de moins de deux minutes d’un long métrage de deux heures. Inutile de s’appesantir sur celle-ci, donc.
Pénélope Cruz et Adam Driver au générique
Mais d’autres indices penchent en faveur d’un bon film. Son comédien principal, d’abord, puisque c’est Adam Driver qui incarne le Commendatore. Devenu star grâce à la franchise Star Wars ou il incarne Kylo Ren, il est, au-delà des tournages sur fond vert, un vrai et excellent comédien comme il l’a prouvé dans Paterson de Jim Jarmusch. À ses côtés, c’est Pénélope Cruz qui incarne la femme d’Enzo Ferrari. D’Almodovar à Woody Allen elle a séduit, et convaincu, les plus grands réalisateurs et le public.
Mais un autre argument, et non des moindres, plaide en faveur de la qualité de ce film, c’est son réalisateur. Michael Mann n’est pas le premier venu. Sa manière de projeter sur l’écran son interprétation de la violence, comme dans Heat avec Al Pacino, et Robert de Niro, mais aussi sa façon de filmer la nature et les rapports humains, comme dans Le dernier des Mohicans avec Daniel Day Lewis, ont fait de lui l’un des derniers grands de Hollywood. Un cinéaste à part dans le flot de réalisateurs de films de commande des grands studios.
Un échec et 8 ans de galère
Seulement voilà, Mann a essuyé un bide avec son dernier film The hacker, sorti en 2015. Depuis ? Depuis, il cherche à monter Ferrari. Huit ans pour parvenir à convaincre les producteurs. Huit ans à regarder défiler les stars susceptibles d’incarner le boss de Maranello, du fidèle Robert de Niro à Christian Bale en passant par Hugh Jackman qui ont accepté, puis décliné, devant les difficultés du projet. Huit ans qui se sont enfin conclus cette année, tant bien que mal. Car le film au budget conséquent (90 millions de dollars) sans être du niveau d’un blockbuster, n’a pas trouvé de distributeur dans tous les pays. Et en France, il sortira directement sur Amazon prime, faisant l’impasse sur les salles obscures.
Cette injonction de coller aux us et coutumes des plateformes a peut-être nui au film. C’est en tout cas ce que lui reprochent plusieurs critiques de cinéma qui ont pu le voir à la Mostra de Venise ou il était sélectionné il y a quelques semaines. Le reproche fait au long-métrage, c’est que ce n’est pas un film de Mann, car jugé trop aseptisé, pour s'adapter à ses commanditaires.
Mais on reparlera ici de ses qualités et de ses éventuels défauts dès qu’il sera disponible en France, en prenant garde de ne pas oublier que ce Ferrari n’est pas un biopic complet du Commendatore. Il relate simplement un épisode significatif de sa vie, lorsqu’en 1957, la maison n’est pas au mieux, que le patron est en deuil de son fils Dino, et que sa femme (Pénélope Cruz) découvre sa double vie. Un épisode particulièrement significatif donc de ce que fut l’homme de Maranello, au-delà de ses fabuleuses autos.
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